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Ces raifons m'ont engagé à placer ce fragment dans une claffe qui lui convient d'autant mieux, qu'il feroit difficile de le rapporter ailleurs.

N. IV. & V.

Il est poffible que ces Mains de bronze d'un très-mauvais deffein & tenues fort plattes, ne foient pas un ouvrage Égyptien, du moins je n'ai pas de preuves fuffifantes pour l'affurer. Elles font ornées de chaque côté de petits cercles doubles, tels qu'on les voit fur la gravure de ce numero, & femblables à ceux qu'on remarque fouvent dans plufieurs monumens Egyptiens & Etrufques. Quel que foit ce travail, il eft répandu fur l'une & fur l'autre de ces mains, ce qui prouve conftamment qu'elles font du même pays. Le manche ou la queue du no. IV. étoit terminé par une espèce de tête ou de bouton dont il eût été poffible de tirer quelqu'éclairciffement; mais cet ornement eft malheureufement fi fort effacé, qu'il ne peut mettre en droit de parler. Cependant ces mains ont un fi grand rapport avec l'Égypte, qu'elles donnent du moins une occafion de parler d'une opération fur laquelle nous n'avons que des lumières très-obfcures. Je puis donc en faire un ufage qui ne fera pas tout-à-fait inutile. Elles ferviront à rappeller le chemin que l'écriture a fuivi en Égypte. Cette Main n°. IV. eft complette, c'est-à-dire, que, les doigts font à peu-près dans leur proportion naturelle. Elle me paroît représenter un hiéroglyphe, ou, ce qui eft la même chofe, un figne de cette première écriture des Égyptiens.

Celle du n°. V. moins correcte & plus négligée, dont les doigts font abfolument égaux, conferve le plus effentiel de cette même forme, & donne l'idée du caractère courant qui fuccéda à l'hiéroglyphe.

Il feroit heureux d'avoir de cette façon l'alphabet

Voyez la TaPlanch. Etrufque XXIII, no. I. du

ble Ifíaque; & la

premier Vol.

entier. Il eft difficile de s'en flatter; mais la découverte de ce caractère particulier & qui m'a été envoyé de Rome comme un fimple monument représentant des Ex-voto, peut faire efpérer d'en rencontrer quelques autres: il me paroît qu'on ne peut donner d'autre objet à ces petits bronzes; & quoiqu'il faille convenir que l'on peut avoir quelque doute fur le pays dans lequel ils ont été travaillés, la conjecture ou la probabilité que je propose, eft conftamment établie fur une vérité & fur des monumens dont l'antiquité n'eft pas douteufe. Longueur du no. IV. deux pouces cinq lignes: largeur du n°.V. un pouce fept lignes.

PLANCHE XXIII.

N. I.

LES MONUMENS dont cette Planche est remplie, ne font pas Égyptiens, mais ils dépendent de l'Egypte, c'eft-à-dire, qu'ils me paroiffent en être émanés; par cette raison ils peuvent être plus curieux & plus importans.

Ce petit monument de bronze a été fait en Italie, & représente les principales Divinités adorées fur les bords du Nil, Serapis, Ifis, Harpocrate & Anubis. La forme & l'ufage du lectisternium qui fert à foutenir les divinités, font abfolument Romains; ainfi je croirois ce petit bronze du tems d'Hadrien. Cet Empereur établit le culte Egyptien dans l'Italie, & le protégea dans tout l'Empire; mais ce petit ouvrage ayant été fait pour être la maffe d'une bague, je ferois porté à le regarder comme M.l'Abbé Barthé- une de ces emplettes communes & d'un prix médiocre fujet dans les Mé- que la fuperftition engageoit à faire dans les temples moires l'Académ. de l'antiquité; en conféquence, j'attribuerois ce petit our l'an. 1760. bas-reliefau Temple de Pronefte.

Voyez ce que

lemy a dit à ce

des Belles-Lettr.

No. II.

Les Antiquaires ne peuvent trop examiner toutes les pierres gravées que le hazard leur préfente. Ces petits monumens se transportent aifément, & fourniffent des preuves ou donnent matière à des réflexions qui échappent pour l'ordinaire aux Voyageurs, dont les yeux ne peuvent être frappés en général que par les ruines des grands édifices; d'ailleurs il est si rare, qu'un homme qui parcourt certains pays, par le feul motif du commerce, foit inftruit & éclairé; qu'il feroit non-feulement injufte de lui reprocher le peu de lumières que l'on retire de ce qu'il a vû, mais qu'il faut au contraire lui fçavoir gré de ce qu'il a remarqué. Les gens de Lettres doivent donc préparer le coup d'oeil & le jugement des Voyageurs, pour les mettre en état de vérifier les conjectures qu'on leur aura propofées, ou de les rejetter; car on tire la vérité du pour & du contre. L'importance de l'objet doit rendre le moyen indifférent.

Ce lapis gravé en creux, conferve quelque caractère Égyptien dans un travail & une compofition purement Indienne. Ces accompagnemens ou les attributs repréfentés aux côtés des Figures affises, confirment cette opinion; & fi l'on voit d'un côté une plante chargée de fruits, ou plûtôt un ornement dont la forme & la difpofition nous font inconnues; on voit auffi un ornement placé fymmétriquement de l'autre, & dont la forme eft commune dans les monumens Egyptiens. C'est une parure de tête fréquemment employée dans la Table Ifiaque, & que l'on trouve fouvent feule & détachée comme un hiéroglyphe (Voyez les Volumes Planche IX. n°. II. & III. de ces Antiquités.) D'ailleurs, cette gravure IV. & Plan. IV. doit avoir été anciennement travaillée dans l'Inde; car on ne trouve aucune trace d'opération au touret dans les ouvrages modernes de ce pays. Je puis me tromper;

n°. V.

mais ce petit monument me paroît entrer dans les preuves de l'ancienne communication des Egyptiens avec l'Inde proprement dite.

No. III. IV. & V.

On ne fait encore qu'entrevoir cette communica tion de l'Egypte avec les principales parties de l'Afie. Il faut efpérer que l'étude & les recherches auxquelles on paroît s'attacher tous les jours avec plus d'ardeur, donneront des preuves plus convaincantes. Il paroît même que nous touchons à ce moment. Le voyage d'Anquetil, & les connoiffances qu'il a acquifes, doivent nous avancer confidérablement dans une carrière dont la porte fera du moins ouverte, & qui changera vraisemblablement les idées que nous avons aujourd'hui. Elles font les mêmes que les Grecs nous ont données; car il eft certain que nous n'avons point d'autre opinion à l'égard de l'Afie, que celles qu'ils ont reçues ou qu'ils ont jugé à propos de répandre.

Frappé de ces réflexions, je préfenterai les monumens de l'Inde qui me fembleront être la fuite d'une communication formée par les conquêtes, ou d'une impreffion que les Indiens n'auront reçue que par un commerce réciproquement établi. L'un ou l'autre de ces moyens fuffit également pour conftater la vérité.

pour

Je doute qu'il y ait un monument plus conféquent à l'idée de cette communication, que celui que l'on voit fous ces n°. Je l'ai fait deffiner de trois côtés, mettre les Lecteurs plus en état de juger les rapports généraux avec le Cynocéphale Egyptien. La tête de cette Figure a un caractère semblable à celui de plufieurs Figures que l'on peut comparer dans les Volumes précédens, & principalement dans le premier. Ce coup d'oeil eft plus capable de convaincre, que les defcriptions les plus exactes : ainfi je renvoye le Lecteur à la repré

fentation; mais je dirai que plus ce monument eft d'un travail moderne, car la fonte paroît avoir été jettée depuis 12. ou 15. ans ; & plus l'impreffion Egyptienne me femble conftante & établie dans l'Inde.

Je ne répondrai rien fur quelques différences qu'il feroit poffible de m'oppofer, en comparant fcrupuleufement cette Figure avec les monumens de l'Egypte; telles font les mains jointes & la queue du Singe, qui fe reploye fur fa tête. Indépendamment du goût national & des variétés qui doivent nécessairement se trouver dans des travaux tranfmis par une tradition de tant de fiècles ; quelle eft l'idée, même métaphysique qui fubfifte quelques fiècles fans altération; & quels exemples de cette altération ne nous donnent pas les Figures même de l'Egypte, également confacrées au culte ? Il me fuffit de pouvoir préfenter une apparence auffi marquée. Je la crois du moins capable de confirmer des foupçons qui feront dans quelques années des certitudes, ou je fuis fort trompé.

Hauteur quatre pouces trois lignes fans le piédeftal avec lequel la Figure a été fondue. L'un & l'autre font maffifs.

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