qui regardoit la Ville de Paris comme l'ornement de fes états, s'appliqua à l'embellir plus qu'aucun de fes prédéceffeurs n'avoit encore fait. Il entreprit de la faire enfermer de hautes & de folides murailles, foûtenues de groffes tours rondes d'espace en espace, dont on yoit encore quelque refte du côté de l'Univerfité; & il ordonna que tous ces grands travaux s'achevaffent pendant le voiage qu'il fit en Palestine contre les Sarrafins, comme Rigord fon historien le rapporte fous l'année 1192.

Il ne faut pas oublier de dire ici à la gloire de ce Prince, qu'avant & après fon regne, les Rois qui ont laiflé un plus grand nom dans l'hiftoire, font ceux qui ont fait paroître plus d'affection & plus d'attachement pour la Ville de Paris, Ce Prince confideroit dès ce tems-là la Ville de Paris comme le féjour le plus avantageux de fon roiaume, & le plus pro-pre à y faire paroître la grandeur & la majefté des Rois de France; ce qui a fi bien réuffi, que cette Ville a toûjours eu cet avantage fur toutes les autres du roiaume, & aucune ne lui a encore ofé difputer jufqu'à présent.

On trouve en effet dans la premiere race, Clovis, premier roi Chrétien

qui la choifit pour être la capitale de fes états, comme on le lit dans faint Gregoire de Tours, qui dit en propres termes: Clodovens à Turonis Parifios venit, ibique cathedram regni conftituit. Ce Prince y fit conftruire divers édifices, & même un palais proche de l'Eglife de fainte Geneviève du Mont, comme on le dira ailleurs. Childebert & Dagobert, fes fucceffeurs, y tinrent auffi leur cour pendant plufieurs années.

Dans la feconde race Pepin le Bref, Charlemagne, & Charles le Chauve, accorderent de grands privileges à la Ville de Paris, & l'embellirent avec bien du foin.

Dans la troifiéme race on remarque Robert le pieux, Philippe premier, Louis le Gros, Philippe Augufte, faint Louis, Philippe le Bel, Charles V. dit le fage, Louis XI I. le pere & les délices du peuple, François I. l'inftaurateur des beaux arts, fans oublier Henri II. Henri IV. Louis XIII. & Louis XIV.

Il ne fera pas inutile de donner ici un extrait du Livre des Ordonnances de ce grand Prince, imprimé en l'année 1676. page 1 26. pour marquer fon affection particuliere en faveur des Bourgeois de Paris: voici les propres termes,

Le privilege de poffeder fiefs, alleus & arriere-fiefs en toutes les Provinces du Roiaume, fans être tenus de paier » aucune taxe pour raifon de la poffeffion defdits fiefs, alleus & arriere-fiefs, & » dans le droit d'avoir la garde de leurs » enfans & parens, de fe fervir des " ornemens appartenans à l'état de Chevalerie, & de porter les armes tim"brées, ainfi que les nobles d'extraction, "par poffeffion immémoriale.

Ces privileges furent confirmez aux Bourgeois de Paris par les Lettres Patentes de Charles V. furnommé le Sage, dattées du 9. Août 1371. & par tous les Rois fes prédéceffeurs, pendant plus de trois cens ans : mais les bontez paternelles de Louis XI V. ne fe bornerent pas à fes Lettres Patentes, confirmatives de ces privileges, enregistrés en la Chancellerie de France, & dattées du 24. Mars 1669. vérifiées au Parle ment le 4. Avril fuivant à la Chambre des Comptes le 10. du même mois, & à la Cour des Aydes le 22. Mai 1669.

Sur ce que quelques Bourgeois étoient troublés en la poffeffion de leurs privileges, il fut rendu un arrêt du Confeil de Sa Majefté le 10. Avril 1706. qui porte expreffément que Sa Majefté veut

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qu'ils jouiffent pleinement & paifiblement de tous les privileges, éxemptions, droits, immunitez, honneurs & pré- « rogatives à eux accordez par elle & par « les rois fes prédéceffeurs, dans lefquels elle les maintient & confirme, de quelque nature qu'ils foient & puiffent être, fans aucune reftriction & réferve.

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Et pour donner encore plus de force à cette faveur roiale, Sa Majefté voulut qu'il en fût dreffé une Déclaration qu'elle donna à Meudon le 6. Mai 1706. & qui porte ces termes: « Les avons maintenus & confirmez dans la jouiffance de tous " leurs droits, privileges, éxemptions, « immunitez, honneurs & prérogatives, « de quelque nature qu'ils foient & ∞. puiffent être; donnons en mandement « de faire publier ces préfentes & le.. contenu en icelles, & dudit arrêt « du 10. Avril 1706. garder & obferver nonobftant tous édits, arrêts, &c. . auxquels Nous avons dérogé & déro- geons par ces préfentes.

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Sous les regnes de tous les Rois, avant Louis XIV. Il ne fe fit rien de comparable aux grands & fuperbes ouvrages qui ont été conftruits pendant le dernier fiecle, comme les augmentations

du Louvre, le palais d'Orleans ou Luxembourg, le palais roial, la maison de Sorbonne, le Val-de-Grace, le College des quatre Nations, l'Obfervatoire roial, les nouvelles portes de la Ville, les Champs Elifées, les grands cours fur les Boulevars, l'Hôtel roial des Invalides, l'Hôtel des Moufquetaires du Fauxbourg faint Antoine 1'Hôpital general, les nouveaux Quais, le Pont roial, la plus grandes partie des Ponts & des Fontaines, plufieurs quartiers tout entiers, comme l'Ifle de Nô tre Dame, le Marais du Temple, la Bute-Saint-Roch, & le Fauxbourg faint Germain prefque tout entier, des places nouvelles d'une grande magnificence quantité dé longues rues élargies ou allignées, & d'autres ouvertes dans des endroits très-difficiles pour la communication des quartiers, & mille autres chofes dont on parlera dans la fuite; en forte qu'il eft vrai de dire que Paris a entierement changé de face depuis un fiecle ou environ, & eft devenu une ville très-magnifique en comparaifon de ce qu'elle étoit auparavant.

On doit pourtant avouer en même tems qu'il refte encore bien des chofes à faire; & fi les grands travaux qui

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