Imágenes de páginas
PDF
EPUB

me pour nous inftruire, les préceptes en fortant de la bouche paffent trop rapidement, ils ne font ni affez étendus, ni affez dévelopez; ayons donc meilleure opinion de nos anciens & de nos voifins. Ne méritons pas les reproches que font à notre fiécle Monfieur Freind & Monfieur Bernard; leur témoignage eft honteux pour nous & glorieux pour les Anciens; nous n'avons apporté dans les operations que quelques varietez peu effentielles; cependant quelle longue carriere n'y a-t-il pas encore à parcourir avant qu'on arrive à la perfection de la Chirurgie? La theorie de cet Art eft auffi embrouillée que fi on ne connoiffoit pas la circulation; les ouvrages que nous donnent là-deffus les Medecins & les Chirurgiens font également méprifables, on voit dans les uns

que la pratique a manqué à leurs raisonnemens, & dans les autres on ne voit qu'une pratique qui n'eft qu'un vrai empirifme; cependant la theorie des maladies chirurgiques n'eft pas environnée de difficultez qui puiffent étonner l'efprit; on peut même lui donner une certitude, qu'on ne trouve pas dans le refte de la Phyfique; les lumieres que Monfieur Boerrhave nous a données fur l'inflammation; le Traité de Monfieur Fifes fur la fuppuration, les reflexions curieufes de M. Freind fur l'effet des remedes difcuffifs & fuppuratifs nous montrent une route affùrée; mais elle fera inacceffible à ceux qui ne font pas initiez dans les myfteres de la Phyfique.

On me pardonnera cette digreffion; je voudrois que la Chirurgie, cette partie fi utile de la

Medecine fût amenée à fa perfection; je me flatte que les idées que j'ai répandues dans ce difcours ne feront pas inutiles. Nous ferions au comble de nos voeux, fi ces operations cruelles pouvoient devenir inutiles, un diffolvant nous épargneroit & les douleurs qu'entraîne la pierre, & la cruauté de l'operation; doit-on defefperer de trouver ce fecours? Non fans doute, il peut y avoir une liqueur qui agiffe fur la pierre fans intereffer la veffie, le corail se diffout dans le lait, la myrrhe se fond dans une liqueur tirée du blanc d'œuf; on tire du feigle un menftrue qui diffout le marbre fur la main, ces diffolvans ne font nulle impreffion fur les parties les plus délicates. Monfieur Volouse a un fluide qui réduit l'or dans une espece de cendre & qui n'a nul ingrèz dans le tiffu des parties animées ;

animées; appuyé encore d'autres experiences, M. Boerrhave ne defefpere pas que le hazard ou l'induftrie ne nous conduife au diffolvant de la pierre; mais les diffolvans pris par la bouche feront toûjours inutiles; leurs parties font dérangées en paffant par nos couloirs.

Tout doit donc nous engager à des tentatives, on a déja travaillé beaucoup fur la formation de la pierre ; cette theorie exactement connue ne feroit pas inutile,mais les lumieres que nous devons à la Phyfique là-deffus ne nous ont pas donné de grands éclairciffemens; les uns ont crû que la formation du tartre étoit une image de la generation du calcul; mais. qu'eft-ce que le tartre? c'eft un fel fixe qui fe précipite dans les vaiffeaux & qui fe lie par les matieres graffes du vin; que trouve

h

t-on de femblable dans les urines qui n'ont qu'un fel volatile? quelques concretions fubites que forme la Chymie ne nous découvrent pas mieux le Méchanisme qui affemble les parties du calcul, les principes de ces concretions ne font pas dans le corps animé. Vanhelmont a penetré dans ce myftere plus avant que les autres: felon fes experiences l'efprit de vin verfé sur l'efprit volatile de fel ammoniac, forme une concretion dure femblable au calcul: dans la veffie il y a un fel volatile, nous ufons de liqueurs fermentées, ces liqueurs pourroient coaguler les fels volatiles de l'urine; mais ces coagulations ne se forment que dans la vessie, c'est dans fa capacité que les urines corrompues fe feparent du fel volatile. Les enfans qui n'ufent pas de vin, femblent contredire cette theorie ; mais

« AnteriorContinuar »