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cens auffitôt après leur établiffe- NOTHUS. ment, envoierent dix Députés à Samos, pour le faire agréer à l'armée.

604.
8. pag. 595-

Diod. p. 165.

On y avoit déja appris tout ce qui Thucyd. lib. s'étoit paffé à Athénes, & fur cette nouvelle les foldats étoient entrés en Plut. in Alfureur. Ils dépoferent fur le champ cib. pag. 205. plufieurs des Chefs qui leur étoient fufpects, & en mirent d'autres en leur place, dont Thrafyle & Thrafybule étoient les principaux & les plus accrédités. Alcibiade fut rappellé, & choifi par toute l'armée pour Généraliffime. Ils vouloient dans le moment même faire voile vers le Pyrée, & aller attaquer les Tyrans. Mais il s'y oppofa, repréfentant qu'il faloit auparavant qu'il eût une entrevûe avec Tiffapherne, & que puifqu'on l'avoit élu Général, on pouvoit fe repofer fur lui des foins de la guerre. Il partit fur le champ, pour se rendre à Milet. Son principal deffein étoit de fe faire voir à ce Satrape avec toute la puiffance dont on l'avoit revétu, & de lui montrer qu'il étoit en état de lui faire beaucoup de bien & beaucoup de mal. Auffi arriva-t-il de là, que comme il avoit tenu en bride les Athéniens par Tiffapherne, il tint

DARIUS auffi en refpect Tiffapherne par les Athéniens; & la fuite fera voir que cette entrevûe ne fut pas inutile. Alcibiade de retour à Samos, y trouva les efprits encore plus échaufés qu'auparavant. Les Députés des Quatre-cens y étoient arrivés pendant fon abfence, & avoient entrepris en vain de juftifier devant les foldats le changement qui s'étoit fait à Athénes. Leur difcours, qui fut fouvent interrompu par des cris tumultueux, ne fervit qu'à les irriter de plus en plus, & ils demandoient avec instance que fur le champ on les menât contre les Tyrans. Alcibiade ne fit pas en cette occafion ce qu'auroit fait tout autre que lui qui fe feroit vû élevé à une fi haute dignité par la faveur du .peuple. Car il ne crut pas qu'il dût complaire en tout & ne rien refufer à ceux qui, de fugitif & de banni qu'il étoit, l'avoient fait Capitaine général d'une flote de tant de vaiffeaux, & d'une armée fi nombreuse & fi formidable: mais, en homme d'Etat & en grand politique, il fe crut obligé de s'oppofer à la fureur aveugle qui alloit les précipiter dans un danger évident, & de les empécher de com

inettre

mettre une faute qui n'auroit NOTHUS. pas manqué d'entraîner leur entiére ruine. Cette fage fermeté fauva la ville d'Athénes. Čar, s'ils euffent d'abord mis à la voile pour s'en retourner, les ennemis fe feroient rendu maîtres fans réfiftance de l'Ionie, de l'Hellefpont, & de toutes les Ifles, pendant que les Athéniens, portant la guerre dans leur propre ville, auroient confumé toutes leurs forces les uns contre les autres. Il empécha qu'on ne maltraitât les Députés, & les renvoia, en difant qu'il ne s'oppofoit pas à ce que les Cinq-mille citoiens euffent la fouveraine autorité dans la République : mais qu'il faloit dépofer les Quatrecens, & rétablir le Sénat.

*Ville de

Pamphylic.

Pendant tous ces mouvemens, la Thucyd.Co4flote de Phénicie, que les Lacédémo- ❝06. niens attendoient avec impatience, approchoit, & l'on apprit qu'elle étoit arrivée à* Afpende. Tiffapherne partit pour aller au-devant, fans qu'on pût deviner au jufte la caufe de ce voiage. Il avoit d'abord mandé cette flote pour flater les Péloponnéfiens de l'efpérance de ce puiffant fecours, & pour arréter leurs progrès en la leur faifant attendre. On croit qu'il partit

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DARIUS pour la même raison, afin qu'ils ne fiffent rien en fon abfence, & que leurs foldats & leurs matelots fe débandaffent faute de paie. Quoi qu'il en foit, il ne l'amena point, fans doute pour tenir toujours la balance égale, ce qui étoit l'intérêt du Roi de Perfe, & pour confumer les uns & les autres par la longueur de la guerre. Car il lui eût été bien facile de la terminer par le fecours de cette nouvelle flote > puifque celle du Péloponnése étoit déja auffi forte toute feule que celle d'Athénes. L'excufe frivole qu'il allégua de ne l'avoir pas amenée parce qu'elle n'étoit pas complette, marque affez qu'il avoit eu une autre raison,

Thucyd. pag.

607-614.

210.

177.189

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Le retour infructueux des Députés Plut. in Al- qu'on avoit envoiés à Samos, & la cib. pag. 206. réponse d'Alcibiade, excitérent de Diod. p. 171. nouveaux troubles dans la ville, & 171. & 175- portérent un coup mortel à l'autorité des Quatre-cens. Le tumulte augmenta encore infiniment, quand on eut appris que les ennemis, après avoir battu la flote que les Quatre- cens avoient envoiée au fecours de l'Eubée, s'étoient rendu maîtres de l'Ifle. Cette nouvelle répandit la terreur & le découragement dans Athénes. Car ni la

défaite de Sicile, ni aucune autre des NOTHUS. précédentes, n'étoit auffi confidérable que la perte de cette île, dont la ville recevoit des fecours confidérables, & d'où elle tiroit prefque toutes les provifions. Si, dans la confufion où étoit alors Athénes partagée en deux factions, la flote victorieuse étoit venu fondre dans le port comme elle le pouvoit, l'armée de Samos n'auroit pu fe difpenfer d'accourir au fecours de fa patrie. Et pour lors il ne fût refté à la République de tout fon empire que la ville d'Athènes. Car l'Hellespont, l'Ionie, & toutes les îles se voiant abandonnées, auroient été contraintes de prendre parti, & de paffer du côté des Péloponnéfiens. Mais les ennemis ne furent pas capables d'un fi haut deffein: & ce n'est pas la premiére fois qu'on a remarqué que les Lacédémoniens ont perdu leurs avantages par leur lenteur na

turelle.

On n'hésita plus dans Athénes à dépofer les Quatre-cens, comme auteurs des troubles & des divifions qui la déchiroient. Alcibiade fut rappellé d'un commun confentement, & on le preffa d'accourir promtement au

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