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le là-deffus aux plus ignorants; mais l'incifion de la veffie n'eftelle pas à craindre? les operations de Douglas & de Chefelden, les bleffures de la veffie guéries heureusement, l'ouverture du col de la veffie par le petit appareil, les operations de M. Rau qui a ouvert la veffie à plus de mille malades, tous ces heureux fuccès ne doivent-ils pas bannir une crainte qui n'eft fondée que fur un Aphorifme d'Hippocrate? Si on néglige le haut appareil, ne négligera-t-on pas un fecours qui fauveroit la vie à une infinité de miferables? ne lui préferera-t-on pas une méthode cruelle, difficile, prefque toûjours fuivie d'accidents funeftes? On pourra foupçonner que l'interêt feul obftine les Lithotomiftes dans leur ancienne route; cette operation eft lucrative; peu de gens ofent l'entreprendre, elle eft

difficile dans toutes fes circonftances; mais le haut appareil ne demanderoit pas une main habile; un Chirurgien qui fçait faigner, peut tirer la pierre en fuivant cette méthode, M. Colot l'avoue luimême.

Ce n'eft pas là la feule méthode qui foit préferable au grand appareil. Le Frere Jacques de Beaulieu vint à Paris ; il eut l'adresse de perfuader aux Magiftrats qu'il avoit un fecret fûr pour tirer la pierre; on fçait quels ont été fes fuccès: les habiles gens ne furent pas trompez long-tems, ils reconnurent d'abord que la hardieffe étoit tout fon merite. M. Fagon Premier Medecin ne fut pas féduit par le bruit que faifoit ce Moine, il fe mit entre les mains de M. Maref chal pour fe faire tailler.

Le Frere Jacques rebuté à Paris alla en Hollande, les Magiftrats

lui permirent de tailler fuivant sa nouvelle méthode. M. Rau Spectateur éclairé s'éleva contre lui; mais le zele qui l'animoit fut foupçonné de jalousie, les Magiftrats accorderent leur protection au Frere Jacques, il fallut attendre que les malheurs de ceux qui fe mettoient dans fes mains defabufaffent le Public; dans peu de tems les plaintes fuccederent aux éloges. Les Protecteurs du Frere Jacques chargez de fes fautes, prierent M. Rau d'en être le réparateur; bientôt après la Ville de Leide lui donna le titre de fon Lithotomifte: cet illuftre Medecin s'eft rendu fi utile aux fciences & aux hommes, qu'on ne fera pas faché de fçavoir quelques traits de fa vie.

Jean-Jacques Rau nâquit à Bade en 1658. il fut mieux partagé des talents naturels, que des avantages

tages de la fortune; il ne pouvoit attendre de fa naissance, ni de fes biens, une honnête mediocrité ; fon pere qui n'avoit d'autres fecours que le travail, l'abandonna à son industrie à l'âge de dix-neuf ans; les traverfes que la fortune lui oppofoit, devoient, ce semble, lui abbatre l'efprit; il eft furprenant qu'il ait eu d'autres vûes que de chercher une reffource à fes befoins journaliers; mais fon courage le raffermit contre la neceffité: il entreprit de longs voyages qui ne lui furent pas inutiles; en Espagne & en Angleterre, fon travail lui produisit un petit fond qu'il deftina à fes études, il fe rendit à Leide où il s'appliqua fur tout à la Medecine; mais fes heureux talents ne fe déveloperent qu'à Paris dans toute leur étendue ; les grands exemples l'animerent, les grands Maîtres l'inftruifirent; dans

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cette Capitale, il donna tous fes foins à l'Anatomie & à la Chirur gie; enfin parfaitement inftruit de la theorie & de la pratique de fon Art, il retourna à Leide en 1694. & le 11. de Mai il prit le bonnet de Docteur ; jufques-là la fortune ne lui avoit ménagé que quelques legeres reffources pour fes études, ces reffources lui avoient donné une Profeffion honorable, qui ne récompense que lentement les premiers travaux ; cependant elle étoit le feul fond qui pût foutenir M. Rau; il quitta. Leide, foutenu feulement par l'ef perance, il choifit Amfterdam pour y exercer la Medecine & la Chirurgie; d'abord il fit quelques démonftrations d'Anatomie, qui bientôt attirerent auprès de lui tous les jeunes Medecins & les Chirurgiens: les Magiftrats d'Amfterdam pour le récompenfer, &

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