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Troubles

XIV. Maux

zarin.

Paffons aux troubles de la minorité de Louis XIV. En XXVIII. lifant le journal qui contient ce qui fe paffa au parlement fous la minodepuis 1648 jufqu'en 1652, on y voit que le parlement pofa rité de Louis toujours pour maxime, qu'il n'eft jamais permis à des fujets caufés par les de prendre les armes contre leur prince; que les armes des cardinaux de magiftrats font les prieres, les fupplications, les remontran- Retz & Maces; que quand on prit les armes dans la premiere guerre de Paris, uniquement pour s'empêcher de mourir de faim, toutes les compagnies fouveraines & la ville crurent que dans l'extrême néceffité où on les réduifoit, la défense étoit de droit naturel; que dans la feconde guerre, on ne balança point à enregistrer la déclaration contre M. le prince, dès qu'il eut levé des troupes contre le roi: que jamais les magiftrats ne voulurent traiter avec l'Espagne ni avec aucune puiffances étrangere, & qu'ils fe virent à la veille d'être maffacrés pour n'avoir pas voulu s'unir avec les princes révoltés: qu'ils ne donnerent à M. le duc d'Orléans la qualité de lieutenant du royaume, que lorsqu'il n'y eut plus de liberté dans le parlement; encore l'arrêt ne paffa-t-il que de quelques voix qui d'abord avoient été contraires.

Si l'on veut au refte, que le parlement dans cette commotion générale des efprits, ait fait des fautes, nous demandons, qui eft-ce qui n'en a pas fait ? Les deux grands coupables font deux gens d'Eglife, le cardinal Mazarin & le coadjuteur de Paris. Tous deux également ambitieux, devinrent les premiers acteurs des fcènes tragiques & des troubles dont le royaume fut agité. Confommés dans l'art des intrigues, que ne firent-ils pas, l'un pour se maintenir dans la place de premier miniftre; l'autre, pour y arriver? Quand leurs intérêts le demandoient, fans ceffer de fe hair, ils s'unif foient. Après quoi ils fe divifoient de nouveau, & fe faifoient la guerre ouvertement. D'abord le coadjuteur fe met à la tête de la fronde, pour chaffer le cardinal. Puis il s'unit avec le cardinal, pour faire arrêter prifonnier M. le prince. Les intérêts changent; il s'unit avec M. le prince pour le tirer de prifon & perdre le cardinal. M. le prince délivré, il s'unit de nouveau avec le cardinal contre M. le prince, jusqu'à s'ex

pofer à fe faire égorger dans le palais. Et. enfin devenu cardinal, il lie de nouvelles intrigues, mais fans fuccès, pour devenir premier miniftre, & empêcher le retour du cardinal Mazarin. A ces traits reconnoît-on un fucceffeur des apôtres ?

Le cardinal Mazarin joignoit à une grande ambition, une avarice encore plus grande. Il avoit foulevé le royaume contre lui par des exactions de toute efpecc. Pour fe rendre néceffaire & avoir un prétexte de piller les provinces, il avoit refufé la paix avec l'Espagne à des conditions très-avantageufes. Il avoit ordonné pour fon profit, des pirateries fi criantes, que les puiffances maritimes ne voulurent plus avoir de commerce avec la France. Par droit de repréfailles, elles fe faifirent de nos vaiffeaux; & plus de vingt mille familles en furent ruinées. Pour s'affurer une retraite en Italie, le cardinal Mazarin avoit détourné trente-fix millions; ce que l'on juftifioit par les livres de Contarini fon banquier. Pour se venger du parlement qui s'oppofoit à fes vexations, il avoit mis Paris dans la cruelle néceffité, ou d'affommer le parlement, s'il ne vouloit pas aller à Montargis, ou de mourir de faim. Pour fe venger de M. le prince, qui ne vouloit pas confentir au mariage du duc de Mercœur avec une niece du cardinal, il avoit fait emprifonner ce prince avec le prince de Conti & le duc de Longueville. Quelle douleur pour l'Eglife! Quelle humiliation pour le clergé ! Quel fcandale pour tous les peuples, de voir un cardinal de la fainte églife Romaine porter le flambeau de la difcorde dans la famille royale & dans tout un royaume,pour fatisfaire les paffions dont il étoit rongé ! Le cardinal Mazarin fait qu'il eft haï de toute la France, & que fa préfence tiendra les efprits toujours en émotion; n'importe, il faut que fon ambition foit fatisfaite. S'il feint de vouloir céder & de fortir du royaume pour y rétablir la paix, bien-tôt il y rentre, nonobftant une déclaration du roi qui le lui défend à peine d'être traité comme un criminel de lêze-majefté. M. le prince étoit alors en armes, parce qu'il prétendoit que l'éloignement du cardinal n'étoit pas férieux. La rentrée du cardinal devoit donc augmenter

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le nombre des partifans de M. le prince, & allumer la guerre civile de plus en plus. Mais le cardinal étoit impatient & vouloit revenir, parce que la reine commençoit à fentir qu'elle ne pouvoit fe paffer de lui. Et ainfi pour favorifer la rentrée de cet homme, les frontieres font dégarnies, le royaume est ouvert. Les Espagnols reprennent les places que M. le prince leur avoit enlevées. M. le prince irrité, traite avec les Ef pagnols. Les peuples fouffrent dans le même tems toutes les horreurs d'une guerre civile & d'une guerre étrangere. Et la cause de tous ces maux, c'est le cardinal Mazarin.

X V I.

XXIX: Religion. Fauffe fpiri

res.

L'extrême groffeur de ce volume nous force de nous refferrer. Bornons-nous donc à donner une li fte de divers autres fcandales du trifte fiecle dont nous parlons. Quels ravages tualité. Trifte n'ont pas caufés les livres de Spinofa & ceux de Bayle? L'a- état des égli théisme de l'un & le pyrrhonifme de l'autre, ont contribué à fes étrangela rapidité des progrès de l'irréligion & de l'incrédulité. Infenfiblement le déifme eft devenu la religion des beaux efprits. C'est le nom que fe font donné ces efprits libertins. Auparavant on fe cachoit pour embraffer cette impiété : mais depuis, combien de catholiques n'en ont plus rougi? On a donc vu dans le même tems l'oeuvre des Sadducéens & celle des Pharifiens caufer dans l'Eglife le plus affreux désastre. D'un autre côté, la fauffe fpiritualité a gagné par-tout & a excité une tempête, qui auroit fait périr une infinité de chrétiens, fi Dieu, dans fa miféricorde, n'eût arrêté le progrès d'un fi grand mal. Le quiétifme avoit de puiffans défenfeurs, & en a encore aujourd'hui. Qu'on life la relation de M. Phelippeaux, & l'on y verra tous les efforts que fit la féduction pour prévaloir. M. Nicole nous donne une idée juste du quiétifme en difant, que c'eft « une adreffe du diable, qui Nouv. Lett » défirant abolir tous les myfteres & tous les attributs de lettre 37. Dieu, par lefquels il a opéré le falut des hommes, & n'y » pouvant réuffir, a trouvé le fecret de les anéantir au moins » dans leur mémoire, en faifant prendre à de faux fpirituels

Tome XIII.

Qqq

» une méthode qui confifte à n'y point penfer. » Quel per-
fonnage firent encore les jéfuites dans cette grande affaire?
Quels mouvemens ne fe donnerent-ils point à Rome
faire triompher la caufe de M. de Fénelon leur ami?

, pour

On les voit également en Angleterre & en Hollande, influer dans tous les maux dont ces églifes font affligées. Ils ne travaillent qu'à y dominer, & qu'à y caufer des dégoûts & des traverses à tous les miniftres fideles. Ils y fement le trouble & la difcorde; ils y foufflent le feu du fchifme, & réduifent ces églises à l'état le plus déplorable. Ils infectent celles d'Efpagne & de Portugal, en y répandant fans contradiction les livres empoisonnés de leurs cafuiftes les plus corrompus. Efcobar en étoit alors comme l'oracle; & la doctrine de la probabilité y caufoit des ravages effroyables. Ils gouver noient en paix la confcience de la plupart des princes d'Allemagne, & faifoient ufage de leur crédit pour se rendre maîtres des univerfités, pour renverfer les établissemens qui leur déplaifoient, pour perfécuter ceux qui s'oppofoient à leurs entreprises. Ils ne trouverent de réfiftance, que quand leur avarice les porta à des excès que le confeil impérial fut obligé de réprimer. Le lecteur fe rappelle cette longue guerre que les jéfuites firent aux ordres religieux d'Allemagne, pour enlever leurs maifons & leurs biens. Quels fcandales ne donnerent-ils pas dans les Indes Orientales & Occidentales! Contentons-nous ici de renvoyer à l'article où nous avons tâché de donner une idée de leur morale pratique & de leur conduite dans toutes les parties du monde. Ajoutons à tous ces maux la plaie faite à la fincérité, plaie qui s'eft fi fort étendue depuis. Dans l'affaire du formulaire, une infinité de perfonnes ont fans aucun fcrupule, affuré avec ferment un fait qu'ils ne croyoient pas. On s'eft par-là accoutumé à fouler aux pieds la vérité & la fincérité dans les affaires de la religion: ce défaut de fincérité a même paffé dans les fociétés féparées de l'Eglife, en Angleterre, en Hollande & ailleurs. Par exemple, tous les miniftres des proteftans réformés fignent le fynode de Dordrecth, fans croire ce qu'il a établi. Les Juifs en Portugal font profeffion du chriftianisme

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fans le croire vrai. Mais il eft remarquable que c'eft dans le fein même de l'églife catholique, que l'on a commencé à renoncer à la bonne-foi, & à ne faire aucun cas de la fincérité. N'oublions pas dans cette longue énumération de maux, les moyens violens qu'on employa en France par le confeil des jéfuites, contre les calviniftes. On ne pouvoit rien faire de plus oppofé à l'efprit de l'Eglife. Enfin le couronnement de tous les maux, c'eft le peu d'ufage que firent les chrétiens de la vive & abondante lumiere que MM. de Port-Royal & d'autres favans théologiens répandirent dans l'Eglife, & de cette multitude d'excellens livres dont ils l'enrichirent. Une fi précieuse femence produira fans doute fon fruit en fon tems. X VI I.

vérité.

Quelque grands qu'aient été les malheurs du dix-feptieme xxx. fiecle, quelque funeftes que foient les caracteres qui le di- Biens de l'Eglife. Mérite ftinguent de tous les précédens, nous y voyons néanmoins extraordinaides objets très-confolans & des biens d'un prix inestimable. re des défen Nous nous contenterons d'en faire une fimple énumération. feurs de la Quel zele dans l'archevêque d'Armach, dans Lanuza dans Lémos! Quelle lumiere dans leurs écrits contre la do&trine de Molina! Ces illuftres défenfeurs de la grace de Jefus-Chrift ne diffimulerent point le péril où étoit la foi, & les malheurs qu'entraîneroit la tolérance des nouveautés des jéfuites. Ils firent fentir la néceffité d'une décifion claire & précife, & mirent dans le plus beau jour la caufe de l'Eglife. Après ces premiers adverfaires des erreurs de Molina, Dieu s'eft réfervé parmi les dominicains, des théologiens qui au milieu des obfcurciffemens que caufoit la tolérance des papes, connoiffoient la vérité dans toute fon étendue, & la défendoient avec beaucoup de zele & de lumiere. Comme le nombre de ces hommes fideles diminuoit de jour en jour, Dieu en fufcita d'autres qui foutinrent la vérité d'une maniere digne d'elle. Janfenius évêque d'Ypres & M. de S. Cyran entrerent dans les travaux des favans dominicains, qui avoient paru avec tant d'éclat dans les congrégations de Auxiliis. La folidité de leurs ouvrages & la fainteté de leur vie leur atti

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