qu'en effet elle differe, à plusieurs égards, de celle que les Romains ont portée pendant plufieurs fiècles, & que tous les monumens préfentent fans altération.

L'efpèce de quartier à jour qui embrasse exactement le talon, & l'anneau dans lequel le pouce eft paffé, ne font point ordinaires; il eft vrai qu'ils fervoient d'autant plus à tenir le pied ferme, qu'ils étoient attachés l'un & l'autre fur la femelle. Les fix laçures également attachées à cette femelle par une de leurs extrémités, paffoient entre chaque doigt. On pourroit croire que cette difpofition étoit incommode, mais l'habitude lève toutes les difficultés: ces laçures fe réuniffoient fur le cou du pied à une courroye qui partoit du quartier; & cette réunion, ainsi que la ligature, étoit si bien cachée, qu'il faut convenir qu'on apperçoit difficilement l'attache ou l'arrêt; enfin, la femelle n°. VI. & vûe par le deffous, étoit exactement environnée d'une fort groffe couture, ou peut-être d'un assemblage de clous; l'un ou l'autre avoit pour objet d'empê cher le pied de gliffer: enfin, les dix têtes de clous que l'on voit répandus dans les deux milieux de la femelle, font les fingularités que cette chauffure m'a préfentées, & les raifons qui m'ont engagé à la rapporter.

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Il fera toujours étonnant que les Romains répandus dans toutes les parties du monde, & les Légions féjournant auffi long-tems dans des pays éloignés de leur patrie, ayent confervé leurs ufages: malgré leur conftance à cet égard, il eft impoffible que leurs modes n'ayent éprouvé quelque changement; & je fuis perfuadé que le quartier, & les autres moyens de folidité ajoutés à cette chauffure, ont été empruntés du féjour des Légions dans les pays froids où les glaces & Phumidité exigent plus de tenue pour le pied.

Longueur quatre pouces dix lignes: plus grande largeur

deux pouces quatre lignes: hauteur deux pouces dix lignes.

J'AVOUE mon ignorance fur l'ufage des objets dont cette Planche eft remplie; leur antiquité me paroît conftante: ils ont fervi aux Romains; je ne puis rien affurer de plus; mais comme il faut un peu parler de ce qu'on rapporte ; j'ajouterai des vraisemblances aux defcriptions.

Cette Tige ou cette Queue de bronze est terminée en forme d'anneau capable de recevoir le doigt; l'Aigle Romaine eft gravée en creux & de bon goût au no. III. fur la maffe de cet anneau; ces difpofitions ne peuvent avoir été faites fans objet ; il faut croire qu'on pourroit en fçavoir davantage fi l'autre extrémité de la branche n'étoit point caffée: la gravure de l'Aigle, la forme & la proportion de la branche font des faits. Je les rapporte, & je défire que ces foibles indications. mettent le Lecteur en état de découvrir le véritable ufage de ce monument.

Les mefures rapportées au bas de la gravure de l'Aigle, donnent celles de la bâfe de ce monument. Longueur cinq pouces dix lignes.

N°. IV. & V.

Ce morceau de bronze, paroît au premier coup d'œil, le fragment d'un Clou dont la tête quarrée a réfifté aux injures du tems; mais la bâfe de ce quarré préfente une gravure en creux très-prononcée, & fur laquelle on voit une porte au milieu d'une partie de muraille très-folide & telle qu'il étoit néceffaire pour porter trois tours crénelées. Le premier coup d'œil conduit encore à regarder cette compofition comme

dépendante du blafon & de ce que nous appellons des Armes, & par conféquent comme un ouvrage moderne.

l'on

Tel eft l'état, au jufte, de ce morceau & la premiere impreffion qu'on en reçoit; mais à l'examen, on ne voit fur la gravure, aucun des traits inventés par la vanité des Modernes pour marquer les couleurs & les métaux: en second lieu, il eft certain que ce bronze a été trouvé dans Rome à la fin de l'année 1759 à foixante pieds de profondeur. Il feroit fingulier que dans un espace de tems auffi court que celui que peut compter depuis l'établissement des armoiries, le terrein eût monté si considérablement dans une ville, qui, depuis ce tems, n'a point éprouvé de grandes ou de fortes révolutions, telles que des tremblemens de terre, de vaftes incendies, &c. Cette proposition ne doit pas moins être regardée comme un préjugé trèsvague par rapport à l'antiquité: un ancien puits, une fouille faite il y a plufieurs années, & mille autres évènemens, pourroient avoir placé ce bronze dans la profondeur où il a été trouvé ; je ne donne donc ce raifonnement que comme une probabilité. J'ajouterai que la gravure me paroît antique, & je l'affurerai d'autant plus, que je l'ai comparée avec un autre morceau travaillé de la même façon & pour un objet pareil. Ce dernier ne préfente qu'une tour; mais il me paroît plus, moderne de quelques fiècles. Je croirois donc que dans les derniers tems de l'Empire Romain, les châteaux & les tours ont été prodigieufement multipliés, & que leur ufage a été d'une longue durée. Lugd. in-fol. Pancirole a rapporté dans fa Notice de l'Empire, quantité de fortereffes, & de différentes Tefsères confacrées, felon lui, à une infinité de grades militaires: je fçais que cet Auteur eft plus fçavant qu'Antiquaire que l'on peut appeller de plufieurs opinions qu'il

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&

avance

avance en cette dernière qualité; mais il peut au moins venir à l'appui d'une conjecture d'autant plus fondée, que l'ufage de ces fortes de gravures pour les villes & leurs principaux Officiers, me paroît avoir été établi à l'exemple & à la fuite des Tefsères. Je me contente de propofer mes doutes : je ne décide point; mais ces obfervations pourroient faire entrevoir une origine plus ancienne aux armoiries que les Croifades. Car c'eft aux Croisades qu'on attribue communément l'établissement de ces marques diftinctives générales & particulières; lorsqu'on affure que les devifes & les autres fingularités que les Chevaliers portoient fur leurs écus dans le tems de ces malheureufes entreprises, étoient devenues les marques de leur blafon en particulier, & de la science héraldique en général. Il faut convenir que ces marques ou ces reconnoiffances, fi elles remontent à des tems antérieurs, peuvent avoir acquis un dégré d'augmentation par la circonftance des Croisades; en effet, la réunion d'un fi grand nombre d'hommes de différens pays, exigeoit néceffairement des moyens de reconnoiffance avoués & conftans.

Cette obfervation conduit naturellement à réfléchir fur la manière dont l'homme invente. On peut avancer qu'il n'a jamais rien trouvé de complet en premier lieu; & qu'une bagatelle présentée par le hasard, adoptée par une convenance fouvent très-éloignée de fon premier objet, s'étend, s'accroît, & devient confidérable prefque toujours fans aucun deffein, & fans que l'on puiffe rendre compte des moyens précédemment employés. Cependant l'homme s'en glorifie; fa vanité en eft flattée; il fe regarde comme inventeur; il l'est en général, mais comment? L'amour-propre devroit-il fe repaître d'un pareil mérite, dont cependant il fait bien de profiter?

Pour revenir au monument dont je me fuis peutTome IV.

Tt

être un peu trop écarté, j'ajouterai que la caffure de ce morceau de bronze & qui fuppofe une efpèce de queue à l'extrémité de laquelle la gravure eft placée, préfente un rapport général avec le n°. précédent; & cette obfervation me met à portée de dire qu'on m'avoit envoyé de Rome le morceau que préfente le n°. I. comme un Cachet ou une Tefsère de Conful. La forme contraire à l'objet de cette deftination, m'avoit empêché d'admettre cette opinion, & même d'en faire ufage dans la defcription; mais le monument de ce n°. femble m'autorifer, & me permettre de les regarder l'une & l'autre comme ayant eu une deftination généralement pareille, quoique dans des fiècles différens. C'eft du moins le moyen d'expliquer, en quelque forte, la fingularité de ces efpèces de Manches, & de les excufer, en les attribuant à la mode & à l'ufage.

La gravure donne la proportion de la masse ou de la bâse dont l'épaiffeur eft de cinq lignes.

Hauteur totale du fragment un pouce & demi.

No. VI. & VII.

Ce bronze me paroît encore une énigme : je la propofe à deviner, & je me contente de décrire le monument. Il eft très-bien confervé; une de fes faces, car le tranchant qui le termine interrompt fa rondeur, préfente deux Enfans de bout fans aucune draperie & d'un affez mauvais travail; une dentelle d'ornement règne au-dessus de leurs têtes & fuit le contour fupérieur du bronze; il eft creux comme le fer d'une lan& fans doute il étoit emmanché pour fervir à l'ufage auquel il étoit deftiné; fa profondeur eft extérieurement marquée par une ligne ponctuée.

ce,

Longueur totale deux pouces trois lignes: largeur de la tranche treize lignes : diamètre de la partie fupérieure neuf lignes: profondeur pour recevoir le manche quatorze lignes.