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N. IV.

Nous ignorons de quel pays les Romains tiroient les Onices noires & bleues; mais ils ont travaillé ces fortes d'Agathes plus fréquemment qu'aucune autre nation, & nous ne voyons pas que les Grecs les ayent connues, ou du moins qu'ils les ayent employées.

La gravure de celle de ce numero, repréfente un homme qui conduit une charrue tirée par deux bœufs. Cette action mériteroit peu d'être rapportée, fi elle ne retraçoit l'image d'une colonie envoyée par les Romains: la politique les engageoit à faire fouvent ces nouveaux établissemens; ainfi le fujet eft commun; cependant ce qu'on peut dire à cet égard mérite d'être rapporté.

Il s'agit donc ici de l'enceinte d'une ville tracée avec la vache & le taureau attachés au même joug, & tous deux blancs. Varron dit que les Fondateurs des villes De Ling. Lat atteloient ainfi la charrue qui fervoit à tracer la place

que

leurs murailles devoient occuper. Il ajoûte que c'étoit le Rit Etrufque, & que, felon les apparences, les Romains les ont fuivis dans cette pratique, ainfi que dans un grand nombre d'autres. Denis d'Halycarnaffe affure que l'on faifoit le fillon auffi profond qu'il étoit poffible, que la charrue étoit de cuivre; il eft d'accord

fur le poil des deux animaux. Les récits de Plutarque Vie de Romulus. & d'Ovide donnent une idée affez agréable, & plus Faft. Lib. IV. étendue de cette cérémonie; elle feroit même trèsheureuse pour la Peinture: voici l'extrait de ce qu'ils nous en ont confervé. » On creufoit une foffe ronde, dans laquelle on jettoit les prémices de toutes les cho» fes bonnes & néceffaires à manger; & chaque particulier ajoûtoit une poignée de terre qu'il avoit eu la pré» caution d'apporter du pays d'où il étoit venu. Après » cette première cérémonie, on traçoit l'enceinte avec

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un foc de cuivre, que l'on mettoit à une charrue atte» lée d'un taureau blanc, & d'une geniffe du même poil. » Dans l'endroit deftiné pour les Portes,on fufpendoit la charrue, & on la portoit fans continuer le fillon ; à mefure que l'on traçoit les fillons, on y jettoit des fleurs, & enfuite on les couvroit de terre. La cé» rémonie étoit terminée par le facrifice du taureau » & de la genisse.

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Les Médailles, ces monumens fi utiles par leur certitude, attestent une coutume fi religieufement obfervée par les Romains, lorfqu'ils jettoient les fondemens d'une ville: on peut voir les Recueils de Médailles. Ce revers eft très-commun dans les Médailles Romaines ; mais je puis affurer que le Graveur de la pierre dont il s'agit, n'étoit pas Grec.

N.V.

On fçait que l'yvoire étoit non-feulement une matière rare & précieuse aux yeux des Grecs & des Romains, mais qu'il eft d'une plus grande durée que les Lib. 8. métaux. Selon Diogène Laërce, Pythagore difoit que Ménélas revenant du fiège de Troye, confacra fon bouclier à Apollon: On n'en voit plus, ajoûte-t-il, que la face d'yvoire, le refte étant détruit.

Je rapporte cette petite Frife d'yvoire, pour faire connoître les différentes matières que les Romains ont employées dans l'ornement : ce fragment n'est pas de mauvais goût; on trouvera peut-être que le deffein en est commun; mais c'est une preuve de fa bonté. Longueur quatre pouces : largeur un pouce fix lignes. PLANCHE LXXXIX.

N. I.

LES Anciens faifoient un grand ufage des Vafes; &

malgré la variété qu'ils ont fçu leur donner, ils leur ont toujours confervé une grande fimplicité de forme, fans s'écarter de la grandeur & de l'élégance dont les Vafes font plus fufceptibles qu'aucun autre meuble d'ufage. J'ai fait graver principalement pour les Artiftes, les Vafes antiques que j'ai pû rassembler : leur trait produit néceffairement un avantage réel; on peut le regarder comme une bâfe folide, & comme une voye fùre & capable de conduire à la bonne manière de traiter l'ornement, & d'entretenir le goût fur toutes les parties de la décoration. Les exemples antiques, font en ce genre, comme en plufieurs autres, le préfervatif le plus affuré contre les écarts du goût.

Ce petit Vafe de bronze eft recommandable par fa forme & fa fimplicité. Il a été trouvé dans la même fouille, & dans le même tems que la belle Figure Etrufque rapportée plus haut, dans ce même Volume. La claffe dans laquelle je range celui-ci, prouve que je ne Planc. XXVII, le crois pas du même pays; mais dans tous les tems on no. IV. V. & VI. a raffemblé des objets dont le travail & le fiècle étoient auffi différens que la Nation qui les avoit produits; & cet affemblage s'eft fait d'autant plus aifément que ces monumens font légers & faciles à tranfporter. Le tems a refpecté un des anneaux de ce Vafe, dont le diamètre fupérieur eft de quatorze lignes.

Hauteur totale du Vafe quatre pouces fept lignes: grand diamètre deux pouces quatre lignes.

No. II. & III.

Les ouvrages en creux, que l'on voit fur les deux faces de ce morceau, ne font ni bons, ni peut-être achevés, du moins le plus grand nombre n'eft point terminé: leur défordre, joint au déréglement de la main, le peu de jufteffe de deffein, & la variété des genres, car on

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y

voit des têtes d'animaux, des ornemens & des lettres; tout cela me perfuade que ce morceau de pierre tendre, ou cette efpèce de marbre n'a pû fervir qu'à l'étude d'un jeune homme destiné à la profeffion de graver & de préparer les moules. Cet ouvrage, tel qu'il eft, fert au moins à prouver que les Romains employoient, comme je l'ai dit plufieurs fois dans ces Recueils, les marbres tendres, pour exécuter les moules dont les creux devoient être travaillés au poinçon & au cizelet.

Longueur deux pouces neuf lignes: largeur un pouce lignes: épaiffeur neuf lignes.

N. IV.

dix

J'ai raffemblé dans les Volumes précédens, quelques Anneaux, dont la forme fingulière m'a paru mériter quelque attention. Celui-ci eft en entier de cuivre : je crois que fa masse représente la plante des pieds d'un homme; du moins je ne connois point d'autre objet dans cette forme. Le travail en eft mauvais & groffier; de plus, les caractères en creux, dont les deux masses font ornées, me paroiffent très-difficiles à déchiffrer : leur mauvaise conservation fert au moins d'excufe.

N°. V.

La fingularité de cette Tête humaine, placée pour l'ornement de cette petite boucle de bronze, m'a feule engagé à la rapporter; je crois qu'elle a fervi à la parure d'un foldat, ou qu'elle a trouvé fa place dans le harnois d'un cheval: quoi qu'il en foit, l'ouvrage eft trop groffier, pour avoir été exécuté à Rome; je le regarde comme un travail fait dans quelques-unes des Colonies Romaines : la confervation en eft fi bonne, que l'on pourroit s'en fervir, fans y faire la moindre réparation.

Hauteur un pouce : largeur fix lignes & demie.

N. VI.

J'aime à rencontrer des objets, dont l'ufage particulier ne peut être difputé, ou du moins dont les circonftances qui les accompagnent, rendent l'explication claire & fenfible; tel eft ce Dauphin de bronze, dont la forme eft très-convenable pour un marteau de porte: les fragmens que l'on voit aux deux extrémités atteftent cet ufage.

Le travail & le trait de ce petit meuble de service, font très-bons, ainsi que fa confervation.

Longueur quatre pouces deux lignes : plus grande épaisseur un pouce.

PLANCHE XC.

No. I. & II.

ON DOIT mettre dans le rang des Amulettes, les Bulles de l'efpèce de celle que préfente ce numero, & dont la matière étoit de métal: leur forme ovale & pointue à une de ses extrémités, étoit assez agréable ; le deffus tenoit d'un côté au fonds par un mouvement de charnière; la pointe étoit arrêtée, & ne s'ouvroit qu'à volonté. Le n°. II. rend toutes ces circonftances fenfibles: cette espèce de boëte, dont le deffus ou le couvercle étoit orné de toutes les Figures gravées ou de relief dont on vouloit l'embellir, renfermoit un objet de fuperftition, & mettoit en état de la porter commodément fur la perfonne. La Bulle attachée à une gance paffée à l'entour du col, étoit portée comme les Bulles d'or dont on paroit les enfans nobles. Les Romains paroiffent avoir inventé cette forme de Bulle du moins on n'en trouve pas d'exemples dans les monumens Grecs.

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