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de grands à des talens inutiles ou pernicieux; les fciences neceffaires n'attirent leurs yeux que dans le befoin; un homme illuftre s'eft plaint il y a long-tems de ce renverfement d'idées qui place fi mal les objets, l'art d'arranger les mots, de finir deux lignes par les mêmes lettres, eft, dit-il, l'objet de notre eftime; l'invention qui brille dans les Arts n'eft-elle pas mille fois plus digne de l'efprit humain?

On ne trouvera pas ici de longs préceptes pour le détail de l'operation, d'autres y ont travaillé ;. maîs on y lira des obfervations qu'on ne pouvoit attendre que de Monfieur Colot. Il n'y a que deux articles qui ne meritent pas les mêmes éloges, il avoit épousé le grand appareil, il lui avoit donné toute fon eftime, il n'avoit que du mépris & de l'horreur pour les autres méthodes.

Mais le petit nombre de ceux

qui furvivent à cette operation la rendra toûjours redoutable, de vingt malades à peine en sauvet-on cinq ou fix, l'operation même ne leur laiffe qu'une vie trifte; l'écoulement d'urine, les fiftules font les fuites frequentes de l'incifion.

L'experience,quoique malheureufe, eft encore moins fâcheufe qu'on n'oferoit l'efperer; la raifon ne voit que des écueils dans cette operation, la délicateffe des parties, les dilatations forcées, les contufions, les déchirements ne promettent que des fuites funeftes; l'urethre eft un canal étroit, il n'égale pas le tuyau d'une groffe plume; on fait une incifion à ce canal, on la pouffe jufqu'à deux doigts de la veffie, elle ne s'étend pas plus loin; c'eft ignorer la fituation des parties, que de croire qu'on coupe le Sphincter; par ce

tuyau fi étroit il faut introduire
un grand nombre d'inftruments
on le force pour les y conduire,
on le dilate avec violence quand
ils y font entrez; on faifit la pier-
re, il faut lui ouvrir un paffage en
la tirant avec force: que de blef-
fures! que de contufions dans des
parties auffi délicates !/que devien-
nent les veficules femmales, le ve-
rumontanum, le col de la yessie?
Qu'on fatigue de la même façon
une partie charnue, la
peau feu-
le, il y furviendra une inflamma-
tion dangereuse.

On a tenté d'autres méthodes; mais les Lithotomistes ont rendu prefque toûjours inutiles ces tentatives: Franco eft le premier qui ait mis en ufage le haut appareil; mais fans d'autre vûe que de fou- (1552) lager une maladie qui refusoit tout autre remede; il ne fut ni affez hardi, ni affez éclairé pour

1691

fuivre une route que d'heureux wt fuccès lui montroient. M. Bonnet, au rapport de M. Petit témoin oculaire, avoit pratiqué cette méthode; des Medecins de la Faculté de Paris firent des efforts pour l'introduire. Roffet avoit examiné la veffie dans des cadavres ; il avoit fait des incifions fur le pubis; par cette ouverture il avoit penetré dans la veffie fans intereffer le peritoine; c'eft par cette voye qu'il voulut aller dans la veffie pour y chercher la pierre; dans fon Traité de l'Operarion Céfarienne on trouve une description exacte de la veffie; fa fituation, fa ftructure; ses maladies y font dévelopées, il ne lui a manqué que des experiences fur des corps vivants. Le Roy Henry III. favorisa ses tentatives; il falloit feulement fçavoir fi l'incifion feroit dangereufe, le refpect qu'on avoit pour

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1635

Hipocrate faifoit craindre pour la veffie; des experiences favorables ne paroiffoient pas des garands affez fürs ; la mort du Roy arrêta tous les projets de Roffet, & l'ignorance laiffa fon Livre dans l'oubli; enfin M. Pietre reffufcita Prèbe ces idées dans une Thefe fuccinte; il prouve clairement la fûreté & la neceffité du haut appareil ; mais ces difcours n'eurent d'autres fuites que quelques difputes. Enfin M. Brayer ranima les Medecins; à leur tête il representa à Monfieur de Lamoignon les fuites funeftes du grand appareil, la douceur, les fuccès de la méthode de Franco. Le Parlement chargea M. Colot de faire des épreuves fur des cadavres ; mais ce Lithotomiste préve nu pour fon appareil,il ne rencontra que des obftacles invincibles; il ne peut, dit-il, y penser fans horreur, les Medecins n'eurent ni af

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