Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Hauteur de la Figure un pouce huit lignes.
Hauteur du fimulacre dix lignes.

No. VI. & VII.

Je n'ai point voulu féparer ce monument de celui qui le précède, leur difpofition générale étant la même. Cet Harpocrate, ou plutôt ce Dieu du filence, & non un de fes Prêtres, regarde avec myftère une petite Figure accroupie placée devant lui à l'extrémité de la plinte, avec laquelle ils ont été fondus l'un & l'autre. Cette Figure, prefque détruite, a malheureusement autant fouffert que celle de l'Harpocrate a été bien confervée. Malgré le délabrement dans lequel elle paroît aujourd'hui, on voit clairement qu'elle préfente une Figure dans l'acte d'adoration; mais qui n'offroit moins un fimulacre comme la précédente.

pas du

Je ne dois point oublier de dire que la coëffure de l'Harpocrate, eft furmontée du fruit Colocafia, & qu'elle eft ornée dans fon milieu fur le front, du bout de la plume ordinaire.

Les deux groupes qui rempliffent cette Planche n'ont aucun rapport entr'eux; leur difpofition générale prouve seulement que cet ufage étoit commun en Égypte.

J'ai dit ce que je penfois fur l'adoration d'Horus, & fi je ne craignois d'être accufé de prévention, en regardant l'Égypte comme la fource féconde dans laquelle les autres nations ont tout puifé, je dirois, & ce me femble, avec une forte de vraisemblance, que ce monument nous préfente le principe des mystères fi fameux chez les Grecs. Il eft conftant du moins que le fecret qui ne m'avoit paru que généralement énoncé par les Égyptiens, eft ici spécifié & porté fur un objet particulier. On pourroit même le regarder comme recommandé plus particulièrement encore dans le Nome où ce monument a été travaillé.

Tome IV.

C

Je ne puis terminer cette explication, fans représenter au Lecteur que l'allégorie des Égyptiens étant toujours fimple & très-générale, les deux groupes de cette Planche offrent une action d'autant plus recommandable, qu'elle eft plus rare à rencontrer.

Hauteur de la Figure fix pouces quatre lignes.

Hauteur de la plinte huit lignes: longueur trois pouces dix lignes largeur un pouce fept lignes.

No. VIII. & IX.

Ces deux numeros préfentent fous autant d'afpects, le fragment de la petite Figure. Hauteur neuf lignes: largeur fept lignes.

PLANCHE VII

No. I. II. & III.

ne peuvent

Nos connoiffances fur le culte Égyptien être plus bornées, & quand nous fortons d'un certain courant, (pour me fervir d'une expreffion commune), à l'égard des monumens de cette nation, nous fommes arrêtés, fans même avoir la reffource des conjectures. Il fembleroit que Plutarque, dans un Traité qui n'avoit point d'autre objet, auroit dû s'étendre & nous éclairer ; mais que nous a-t-il dit? & par conféquent que fçavoitil fur ce fujet? Les autres Auteurs font plus pardonnables; ils ont cité, ou n'ont parlé qu'à l'occafion des événemens qu'ils avoient à traiter. La Figure de ce n°. qui eft très-bien confervée, eft une preuve de ce que je viens de dire: elle repréfente un jeune homme que je crois un Prêtre, à caufe de la plante Perféa, & qui pouvoit réunir plufieurs cultes, puifqu'en effet il a le floccon de cheveux fur l'oreille droite, & qu'il porte le fouet & le bâton recourbé d'Ofiris, appuyés fur chacune de fes épaules, tandis qu'il eft appuyé fur le fceptre d'Horus fur

monté de la hupe. Cette réunion qui n'eft pas ordinaire, eft moins étrange cependant que la fingularité d'une feconde tête abfolument pareille, & placée dans le côté oppofé; elle n'a aucun attribut que la plante Perféa; d'ailleurs le difque foutenu par deux cornes, ou plutôt par le croiffant, eft commun à l'une & à l'autre. Si les Egyptiens ont voulu représenter un mafque, ou fuppofer une réalité dépendante de quelque allégorie, c'eft une particularité qui nous eft abfolument inconnue ; mais il réfultera toujours de la vûe de ce monument, que cette nation a été la première qui ait traité les doubles têtes que nous trouvons chez les autres peuples. Je m'étois perfuadé, & cette opinion étoit celle de tous les Antiquaires qui m'ont précédé, que les Étrufques étoient les inventeurs de cette allégorie. Ce monument ancien chez les Égyptiens, comme on le voit par cette Figure, prouve que le Janus & les têtes adoffées des Etrufques & des Grecs, ne font que les copies ou les applications d'une idée plus anciennement établie ; par conféquent tout ce que j'ai dit fur les monumens de Vol. II. pag. 149. cette espèce, tombe de foi-même, & prouve combien un exemple autentique fert à rectifier des idées de cabinet. Je comparerois en ce cas un Antiquaire à un Voyageur qui arrive au bas d'une montagne inconnue; il n'a monté que quelques pas, il raconte ce qu'il a vû; & conftamment on doit lui être obligé de fa découverte, & du récit qu'il en fait. Un autre Voyageur plus heureux parvient dans la fuite prefque au fommet de cette montagne, & la décrit d'une manière plus jufte & plus fidelle. Ainsi dans l'Antiquité, comme dans tous les Arts, les progrès font lents & fucceffifs.

La fingularité de ce monument que je n'ai vû dans aucun Recueil, m'engage à rapporter une autre explication, ou plutôt une autre conjecture, qui peut avoir plus de probabilité.

[ocr errors]

Malgré la plante Perfea qui ne me paroît point ordinairement donnée aux Divinités, on pourroit regarder cette Figure non comme la représentation d'un Prêtre, mais d'Horus lui-même, qui dans le fyftême religieux des Égyptiens, étoit ainfi qu'Harpocrate, la même chofe que le Soleil. On peut lire à ce fujet le paffage de Satur. Lib.I.c.21. Macrobe que j'ai rapporté dans le premier Volume page 30. En conféquence, on pourroit croire que les deux têtes repréfentent le Soleil à fon lever & à fon coucher; ou plutôt le Soleil d'été & le Soleil d'hiver ; peut-être encore le Soleil qui vient de finir fa carrière, & celui qui en commence une nouvelle, foit pour l'expreffion de chaque jour, ou celle du renouvellement de l'année. Le n°. I. eft le Soleil préfent, fi j'ofe ainfi parler; le n°. II. le Soleil paffé: il n'a plus d'attribut, parce qu'il n'a plus de puiffance.

Hauteur quatre pouces.

N. IV. & V.

Ce Prêtre nud, à la réserve du chaperon & du caleçon, porte un mafque de Lion, animal que l'on peut regarder comme un fymbole du Nil; ce mafque eft furmonté d'une parure qu'on a vûe plufieurs fois, & fur lequel eft placé le petit bout de plume que l'Ifis précédente m'a fait connoître. Ce monument préfente quelques autres fingularités qui méritent plus d'attention par rapport aux ufages Egyptiens. Ce Prêtre tient dans fa main droite une plume d'Autruche dans fa grandeur naturelle, & qu'il portoit fans doute dans la proceffion. Je n'avois point encore remarqué un corps de cette ef pèce porté à la main, & ce monument fait voir clairement la manière dont cette plume étoit enclavée & attachée à la poignée qui fervoit à la porter ; ce qui peut donner une idée plus jufte de l'arrangement de ces petites fuperftitions portées à la main; les brasselets fort

élevés, c'est-à-dire, placés au plus haut du bras, font d'autant plus finguliers, qu'ils portent chacun une tête de coq, du moins une amulette abfolument pareille de trait, de forme & de proportion à celle que j'ai rapportée Planche VIII. n°. plus développée dans le troifieme Volume.

On trouve l'emploi de ces petits ufages avec grand plaifir, & l'on est flatté de voir la confirmation de fes conjectures.

Cette Figure de la plus admirable conservation, a toujours été pofée fur deux plintes, dont la première fondue avec elle, ne tient à la feconde que par une broche qui la traverfe intérieurement.

Hauteur de la Figure neuf pouces fept lignes : hauteur de la première plinte fept lignes: hauteur de la feconde plinte quatorze lignes: plus grande longueur de la plinte cinq pouces cinq lignes.

N. VI.

Le monde eft fujet à tant de révolutions que les monumens qui femblent les plus durables, fe détruisent au point de ne laiffer aucune trace. Le papier, tout léger qu'il eft, l'emporte conftamment en durée fur le marbre & fur le bronze. Je rapporte donc fous ce n°. les hiéroglyphes dont les quatre côtés de la première plinte de cette Statue font ornés, fans trop fçavoir par quelle partie on doit commencer à les lire; je crois cependant que ce doit être par la face du devant, en commençant de la droite à la gauche; mais j'avertis que la gravure rend ici les caractères ainfi que la Figure à la contreépreuve, c'est-à-dire, du côté oppofé à l'aspect du monument. On doit appliquer la même remarque nonfeulement à toutes les Figures qui n'ont pas le floccon de cheveux fur l'oreille droite, mais aux autres monumens dont les mains gauches feront occupées préférablement aux droites.

IV.

« AnteriorContinuar »