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Jean-Baptifte CoIGNARD, Imprimeur & Libraire ordinaire du Roi, & der l'Académie Françoile, & Jean-Baptifte COIGNARD fon fils, reçû en furvivance en 1713. en la place de JeanBaptifte Coignard ayeul, qui avoit fuccedé à Pierre le Petit, qui avoite fuccedé à Jean Camufat.

par

Une remarque importante, qui ne doit pas être oubliée à la fouange de cette Académie, c'eft que depuis fon établiffement, la langue Françoife eft venue à une richelle & à une perfection pour les fciences & pour les beaux arts, qui ne fe trouve dans aucune langue viš vante. Le ftyle chez les Auteurs eft entierement changé, & l'éloquence, foit pour la chaire, foit pour le barreau, ou dans les difcours académiques, est d'une fublimité & d'une correction infiniment au-deffus de tout ce qui fe voit dans les écrits de ceux qui ont vécu avant fon commencement, fans parler de la poësie, qui n'avoit autrefois que de la rudeffe & du caprice, & qui'ne brilloit que par quelques jeux de mots qui paroillent à préfent groffiers & fouvent rès-infipdes. Il faut ajoûter; que nonfeement Académie Françoise a pro

duit un grand nombre de Sçavans, qui ont enrichi la langue d'une infinité de productions, & de traductions de tout ce que l'antiquité Greque & Romaine a de plus précieux, mais qu'elle a encore. donné des regles, & fixé des doutes, ce qui fert infiniment à ceux qui veulent écrire & parler poliment.

La haute perfection, où la langue Françoife eft parvenue, lui a procuré une fi grande réputation dans toute l'Europe, que toutes les Nations civilifées l'apprennent à préfent avec une extrême ardeur, jufqu'à négliger leur langue maternelle; & dans toutes les Cours d'Allemagne, un homme qui parle & qui écrit poliment le françois, eft fort diftingué des autres:

Pour donner plus d'émulation & plus d'ardeur à ceux qui s'appliquent à l'élequence & à la poefie Françoife, l'Académie diftribue tous les ans, le jour de la Fête de faint Louis, deux prix, l'un d'éloquence, l'autre de poëfie. Ces prix confiftent en deux médailles d'or. Celui de l'éloquence a été fondé par Jean-Louis Guez de Balzac, & celui de la poëfie par François de Clermont de Tonnere, Evêque de Noyon. Ces prix ont fait que plu

fieurs perfonnes compofent pour avoir la gloire de les remporter, parce que l'on eft perfuadé que la brigue n'y a au cune part. Le jour de la même Fête l'Académie fait chanter dans la Chapelle du Louvre une Mefle en mufique, à la fin de laquelle le Panégyrique du même Saint: eft prononcé par un habile Prédicateur.

A l'éxemple de l'Académie Françoise il s'eft formé dans la fuite d'autres Aca démies en plufieurs villes du Roiaume, à Nismes, à Arles, à Angers, à Caën, à Soißons, à Ville-Franche en Beaujolois, à Marseille & en d'autres lieux.

Celle de Soiffons, par fes Lettres d'établiffement de l'année 1674. regiftrées au Parlement le 27, de Juin 1675. eft obligée d'envoier à l'Académie Françoise une piece d'éloquence de fa façon, que F'on y lit ordinairement en public, avec d'autres ouvrages.

On voit quelques tableaux dans la fale où le tiennent les conferences. Un de la fainte Vierge, un autre du Roi, en habit dont on fe fert au facre, peint par faint André ; le portrait du Cardinal de Richelieu, & celui du Chancelier Pierre Seguier, qui s'en déclara protecteur après la mort de ce fameux

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Miniftre. On y raffemble à préfent,autant qu'il eft poffible, les portraits de tous les Académiciens. Enfin, on y voir celui de la Reine Chriftine de Suede, donné par ellemême, qui vint un jour à l'affemblée, où elle fit paroître fon génie extraordinaire.. Ce fut au mois de Mars de l'année 1658. Le Chancelier Seguier la conduifit lui-même; & le fçavant Marin Cureau de la CHAMBRE, fut député pour la recevoir & pour lui faire. les complimens au nom de la Compagnie, aufquels elle répondit d'une maniere qui charına toute la nombreuse affemblée qui affifta à cette réception, comme on le lit dans les œuvres du célebre Patru. Cette Reine étoit arrivée à Paris dès l'année 1656. dans le mois de Septembre, & la réception que F'on lui fit ce jour-là fut d'une extrême magnificence. Elle eft morte à Rome en l'année 1688. Elle étoit unique héritiere du grand Guftave Adolphe, & fe démit de la Couronne de Suède dans le: mois de Juin 165 4. en faveur de Charles Guftave, fon coufin germain, pour vaquer plus tranquillement à la pratique de la Religion Catholique qu'elle avoit embraflée quelques années auparavant,

& à l'étude des hautes fciences qu'elle aimoit infiniment.

Depuis quelques années on a logé au Louvre les autres Académies nouvellement rétablies. On leur a donné des appartemens convenables, dans lesquels. elles trouvent toutes les commoditez dont elles peuvent avoir befoin pour leurs

éxercices.

Les Académies de peinture & d'architecture ont obtenu cette grace en 1692. & celle des fciences, qui depuis fon établiffement avoit toûjours tenu fes. conferences dans la Bibliotheque Roiale, a eu un logement comme les autres dans le même Palais en 1699. de la maniere qu'il fera rapporté dans la fuite.

L'ACADEMIE

ROIALE

DES INSCRIPTIONS

ET DES BELLES LETTRES.

CE

Ette Académie a commencé en l'année 1663. fous le miniftere de JB. COLBERT.

La France jufqu'alors fembloit n'avoir pas encore été affez occupée du foin

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