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plus de facilité; on trouve donc ici l'avantage qu'on a tant vanté dans la Méthode de M. Rau: pour que la playe fe referme plus promtement, on peut fe fervir d'une fonde, il faut la laiffer dans la veffie, l'urine s'écoulera par ce tuyau à proportion que les uretéres la verferont; le fang qui pourroit tomber dans la veffie, prendra la même route; ainfi le cours des matieres fera détourné de la playe. M. Petit ce Medecin fi habile en Chirurgie avoit réfolu de faire cette operation dans les Hôpitaux ; il vouloit employer la fonde; il croyoit encore qu'on pour roit faire un point à la vessie, & que cette future avanceroit la ci catrice.

Ce n'eft pas fur le corps mort que j'ai formé tous ces raisonnemens; un Chirurgien que je conpois a taillé un Cocher qui a été

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guéri en peu de jours; on m'a affuré qu'il y en avoit un autre qui avoit tenté cette operation, & que le fuccès n'avoit pas été auffi favorable; mais quelques accidents doivent-ils effrayer? fi le grand appareil n'étoit pas si meurtrier, si l'on pouvoit promettre la vie à la moitié des malades qui s'expofent à cette cruelle operation, je pardonnerois aux Lithotomistes leur obftination; mais qu'on confulte les regiftres de la Charité, on verra que prefque tous les taillez meurent dans peu de jours; en 725. de vingt qui fe font livrez à l'operation, il n'en refte que cinq; en 1726. il s'en eft presenté un grand nombre,il y en a eu beaucoup que la mort a délivré de leurs douleurs;en remontant plus loin on trouvera chaque année marquée des mêmes malheurs; l'Hôtel-Dieu n'offrira pas de moindres ravages,

eft-ce les Operateurs qu'il faut accufer de ces fuccès malheureux ? Non fans doute, leur adreffe,leur experience les juftifie, c'eft la méthode qui eft la feule fource de ces funeftes accidents; mais dirat-on, il y a eu des malheureux qui ont été taillez fans neceffité, on ne leur a pas trouvé de pierre après l'operation. Depuis peu on en a vû trois à la Charité, ils font morts d'une maladie qu'ils n'avoient pas; ce n'eft pas même une jeune main qui s'eft trompée en les fondant; deux autres malades ont eu le même fort; dans la rue du Sepulchre un malade venu de Province étoit condamné à l'operation, il étoit déja fur la table, lié, faifi par quatre ou cinq Chirurgiens, il attendoit que le fer lui ouvrit la veffie; mais un ami lui épargna heureusement cette operation douloureufe il foutint que

dans ce malade il ne fe prefentoit aucun figne fur lequel on pût s'affurer de la prefence d'une pierre; après bien des raifonnemens qu'on n'écoutoit pas, il en appella à la fonde qui confirma fes conjectures; ces faits, il eft vrai, font des leçons terribles pour ceux qui ont le malheur d'être affligez de la pierre, ils méritent même l'attention des Magiftrats, leurs fuites funeftes intereffent la vie des hommes ; mais pour rendre odieux les Operateurs, on choifit ces malheurs parmi un nombre infini d'operations heureuses, une experience confommée, une connoiffance parfaite des parties, c'eft ce qu'on doit exiger d'eux;mais la foibleffe de l'efprit humain,l'obscurité de la nature, les équivoques qu'el le nous offre, entraînent toûjours des fautes; on ne pourroit demander qu'une précaution, il devroit

être défendu à un particulier d'entreprendre l'operation fans appeller des Chirurgiens & des Medecins. Un grave Magiftrat effrayé des fautes meurtrieres de quelques Operateurs, écrivit au Doyen de la Medecine : Il étoit furpris, difoitil, du filence de la Faculté de Paris, ce Corps à qui la vie des hommes eft confiée, l'abandonne à la temerité & à la cupidité; mais encore une fois le confeil des Chirurgiens & des Medecins préviendroit de femblables reproches.

Les fautes dont nous venons de parler peuvent être communes au haut & au grand appareil; mais les fuites n'en feroient pas les mêmes; l'incifion des teguments n'a rien de dangereux, pour la ligne blanche, ou les muscles; on peut les ouvrir fans crainte; il ne faut point en chercher des preuves dans Je raifonnement, l'experience par

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