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Il eroit cependant fort à fouhaiter que quelques particuliers logez dans les mêmes appartemens, qui ont des chofes très-curicufes fous leur garde, ou qui leur appartient en particulier, vouluffent bien permettre que l'on les vît, pour la fatisfaction de quantité d'étrangers curieux, qui ne voiagent que pour connoître ce qu'il y a de fingulier & de rare dans les endroits fameux comme la Ville de Paris, ce qui contribueroit encore à augmenter la répu tation de cette grande Ville,

LE COURS DE LA REINE.

U-delà des Tuilleries, fur le bord

A de la riviere, la Reine Marie de

MEDICIS qui aimoit la magnificence, fit planter en l'année 1616. le Cours, pour fervir de promenade, principalement aux perfonnes en carolfe. Elle choifit cette difpofition comme la plus heureuse qui fe pût trouver ; & en effet on peut dire que rien n'est plus avantageux & plus agréable que cette promenade, laquelle fournit tout ce que l'on peut défirer.

La longueur entiere du Cours eft de feize cens pas communs ou environ

composée de trois allées qui font formées par quatre rangées d'ormes, lefquelles enfemble font plus de vingt toifes de largeur. Celle du milieu eft plus large que les deux autres, & fix caroffes de front peuvent s'y promener fans s'incommoder. Le milieu du Cours eft marqué par une grande efplanade ronde, autour de laquelle les rangées d'arbres confervent leur fimétrie & leur distance, & les extrémitez font terminées par des portes de fer appuiées fur des corps de maçonnerie ruftique, au haut defquelles il y a des figures couchées & affez mal deffinées.

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Le Quai commencé le long du Cours, auroit été fort nécellaire pour réfifter aux débordemens de la riviere, & conferver ces belles allées, il fut conftruit avec dépenfe en l'année 1670; mais comme après plus d'un fiecle les arbres du Cours commençoient à fe détruire, on a enfin pris le parti de les arracher vers l'année 1722. Les bois en ont été vendus pour du charonage, & l'année fuivante on en a replanté d'autres qui réuffiffent fort bien. On a rétabli en 729. le revétiffement du foffé le long de ce Cours, ce qui contribue à fa confervation & à son embelliflement.

Le Maréchal de BASSOMPIERRE un des plus polis, & des plus magnifiques Seigneurs de fon tems, l'avoit fait revétir de moilonage, foûtenu de chaînes de pierres de taille du côté de la riviere, pour prévenir les dommages que les débordemens pouvoient caufer; peut-être auffi vouloit-il faire cette dépenfe, parce que la promenade du Cours donnoit de l'agrément à la maifon de plaifance qu'il avoit fait élever & fort embellir un peu plus loin fur le bord de l'eau, vers l'année 1630. felon les mémoires qu'il a publiez de fa vie. Il la prêtoir fouvent au Cardinal de RICHELIEU, qui y venoit faire des retraites politiques pour méditer à loisir à fes grands projets.

Cette maison eft tombée depuis aux Filles de la VISITATION DE SAINTE MARIE, par les liberalitez d'HENRIETTEMARIE DE FRANCE, fille du Roi Henri IV. Reine d'Angleterre, époufe de Charles I. qui fut obligée de fe réfugier en France après la mort tragique & fans éxemple de fon époux, qui eut la tête tranchée à Londres en 1649. Cette Reine établit ces Religieufes dans cette maison en l'année 165 1. Elle avoit appartenu plufieurs années auparavant

a

Catherine de Medicis, & avoit été embellie depuis par Marie de Medicis. Le Maréchal de Balfompierre la poffeda enfuite, & après lui leComte de Tillieres fon beaufrere. Cette maifon fe trouvant en décret la Reine d'Angleterre fe la fit adjuger, & fit commencer les préparatifs néceffaires pour le nouvel établiffement de ce Monaftere, ce qui fe fit en l'année 1651. comine on l'a déja marqué plus haut.

Ces Religieufes font magnifiquement logées dans cette maifon par l'heureufe fituation où elle fe trouve & la par régularité des édifices.

En 1704.

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elles ont fait conftruire une Eglife qui' paroît de loin, dont le deffein eft agréable, fans être délicat ni étudié, parce qu'il paroît trop que les principales parties en ont été prifes fur quelques édifices que l'on voit dans cette Ville. Le comble qui couvre ce petit édifice eft pitoiable, & rien ne choque davantage la vûe que cette vilaine machine qui n'a aucune conyenance avec tout le refte, laquelle a été juftement comparée par quelques critiques à un panier à mouches.

On garde dans le choeur de ces Religieufes, fur une maniere de petite tribune, le cœur de Henriette – Marie

de France, Reine d'Angleterre, de laquelle on vient de parler ci-deffus, décedée à Colombes le io. de Septembre 1669. à l'âge de foixante ans.

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Le cœur de JACQUES II. Roi de la grande Bretagne, fon fils, a été mis à côté. Le corps de ce Prince que la poftérité n'admirera pas moins pour fa profonde & folide pieré, que par fes fameufes difgraces, a été dépofé dans une chapelle de l'Eglife des Benedictins Anglois au fauxbourg faint Jacques, où il eft confervé avec vénération.

La Reine Marie d'Eft, fa feconde femme, morte à faint Germain en Laye le 7. du mois de Mai 1718. eft en dépôt dans l'Eglife de ces Religieufes. Elle étoit fille d'Alphonce IV. Duc de Modene, & de Laure Martinozzi niece du Cardinal Mazarin..

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Louife-Marie STUART, leur fille, Princeffe recommandable par fon efprit, fa pieté, & toutes les grandes qualitez dignes de fa haute naiffance, eft morte à faint Germain en Laye le 10. d'Avril 1712. âgée de dix-neuf ans & quelques mois feulement. Le cœur de cette Princeffe, aimée & respectée de tout le monde, a été dépofé auprès de celui du Roi fon pere, & fon corps de même aux Benedictins Anglois.

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