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Tuilleries, fut ornée des plus riches ta pifferies de la Couronne, & chaque Académicien y envoia ce qu'il avoit fair de plus beau. Le Public vit avec étonnement des pieces en peinture & en fculpture, égales à ce que l'Italie a de plus merveilleux; & la quantité furprenante avec la diverfité prefque infinie, ne cauferent pas moins d'admiration.Les étrangers les plus indifférens pour les belles chofes qu'ils voient tous les jours à Paris, ne purent s'empêcher d'avouer que toute l'Europe enfemble n'auroit pû fournir de plus beaux ouvrages en peintures modernes, que ceux qui fu rent expofez dans cette longue & fpacieufe galerie, qui en avoit été décorée magnifiquement à plufieurs rangs l'un fur l'autre dans l'espace de çent quinze toises de chaque côté.

En 1704. dans le mois de Septembre, la même expofition fe fit encore, laquelle dura plufieurs femaines, on y remarqua encore des nouveautez d'une furprenante beauté.

On peut dire içi que l'Académie de Peinture établie à Rome pour les Fran çois, a été érigée par J. B. COLBERT, en l'année 1667. On y envoie les Eleves qui ont remporté les prix de peinture &

de fculpture dans l'Académie dont on vient de parler, lefquels, y font entretenus aux dépens du Roi, qui fournit même jufqu'aux frais de leur voiage, ce qui fait beaucoup d'honneur à la France & qui produit prefque toûjours d'excellens fujets en peinture, en fculpture & même en architecture. Cette Académie occupe un Palais proche de S. André de la Valle, où loge le directeur qui a des penfions confiderables pour veiller à tout ce qui s'y paffe. Veughels, Peintre habile a cette Académie fous fa direction.

LES ANTIQUES DU ROI.

Dans la fale des cent-Suiffes, qui eft un peu plus élevée que le rez-de

chauffée de la cour du Louvre, où fe trouve cette belle tribune de fean Goиgeon, dont on a déja parlé; on conferve les antiques du Roi qui étoient autrefois au petit hôtel de Richelieu, fous les appartemens que l'Académie d'Architecture & de Peinture occupoient. Avec quantité de buftes & quelques ftatues on peut voir des tombeaux antiques trèscurieux, entr'autres celui de Cajus, Lutatius, Catulus, dont Jean-François F ELIBIEN, Garde des Antiques de Sa

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Majefté a fait une description. On conferve dans le même lieu les creux des plus belles antiques de Rome, & de toute l'Italie , que l'on a fait mouler avec une très-grande dépenfe, & avec un foin tout particulier, dans le tems que J. B. COLBERT étoit Surintendant des bâtimens. La France a vû avec plaifir les foins que ce Ministre vigilant donnoit pour embellir les maifons roiales de tous les ornemens qui pouvoient y convenir. La colonne Trajanne, le plus magnique monument de Rome, & le plus rare que l'on connoille pour l'excellence du travail, s'y voit non-feulement en creux comme elle à été apportée d'Italie, mais auffi moulée éxactement en relief; de forte que l'on peut fans peine en remarquer toutes les beautez; ce qui donne une extrême fatisfaction à ceux qui s'entendent à ces rares pieces, en y trouvant la corretion que l'on admire dans les originaux. Le Roi François I. qui aimoit les belles chofes, & qui s'y connoiffoit plus qu'aucun Prince de fon fiecle entrepris la même dépenfe, dans le deffein de faire élever cette fuperbe colonne à Fontainebleau; mais après fa mort la barbarie aiant repris le deffus

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pendant quelques années, les creux que l'on avoit fait venir de Rome avec de très-grands foins, furent tellement. négligez, que l'on s'en fervit dans la fuite à conftruire une écurie, qui eft encore à préfent fur pié dans le même lieu.

- LE QUAI qui regne depuis le Pontneuf jufqu'au Louvre a été entierement reparé. On a commencé à y travailler le 15. de Mai 1719. La route a été confiderablement élargie le long de la terraffe du Louvre, jufqu'au pavillon de la Reine, ce qui étoit très-néceffaire. La Ville a fait en cette occafion une dépense très-considerable, & qui lui a fait honneur. En fouillant les terres pour les fondations de ces grands travaux grands travaux, on trouva d'anciens débris d'une grande folidité, qui firent connoître qu'il y avoit eu autrefois dans cet endroit des édifices confiderables, & qui pouvoient être les fondations de l'ancien Louvre, bâti du tems de Philippe Augufte.

LE GARDE-MEUBLE DU ROL

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Ur le bord de la riviere, au coin de la rue des Poulies, eft le garde-meuble du Roi, dans une vieille maison,

autrefois nommé l'Hôtel du petit Bourbon,

à caufe que les Princes de cette maison avoient demeuré.

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On lit dans les hiftoriens citez par Marville, pag. 156. qu'après la mort de Charles de BOURBON Connétable de France, tué au fiége de Rome le 6. de Mai 1527. dont le corps deffeché fe voit encore à préfent d'une maniere fort négligée dans le château de Gayete; on fit peindre de couleur jaune la porte de cette maifon, & femer du fel dans tous les endroits, en mémoire de la révolte de ce Prince. Et felon Brantome, la même chofe fut obfervée · à l'hôtel de l'Amiral de Chatillon, comme une coûtume établie en ce tems-là, dont la pratique n'étoit pas nouvelle.

Le dehors de cette maison, où l'on garde tant de richesses, n'a rien de remarquable.

C'eft dans ce lieu où l'on conferve les meubles précieux de la Couronne.

L'on y voit principalement une prodigieufe quantité de très-riches tapifferies anciennes & nouvelles, dont les plus belles & les plus eftimées ont été faites fous le regne de François I. De ce nom→ bre font les batailles du grand Scipion, qu'il acheta vingt-deux mille écus deş

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