Alexandre D'HERMAND, Colonel d'Infanterie, Ingénieur du Roi, a un cabinet où l'on voit un agréable & favant affemblage de curiofitez de l'art & de la nature; il y a aussi plufieurs belles machines qui regardent les méchaniques, dont il en a mis une partie en ufage pendant les derrieres guerres.

DES PORTES, Peintre très-excellent, poffede divers talens qui fe trouvent rarement enfemble. Il excelle en fleurs, en fruits, & en animaux de toutes les efpeces: avec tous ces rares talens il réuffit parfaitement dans les figures, qu'il peint avec beaucoup d'art & de grace.

CHATILLON, Graveur en tailles-douces, s'occupe encore à travailler en émail, FREMIN, Sculpteur de l'Académie, à préfent auprès du Roi d'Espagne. TURET, Horlogeur, favant dans les mathématiques, ce qui lui a donné de grandes lumieres pour faire d'heureufes découvertes dans fa profeffion. GERMAIN, Orphevre très-halile, dont les ouvrages font très-cftimez. L'INSPECTEUR DE LA GAZETTE, BOUL, Ebeniste, dont les ouvrages de marqueterie font fort recherchez,

RENIER, Armurier du Roi.
DU VIVIER, Graveur pour
dailles.

BALIN, Orphévre renommé,
BENIER, Orphévre renommé.
BIDAULD, Horlogeur.

les mé

VANCLEVE, Sculpteur, dont les ouvrages font fort recherchez.

La Veuve LE BAST.

RONDET, Garde des pierreries de la Couronne.

BAILLY, Peintre en miniature. FONTENAY, Peintre fleuriste. COY PEL, premier Peintre du Duc d'Orleans. Il occupe un double appartement à caufe des deffeins du Roi, dont il a la garde.

L'IMPRIMERIE ROIALE fe trouve prefque à l'extrémité de la Galerie; elle a été réparée & fort agrandie en 1726,

François Sublet de NOYERS, Secretaire d'Etat, & Surintendant des Bâtimens, qui cultivoit les beaux arts avec un foin extrême, & qui les foûtenoit de tout fon crédit, a été le premier qui a établi l'Imprimerie Roiale vers l'année 1640. Les impreffions admirables qui en font forties en très-grand nombre ont fait convenir à toute l'Europe qu'il étoit bien difficile d'aller plus loin, &

J'on

T'on a fait en diverfes occafions des dépenfes très-considerables pour les grands ouvrages en diverfes langues qui y ont été imprimez. N. ANISSON en a la direction depuis quelques années, & ne néglige rien pour la perfection de tout ee qui la regarde.

LA MONNOIE DES MEDAILLES, dont l'entrée eft vis-à-vis de la rue faint Nicaife, eft de fuite, & occupe quatre arcades deffous la grande galerie. C'est où l'on frappe les médailles d'or & d'argent, & les jettons que les curieux cherchent avec foin, pour enrichir leurs cabinets. Ce qui fe préfente d'abord, ce font des balanciers; il y en a quatre; & les deux derniers nouvellement faits, font uniques pour leurs mafles & leurs ornemens. On defcend après dans un grand attelier qui contient un fourneau, un moulin, des établis, & generalement tous les inftrumens qui fervent à la fabrication des médailles. Le moulin eft remarquable, en ce que le bloc fur lequel font montez les laminoirs, eft de bronze; ce qui contribue beaucoup à l'égalité des lames,& ce qu'on ne voit en aucun endroit. La machine à marquer la tranche des jettons a auffi cela de fingulier, qu'elle s'ajufte au Tome I.

H

volume des flaons par un mouvement qui y eft propre. On paffe enfuite dans galerie ou fe font les ouvrages d'or & d'argent pour le Roi, qui mérite d'être vûe, à caufe de fa longueur, de fa difpofition, de la maniere ingénieufe dont elle eft éclairée, & du nombre d'ouvriers qui peuvent y travailler fans fe nuire les uns aux autres, ni embarrasser le paffage.

Nicolas de LAUNAY, Orphévre du Roi, dont le génie étoit très-rare pour les ouvrages de bon goût, avoit la charge de Directeur de cette monnoie; il donnoit les beaux deffeins des pieces qu'il faisoit faire pour Sa Majefté, & ne négligeoit rien pour rendre les médailles d'une perfection comparable à l'antique. Il avoit ramaffé & placé dans un même lieu, qui eft un grand cabinet en forme de galerie, entourrée d'armoires d'une menuiferie fort propre, les poinçons & les quarrez appartenans au Roi, qui font des meilleurs maîtres de leur tems, dont la dépenfe revient à plus de deux millions, ce qui doit être confideré comme une chofe des plus fingulieres & des plus curieufes qu'il y ait en Europe. Ils font rangez dans un ordre hiftorique fur des tablettes à panneaux

de glaces, qui en laiffent voir aifémént les types; cette galerie avec cela eft décorée des portraits de toutes les perfonnes de la Maison roiale, depuis Henri IV. & de plufieurs autres chofes d'un choix excellent.

Dans fon appartement difpofé avec beaucoup d'art, & meublé très-proprement, on voioit des tableaux de la premiere beauté; entre lefquels on admire faint François, d'Annibal Carache, f connu & fi eftimé des curieux ; la vifion d'Ezechiel peint par Raphael, & le raviffement de faint Paul, par le fameux Nicolas Pouffin; des vafes antiques de marbre, d'un très-beau profil; des bronzes choifis, & d'autres curiofitez de prix qui méritent l'attention des connoiffeurs habiles. Mais le maître de toutes ces belles chofes, qui recevoit les étrangers & les curieux qui le venoient voir avec beaucoup de politeffe, eft mort le 19. Août 1717. Jules de Cotte, fon gendre, Intendant des Bâtimens du Roi, lui a fuccedé dans la charge de Directeur de la Monnoie des Médailles.

Voilà tout ce qui fe peut voir de plus remarquable dans les appartemens pratiquez fous la grande galerie du Louvre.