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par fes promeffes font morts dans fes mains.

C'est donc une fage retenue plûtôt qu'une réserve intereffée qui a caché l'art de Meffieurs Colot; ils ont crû qu'ils pouvoient fuivre l'exemple des anciens Medecins ; la Medecine étoit autrefois un Art caché; on n'étoit initié dans fes myfteres, qu'en jurant de les tenir fecrets. L'humanité, l'utilité publique paroît condamner ce ferment; mais les malheurs de la Medecine ou plûtôt du Public ne le juftifient-ils. pas? La vie des hommes eft livrée à l'ignorance & à la temerité: des miferables fans éducation, fans lumieres, appliquez à des travaux ferviles, s'érigent en Medecins ; les matrones décident du fort des malades; quelques recueils de remedes faits par des Medecins oi

fifs,lus fans connoiffances,forment des Medecins de tous leurs Lec-~ teurs; chacun appelle les Medecins à fon tribunal, condamne leur conduite; enfin la Medecine eft devenue la reffource des Char latans,malheureusement la credulité du Public eft égale à leur har→ dieffe; quelle eft l'origine de ces malheurs les Medecins ont di vulgué leurs fecrets.

Le tems employé à publier les fecrets de la Medecine, il falloit le donner à l'inftruction des éle◄ ves; mais ces inftructions doivent être foutenues par la reconnoiffance & par la liberalité; Mef fieurs Colot en cachant leur Art aux yeux du vulgaire. n'auroient pas refufé leurs lumieres, fi le Public les eût animez par des récom penfes; mais des Charges, atta chées à leur famille par plufieurs de nos Rois, leur ont été ravies

par l'avarice; on a négligé leurs projets, il a fallu attendre du fecours de l'industrie excitée par la mifere.

Heureufement en perdant ces illuftres Operateurs, nous n'avons pas perdu leurs lumieres; Monfieur François Colot nous donne des obfervations que fa longue experience a fait naître heritier d'un fecret qui intereffe la vie des hommes & l'a cultivé dès l'enfance; les leçons de fon pere l'avoient inftruit, il prit enfuite l'experience pour maître; il chercha dans les morts des inftructions pour se guider dans le corps vivant. La ftructure des parties qu'il vouloit foulager, fut l'objet de ses recherches; cette étude ne borna pas fa curiofité; les Sciences & les Arts ont une liaison mutuelle; une matiere qu'on détache eft toûjours défigurée. Monfieur Colot chercha

donc des lumieres dans la Physique & dans la Medecine; on verra dans fon Ouvrage les lumieres d'un Medecin jointes à l'adreffe des mains; fa réputation fe répandit bientôt dans toute la France, en Italie, en Angleterre, en Allemagne; on venoit à lui de toutes parts; il fut recherché de tout le monde; les Operateurs jaloux, ne purent lui refufer que leur bienveillance; ils lui devoient leurs lumieres, il étoit fouvent le réparateur discret de leurs fautes; mais de tels bienfaits ne font pas ceux qui attirent le plus de reconnoiffance. Un de ceux qui ont tenu les premiers rangs a eu befoin de fon industrie; il n'a pas été celui qui lui a témoigné plus de bonne volonté. Enfin les maux terribles qui avoient été l'objet de fes longues méditations, Monfieur Colot les connut dans lui-même; il

fentit les impreffions de la pierre; & fe fit tailler par M. fon fils ; des efprits foupçonneux ont crû qu'il n'avoit voulu donner qu'un exemple de confiance; mais des témoins oculaires m'ont confirmé qu'il avoit la pierre: enfin quand l'âge rallentit fes travaux, il voulut rendre fon loifir utile, il raffembia fes obfervations pour les donner au Public, on les a trouvées écrites de fa main dans la Bibliotheque de fon heritier, on les donne fans aucun changement s cet Ouvrage admirable rendra toûjours précieux le fouvenir de fon Auteur; cet homme illuftre a été plus utile à sa patrie que la plupart des grands hommes qu'elle a produits; mais il n'a pas reçû les mêmes récompenfes; tel eft le caprice des hommes, ils n'eftiment que ce qui leur eft étranger ou nuifible; ils prodiguent le nom

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