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corps peuvent leur laiffer ou leur communiquer, & cette réflexion m'a conduit à celle que je viens d'expofer. Le défordre de ce monument me fourniffoit fi peu d'autre matière, que je n'ai pû démêler la forte d'inftrument que cette Bacchante tient dans fes mains. Hauteur dix-huit pouces : largeur huit pouces trois lignes.

No. II. & III.

J'aime affez à rencontrer des objets dont il eft difficile de découvrir l'ancien usage: fi le Lecteur le retrouve, il en est flatté; s'il l'ignore, il n'en eft point affligé : il a vû que ceux qui n'ont d'autre occupation que les recherches, ne font pas plus éclairés.

Ce Marbre de forme circulaire, eft travaillé des deux côtés; cette circonftance feule, feroit d'autant plus difficile à comprendre, que fa plus grande épaiffeur n'eft pas de quatre pouces, & que d'un côté cette efpèce de Médaillon préfente une moulure qui fert d'enquadrement à deux Buftes affez mutilés; ils repréfentent, à ce que je crois, deux Masques, l'un d'une femme voilée, & l'autre d'un homme âgé & barbu: ces Masques ont la bouche ouverte, & ne préfentent aucune difformité. Le revers de cette partie, eft rempli par deux têtes d'un cifeau fort fupérieur, & dont le travail eft flou & peu faillant. Il paroît qu'on a voulu représenter deux Philofophes, ou plutôt un Elève ou un Sectateur d'un grand Maître à quel ufage un tel morceau peut-il avoir été destiné? Quelle place pouvoient occuper deux fujets qui paroiffent fi différens ? Enfin, quel corps d'Architecture affez peu épais, pour rendre les objets visibles de l'un & de l'autre côté ? Diamètre onze pouces deux lignes.

N°. IV. & V.

L'étude des anciennes Nations, démontre le goût

qu'elles ont eu pour la Sculpture, & l'exactitude avec laquelle elles ont perpétué, par fon moyen, leurs modes & leurs ufages: les Modernes, au contraire, fe font trop écartés de leur Coftume, & ont admis celui des tems qui les ont précédés. Il feroit cependant à défirer que le fiècle de Louis XIV, ce beau fiècle des Arts,

l'efprit & de la gloire de la France, n'eût point altéré le caractère & la nobleffe de la Sculpture, par les énormes paquets de cheveux dont les têtes humaines font affublées: la poftérité fera plus étonnée de cet ornement contre nature, que de tous les abus des autres Nations; cet exemple n'exige aucune réflexion, & ne peut engager à la recherche d'aucun motif: l'erreur de ce fiècle fe démontre au premier coup d'oeil, & ne préfente aucune excufe. Les parures & les habillemens Romains font bien différens : les anciens monumens

qui les repréfentent, n'inftruifent pas feulement par les faits plus ou moins importans qu'ils apprennent; mais par les motifs qu'ils obligent à rechercher. La petite Tête de marbre rapportée fous ce numero, eft une preuve de la différence de ces impreffions. Elle repréfente une jeune Romaine dont les oreilles font percées, pour recevoir des pendans, les fupprimer ou les charger à volonté : un pareil monument, s'il étoit unique, ne donneroit pas une preuve fuffifante de la conftance de cet ufage chez les Romains; mais le tems nous a confervé un grand nombre de pareils exemples; on a même trouvé des coëffures entières & mobiles, qu'on arrangeoit fur le même Bufte de marbre, comme fur la perfonne elle-même, felon les différentes cérémonies dans lesquelles on introduifoit & l'on admettoit ces Buftes: fans recourir à de pareilles fingularités, les Cabinets & les Recueils d'Antiquité, font remplis des difpofitions de coëffures que les femmes ont portées à Rome, & que l'on trouve variées plufieurs fois dans

le même siècle ; j'en ai fait graver quelques-unes dans les Volumes qui précèdent celui-ci, non-feulement pour leur agrément particulier, mais dans le deffein de prouver la variété des ufages, & l'exactitude avec laquelle on en confervoit le fouvenir. Cette attention répétée avec tant de fcrupule, me conduit à faire quelques réflexions fur ce même objet.

On doit en premier lieu attribuer la confervation de ces modes, à l'ufage que les Romains avoient de placer dans les veftibules de leurs maisons, connus fous le nom d'Atrium, les Buftes de tous leurs parens défunts, avec une infcription chargée de leurs noms, furnoms & qualités, & repréfentés avec leur habillement ordinaire, ou avec celui de la plus grande dignité dont ils avoient été revêtus. Il faut convenir que ces attentions contribuoient effentiellement à la reffemblance,en même tems qu'elles produifoient une agréable variété pour la décoration : fi d'un côté, la vanité avoit au moins autant de part que le fentiment, à cette conduite des Romains, la fuperftition fervoit encore de prétexte à cette même vanité. Non-feulement ils faifoient participer ces Buftes, par leurs habillemens de deuil ou de fête, à tous les évènemens heureux ou malheureux de leurs familles, mais ils les faifoient porter dans leurs funérailles. Plus le nombre de ces Buftes étoit confidérable, plus la marche étoit pompeufe, & plus la famille attiroit les regards; d'ailleurs, quelques-unes de ces cérémonies étoient liées au culte des Dieux Mânes ou Domestiques ainfi on pourroit croire qu'indépendamment du crédit de la fuperftition, le Gouvernement cherchoit à entretenir ces objets de morale, dans la vûe d'adoucir la férocité à laquelle tous les hommes font portés, & principalement ceux qui composent une Nation guerrière.

Ces réflexions, ou plutôt ce tableau général, sert

encore

encore à rendre compte de la quantité de Buftes Romains, inconnus, de mauvais travail, de toutes fortes de proportions, ainfi que de différentes matières, qui font parvenus jufqu'à nous.

pas

Le profil de ce petit Bufte rapporté au no. V, prouve qu'il ne préfente point d'autre fingularité que celle des oreilles percées. Le travail en eft affez bon, & n'est même dépourvû de fineffe; la coëffure eft d'ailleurs fimple & affez agréable, quoique commune: on distingue le ruban qui retient les cheveux fur le devant de la tête & qui les renoue fur le derrière.

Hauteur du Bufte fept pouces & demi.

PLANCHE LXXVI.

N. I.

IL EST fi fouvent mention du Palladium dans les monumens Grecs, copies ou originaux, qu'ayant à parler d'une pierre gravée qui repréfente l'enlèvement de cette Statuë: je crois devoir rapporter ce qu'Apollodore nous en a confervé.

Il dit qu'Ilus fonda une Ville qu'il nomma Ilium,& qu'il Lib. III. pria Jupiter de lui envoyer quelque Signe; que le lendemain au point du jour il apperçut le Palladium qui lui avoit été envoyé du Ciel: il étoit grand de trois coudées, & avoit les jambes difpofées de façon qu'il paroiffoit marcher; il tenoit une hafte levée dans la main droite, & dans la gauche une quenouille & un fufeau.

On fent aisément combien ce fujet doit avoir été répété, & quelles impreffions a pû faire une Figure envoyée du Ciel, & devenue la fûreté & la fauve-garde de la Ville de Troye, qu'Homère a rendu célèbre. Auffi peut admirer l'art avec lequel ce grand homme a pris foin de réunir le courage & l'adreffe, en réunissant Ulyffe & Diomède, pour se rendre maître d'une Statue Tome IV.

on

Hh

Planc. XCIV.

dont l'enlèvement devoit entraîner la prise d'une Ville attaquée par tous les Grecs.

Les Pierres gravées du Roi, préfentent une très-belle copie de ce fujet, faite d'après Diofcoride, dont l'original que nous avons eu long-tems en France, a paffé depuis quelques années dans le Cabinet du Duc de Devonshire, à Londres. La même composition, & traitée fans aucune différence par Solon, mais en relief, se Pac XLV. n. trouve rapportée dans le premier Volume de ces Antiquités. J'ai fouvent admiré le travail & les autres parties de ces deux grands Artistes Grecs; mais indépendamment de la critique que peut mériter l'uniformité de leurs compofitions, la Pierre que je préfente fous ce numero, bien inférieure dans toutes fes parties, puifqu'elle n'eft qu'une copie Romaine, eft cependant compofée plus convenablement au fujet, & s'annonce plus clairement à l'efprit. Ulysse & Diomède font représentés de bout & en action; c'est-à-dire, s'éloignant en diligence du lieu où ils fe font emparés de cette Divinité tutélaire, qu'Ulyffe tient droite fur fa main. Cette posi tion donne une idée juste de fon volume, & convient beaucoup mieux que le Diomède affis de Diofcoride & de Solon enfin cette ordonnance eft encore plus claire qu'une autre du même fujet, & l'on peut voir également dans le premier Volume de ces Antiquités.

Planc. XLVIII. n°. II.

que

Cet examen démontre que les Anciens ont varié la manière de traiter ce fujet. J'avoue que le torrent m'a long-tems emporté; & que je me fuis perfuadé qu'ils avoient toujours fuivi la même compofition, par des raifons qui me paroiffoient difficiles à comprendre : on peut dire pour l'excufe de ce préjugé, que Diofcoride & Solon étoient bien capables de perfuader que cette opinion étoit fondée; mais cet exemple doit nous apprendre que le défaut d'objets de comparaifon, peut

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