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7.de Janvier 1719. qu'elles ont été pofées où l'on les voit à préfent.

Toute l'étendue de ce beau Jardin eft coupée par plufieurs allées, qui fe rapportent à trois principales, plus longues & plus larges que les autres. Celle du milieu eft de cent foixante cing toiles de longueur, & large de feize, plantée de maronniers d'Inde, accompagnée de deux contre-allées, où l'on voit toûjours une très-grande affluence de beau monde aux heures de la promenade. Les deux autres allées qui font paralleles à celle-ci, ont un peu moins de largeur & font formées par des tilleuls.

Entre ces trois grandes allées & dans les efpaces qui fe trouvent jufques aux terraffes, on a difpofé des bofquets & des boulingrins de toutes fortes de figures, avec des pieces de gazons rondes & ovales, creusées en pente douce, entourées de maronniers & d'ifs alternativement.

Mais ce qui embellit infiniment le Jardin des Tuilleries, c'eft la grande terraffe du côté de la riviere, qui regne le long du chemin du cours de la Reine, longue de deux cens quatre-vingt-fix toifes, & large environ de quatorze, de laquelle on découvre une très-grande vûe.

On voit d'un côté une partie des plus beaux bâtimens de la Ville, & de l'autre le riches dôme des Invalides, un large canal que forme la Seine le long du Cours, plufieurs grandes maisons ou palais édifiez depuis peu d'années fur le bord de la riviere, enfuite une campagne femée de villages, terminée par les montagnes de Meudon & de SaintClou, dans une diftance jufte, pour ne rien perdre des objets qui s'y trouvent. Cette terralle eft plantée de deux rangées d'ormes, qui forment trois allées. Elle eft revêtue d'une très-belle maçonnerie, ornée de corps en faliie, chargé de boffages du côté du grand chemin; & d'efpace en efpace on trouve en dedans de grands perrons d'une difpofition ingénieufe & commode, pour defcendre dans les allées de traverfe, dont toute la largeur du Jardin eft coupée.

André le NoSTRE, né à Paris, a eu toute la conduite du Jardin des Tuilleries, & l'on peut dire à fa louange que perfonne avant lui n'avoit porté l'art du jardinage auffi loin qu'il a fait. Les deffeins merveilleux qu'il a donnez pour Verlailles & pour d'autres lieux, ont fait admirer fon génie rare

& fingulier. On doit ajoûter de plus à La louange que l'on a vu en France fa un très-grand changement, fur-tout dans les parterres, depuis que les deffeins ingénieux & agreables qu'il a donnez ont éte goûtez la plûpart defquels ont été gravez pour l'utilité & la fatisfaction de ceux qui voudroient s'en fervir, ce qui a déja été exécuté en plufieurs endroits de l'Europe avec beaucoup de fuccès.

Il faut ajoûter encore ici, qu'en 1716. on a conftruit un pont tournant d'un deffein nouveau & ingénieux pour donner un accès facile aux champs Elisées ; plufieurs maifons mal conftruites ont été détruites & renversées, à la place defquelles on a fait une vafte efplanade entourée d'un foffé revêtu des deux côtez d'une maçonnerie folide. Le pont qui donne entrée aux Tuilleries a été fabriqué d'une partie des pierres tirées de la démolition du bel arc de triomphe, érigé à la mémoire de Louis XIV. placé à l'extrémité du fauxbourg faint Antoine, comme on le dira dans un autre endroit.

LA GRANDE GALERIE

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DU LOUVRE.

N remarquera que le Palais des Tuilleries communique avec le Louvre le moien de la grande galerie, qui eft d'une extraordinaire longueur, dont l'architecture n'est

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gueraitée par tout.

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Depuis le gros pavillon qui fait un angle vis à vis du Pont Roial, jufqu'au premier paffage qui marque le milieu de la galerie; elle eft décorée de pilaftres d'ordre compofite, d'une grandeur gigantefque, groupez deux à deux, & canelez, l'architecte les aiant difpofez de cette maniere, afin qu'on pûr les diftinguer aifément de loin. On remarquera particulierement les huit derniers de ces pillaftres, proche du premier paffage, où l'on trouve que. les chapiteaux font d'une plus belle forme, & d'une proportion plus élégante. La lettre H à la place des roses dans les chapiteaux de ces pilaftres fait connoître que cet édifice a été élevé fous le Roi Henri IV. vers l'année 1596. Tout l'entablement de cette

partie de la galerie eft couronné de frontons angulaires & fphériques alternativement, dont les timpans font enrichis de fculptures, qui repréfentent les arts, les fciences & d'autres chofes fymboliques. Les membres de toute cette architecture ont de la grandeur, & les modillons entr'autres, ont peu de pareils dans leur proportion extraordinaire.

On doit encore remarquer que cette partie de la galerie a été rétablie & décorée des principales fculptures que l'on y voit à préfent prefque en même-tems que le palais des Tuilleries, c'eft-à-dire, vers l'année 1664.

Dans la même fuite au-delà du petit lanternin, fous lequel fe trouve le paffage, eft un gros ouvrage de maçonnerie, fort fimple & fort groffiere. Tout le reste jufqu'au Louvre eft d'un deffein affez fingulier, orné de petits pilaftres couplez, chargez de quantité de fculptures & de boffages vermiculez, dont la plus grande partie n'a pas été achevée ; & il paroît que cet ouvrage a été commencé fous le regne de Charles IX. lorfque la confufion des ornemens fans choix étoit fort à la mode.

Vers le milieu de la grande galerie il y avoit autrefois une porte d'ancienne

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