de lieu en Europe où il fe trouvât tant de belles chofes ensemble. On y remarquoit des ouvrages choifis de tous les fameux peintres d'Italie, des Pays-bas, & de France, dont les plus eftimez ont été gravez en plufieurs eftampes par les plus habiles maîtres, qui forment des volumes extrêmement curieux, où l'excellence de la gravure fe fait admirer, auffi-bien que la correction du deffein. Il refte cependant encore à voir des pieces très-rares dans la galerie d'Apollon, qui méritent que les curieux en peintures les aillent éxaminer, fur-tout les nôces de Cana, de Paul Veronese, qui eft un tableau extrêmement grand, d'une compofition merveilleufe & favante, dont la République de Venife a fait préfent au Roi, par une députation faite exprès, mais qui a été malheureusement gâté depuis, par l'ignorance d'un peintre qui avoit entrepris de le nettoier, On diftinguera auffi les batailles d'Alexandre le Grand, peintes par le B RUN, fur lefquelles on a fait de très-riches tapifleries aux Gobelins, qui font un des principaux ornemens des maifons roiales. Ces beaux ouvrages donnent une haute idée de la perfection où la peinture eft montée en France, & rien n'eft plus ་ lavant & plus admirable que la varieté infinie, & l'extrême abondance des fujets qui font traitez dans ces grandes pieces, lefquelles front honneur au fiecleoù nous vivos, qui a plus fourni de gens habiles en tous genres, que les fiecles paffez. Il y a auffi des morceaux de plufieurs autres maîtres renommez, entre lefquels on diftingue une Annonciation d'une excellente beauté, peinte par Vanderck d'après un original du fameux Titien, les quatre tableaux d'Albane, gravez par Bandet, & plufieurs autres grands ou vrages de peinture remarquables par leur beauté finguliere. LE CABINET DES LIVRES DU ROY E Cabinet ne fubfifte plus, il a été réuni à la Bibliotheque du Roi en partie, où a fervi à augmenter celui qu'on a formé à Versailles. L'ACADEMIE FRANÇOISE. N ne doit pas s'éxempter, en par lant des chofes extraordinaires qui fe trouvent dans le Louvre, de faire mention de toutes les Académies qui y font à préfent établies, & fur-tour de l'Acadé mie Françoise qui en occupe un apparte ment à rez-de chauffée, lequel lui a été accordé le 28. du mois d Août 1673. Cette Compagnie eft la premiere éri-gée en France par l'autorité du Roi. Elle eft compofée de quarante perfonnes, qui ont toûjours été diftinguées par leur érudition; & ce ne feroit pas une médiocre entreprise d en vouloir faire l'elos ge après ce qu'en a écrit Paul Pelition, dans l'hiftoire qu'il en a publiée, où ildonne une haute idée de cette Académie, la premiere du roiaume, que le Roi a honorée d'une protection particuliere. On faura feulement que ce fut à la follicitation du cardinal de Richelieu, qui n'entreprenoit rien que de grand, que le Roi Louis XIII. s'en déclara le fondareur, par des lettres patentes données au mois de Janvier de l'année} 1635. qui ne furent cependant verifiées que le o. de Juillet 1637. avec cette claufe; Ala charge que ceux de ladue af Semblée academie, ne connoîtront que· de l'ornement, embelifement & augmen tation de la langue françoise & des livres qui feront par eux faits & par autres perJonnes que le défireront le voudront. Pour rendre l'Académie Françoise plus“ confiderable, ce fameux miniftre la forma de tout ce qu'il put trouver d'illuftres dans le roiaume, diftinguez par des ouvrages qui étoient fortis de leurs mains. Ce fut le 10. de Juillet de l'année 1637. que la premiere affemblée se tint chez fon illuftre protecteur ; & depuis ce tems-là, jufqu'à préfent, ces affemblées qui fe tiennent trois fois la femaine, n'ont reçû aucune interruption, quoique l'Académie ait plufieurs fois changé de lieu. Après la mort du cardinal, le chancelier Seguier la reçut dans fon hôtel, où elle a tenu fes conferences long-tems depuis. Enfin, le Roi Louis XIV. pour faire fentir une protection plus particuliere à cette Académie, a accordé un appartement au Louvre à ceux qui la compofent, & elle a été la premiere qui a obtenu cette marque de diftinction. Le principal deffein de l'Académie Françoife, eft de travailler à la pureté de la langue, & à la rendre capable de la plus haute & de la plus fublime éloquence; ce qui fut caufe que dès fon établissement, on propofa de faire un dictionaire pour regler les termes dont on fe devoit fervir, & une gram'naire la plus exacte qu'il fe pourroit, pour la rendre rendre plus correcte. Dans la fuite on devoit auffi donner au plublic une rh torique & une poëtique. Mais de tous ces beaux & magnifiques projets, le dictionaire feul a paru, commencé en 1638. auquel l'Académie a travaillé en corps l'efpace de cinquante-fix ans, puilqu'il n'a vû la lumiere que le 24. du mois d'Août de l'année 1694. Voici la liste de ceux qui compofent à préfent l'Académie Françoife, tirée da Tableau qui fe trouve dans la fale où elle tient fes conferences. LE ROI, Protecteur. Après le décès de LOUIS I E GRAND fon Bifayeul, qui avoit bien voulu s'en déclarer Protecteur après le Chancelier SEGUIER, qui avoit fuccedé au Cardinal de RICHELIE U. ACADEMICIENS, 1730 Bernard de Fontenelle,Secretaire perpétuel de l'Academie roiale des Sciences, reçi à la place de Jean-Jacques Renouard, Sieur de Villayer, Confeiller d'Etat, qui avoit fuccedé à Abel Servien Surintendant des Finances Teme 1. |