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numens Égyptiens, ne nous préfentent point non-feulement tous les attributs légers & portatifs que nous voyons fur la Table Ifiaque, mais encore les différentes coëffures qu'elles nous a confervées; cependant le bronze, le marbre & la terre cuite, étoient capables de les tranfmettre, puifqu'en effet, ces matières nous mettent tous les jours en état de juger de plufieurs autres détails de cette espèce; on voit fur le précieux monunument de la Table Ifiaque, plusieurs coëffures furmontées de deux plumes droites, & plus ou moins accompagnées d'ornemens. J'ai fait graver fur cette Planche les deux coëffures que j'ai pû raffembler, & qui s'en écartoient le moins.

Ce petit Prêtre, car il porte la plante Perfea, eft coëffé d'un bonnet furmonté de deux plumes droites abfolument fimples. Il n'eft point d'un mauvais travail, & fa confervation eft très-bonne.

Hauteur de ce Bronze deux pouces dix lignes.

No. II.

Ces deux plumes font augmentées d'un difque fur la coëffure de cet autre Prêtre Egyptien. Il n'eft point si bien travaillé, & fa confervation n'eft point comparable à celle du no. précédent, d'autant même qu'il à perdu les mains.

Hauteur de ce Bronze quatre pouces moins une ligne.

No. III. & IV.

Les deux plumes que préfente cetteFigure de terre blanche couverte d'un émail bleu, font moins intéreffantes que la forme de la coëffure fur laquelle elles font portées. Je n'avois point encore vû d'ornement Égyptien dans ce goût ni dans ce genre. Une autre fingularité confifte dans la façon dont ces plumes font placées ; elles ne fuivent point le fens ordinaire à toute parure, toujours pofée

felon

felon la face du vifage, leur afpect fe trouve au contraire dirigé fur le côté. Pour mettre en état de fentir la variété de cette amulette, la tête eft rapportée féparément au no. IV. Les deux jambes de cette Figure font détruites, mais la coëffure ne peut être mieux confervée. La Figure pouvoit avoir quatre pouces quatre lignes de

hauteur.

N. V.

La coëffure de cette autre amulette de bronze eft encore des plus extraordinaires; on ne la voit point fur la Table Ifiaque; mais la petite corne du milieu, & les deux grandes droites & pointues qui la compofent, doivent fe trouver rarement fur les monumens Egyptiens. J'avoue du moins qu'elle m'étoit inconnue; ces cornes mériteroient quelque considération, quand même elles ne foutiendroient pas un ornement formé en quelque façon comme un vase chargé d'une pointe dans laquelle, felon les apparences, on introduifoit une augmentation de parure, mais elle ne fubfifte plus. Hauteur trois pouces quatre lignes.

PLANCHE XII

N. I.

LA comparaifon des monumens peut feule mettre en état de lever des doutes, & de certifier des faits que l'Hiftoire n'a point expliqués, & fur lesquels elle a dû nous laiffer dans l'ignorance. Un détail trop étendu & par conféquent déplacé, n'auroit pû lui convenir.

J'ai rapporté dans le troisième Volume, une Figure qui Planche VII. n°. me paroiffoit s'écarter du goût Égyptien par fon mou- IV. & V. vement & fa difpofition; car elle a d'ailleurs la boucle de cheveux d'Horus & d'Harpocrate, ainsi que le fruit Colocafia fur la tête. Le monument que l'on voit fous ce

Tome IV.

E

numero, m'est arrivé d'Égypte depuis peu de tems. Son attitude abfolument pareille à celle de la Figure dont je viens de rappeller le fouvenir, m'a fait voir malgré la fouftraction de fa coëffure, & par une autre augmentation, que les Phallus ont été repréfentés fous cette forme en Egypte, au moins dans les derniers fiécles de ce beau pays. Je crois cette diftinction néceffaire à préfenter: car je ne doute pas que dans les tems les plus reculés, les Egyptiens n'ayent porté dans leurs proceffions, des Figures de ce genre plus fimples & plus graves. Ils pouvoient même regarder ce fymbole, à l'exemple de plufieurs autres nations, comme celui du Père de la nature. Le Phallus du troifième Volume, m'avoit rappellé une idée générale de quelques-unes des Figures que nous voyons encore aujourd'hui dans l'Inde. Ce monument ne contredit point ce léger foupçon; mais la difpofition de ces deux bronzes Egyptiens, peint à la fois la gayeté & les mouvemens infenfés, par lefquels on peut caractérifer les actions de ceux que cette Divi¬ nité entraîne dans le défordre.

Je présente ce monument avec d'autant plus de plaifir, qu'il eft très-rare de trouver ceux de ce genre, & que je n'en avois point encore vû. Cette rareté me paroît, fort extraordinaire, car ces repréfentations étoient fort communes dans l'Égypte.

Hauteur de cette Figure trois pouces quatre lignes.

No. II. & III.

La matière de ce monument compofé en Egypte, eft de couleur verte. Sa forme quarrée préfente une bordure, & la totalité a été percée pour fervir d'amulette. Je ne crois pas ce morceau de la plus haute antiquité : les détails fuivans en donneront les raifons.

Ce relief offre un Veau qui tette fa mère. Le Soleil placé au-deffus de ces animaux, enfermé, il eft vrai, dans

un ornement confacré à l'Égypte, le Soleil, dis-je, est accompagné de rayons, circonftance qu'on ne voit pas même sur la Table Ifiaque, dont on convient que l'antiquité n'est pas fort reculée; du moins des hommes inftruits nous apprennent que cet ornement indique le Soleil en général, & on le voit ici représenté avec une augmentation. On a placé devant cette Vache, un caducée planté dans le terrein, & cet attribut me paroît moderne par rapport à l'Égypte. Voilà quelles font mes raifons fur le dégré d'antiquité. A l'égard du sujet il m'a fourni quelques réflexions.

La comparaifon des monumens peut fervir à les éclaircir; mais elle exige fouvent un tems confidérable pour diffiper les nuages dont ils font couverts: ce monument me paroît dans cette circonftance.

On verra dans la fuite de ce Volume une pierre très- Planc. XXXII. conftamment Étrufque, fur laquelle le fujet eft gravé no. V. d'une manière abfolument conforme; & l'on peut re

marquer dans le Tome premier, une pierre Grecque Planc, L. n°. III. qui préfente la même compofition. Il eft vrai que le foleil & le caducée ne paroiffent ni fur l'un ni fur l'autre de ces monumens; mais l'agrément de cette image champêtre, & l'impreffion de la nature, fuffifent-elles avoir également frappé des nations si différentes ? Un rapport fi marqué pourroit faire foupçonner quelques idées de fuperftition; mais le foupçon, quand il feroit encore plus fondé, ne me conduiroit à aucune conjecture.

pour

Le revers de ce fujet eft encore plus mal dessfiné. Il représente un oiseau qui paroît être un Paon au premier coup d'œil; mais il pourroit plûtôt être un Phénix, quoique le bucher, fur lequel il eft pofé, foit fingulièrement

* J'ai altéré ce monument dans la Vignette des Egyptiens, Vol. II. pag. 1. par l'addition d'une Tête d'Ifis; on la voit dans fa pureté fur la Table Laque de Pignorius, pag. 48 au-deffus de la Figure marquée MM.

difpofé; l'antiquité de cet animal fabuleux eft affez connue pour en admettre la représentation fur un monument où l'on voit un caducée & le foleil avec fes rayons.

N°. IV. & V.

Il n'est pas étonnant que les Egyptiens très-voifins d'un grand pays, où la couleur des hommes étoit encore plus noire que la leur, aient préféré les matières brunes & obfcures pour repréfenter leurs Divinités & les figures des Prêtres : ce choix eft une opération dépendante de l'amour-propre, & dont il eft par conféquent difficile d'appeller.

Cette Tête de jayet fe joint aux autres preuves fans nombre que les monumens nous donnent, de la préférence que les Égyptiens avoient accordée aux matières noires. La matière du jayet qui résiste difficilement à tous les accidens deftructifs, m'a engagé à rapporter cette Tête, peut-être plus encore que le plaifir de pof féder la représentation d'un fimple Egyptien. Ces fortes de monumens ne fe trouvent pas communément. Le travail de celui-ci eft très-fin & même très-agréable quoiqu'Egyptien; auffi je l'ai fait deffiner de face & de profil.

On doit regarder cette Tête comme le fragment d'une ftatue; car je crois que l'on peut dire avec certitude que les Egyptiens n'ont point fait ufage de buftes: du moins je n'en ai ni vû, ni entendu parler. Hauteur dix lignes.

PLANCHE XIII

AUCUNE opération de l'efprit ne peut être comparée à celle de l'invention des fignes qui préfentent la parole aux yeux, & transmettent la pensée malgré la distance des lieux & l'intervalle des tems. On a trouvé chez les

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