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cun état, il prit l'habit eccléfiaftique, qu'il a porté jufqu'à la fin de fa vie, fans entrer dans les Ordres.

Le hazard, ou fon propre goût, Payant mis en quelque relation avec des Etrangers, dont le concours eft toujours fréquent à Paris, foit pour fe perfectionner dans la Langue Françoise, foit pour admirer ce qu'il y a de plus remarquable dans cette Capitale, il effaya de fe lier avec eux, & il fçut leur plaire par la vivacité de fon efprit & par le brillant de fes faillies. Il devint bientôt de leurs amis, de forte qu'ils ne voulurent point d'autre Maître que lui pour la Langue Françoife. Ils le pricrent de plus de leur fervir de guide dans les endroits de la Ville, qui méritoient l'attention des Cufieux.

Cette occupation ne lui parut d'abord qu'un fimple amufement; mais bientôt il s'apperçut que la

commiffion dont il fe chargeoit, étoit plus difficile à remplir qu'il ne l'avoit imaginé. Ce n'étoit pas affez de conduire ces Etrangers dans les endroits de la Ville les plus remarquables, il falloit de plus entrer dans le détail des dif ferentes beautés qui fe rencontroient dans les Ouvrages des grands Artistes, tant Architectes, que Peintres ou Sculpteurs. Brice, qui avoit de la hardieffe & une grande facilité d'expreffion, s'en tira d'abord affez bien avec ceux de fes écoliers, qui n'avoient pas plus de connoiffance que lui dans les beaux Arts; mais il rencontra plus de difficulté avec certains Etrangers, qui, quoique jeunes encore, en avoient eu quelque teinture. Il comprit que fans une étu de particuliere, il lui feroit impoffible d'entrer dans des détails, & que fouvent il préféreroit avec le public ignorant des morceaux purement d'éclat, à d'autres qui

avec moins d'apparence renfer moient cependant plus de beautés réelles.

Dèflors il confulta les Maîtres de l'Art, & il devint écolier luimême, pour être en état dans la fuite de faifir au premier coup, & de faire appercevoir ce que la magnificence de la Capitale contenoit de plus précieux. Le défir qu'il avoit de s'inftruire, lui fit faire de rapides progrès; mais rien ne contribua davantage à le perfectionner dans la connoiffance des beaux Arts, qu'un voyage qu'il fit en Italie, où fous la conduite des grands Maîtres, il étudia les riches modéles de l'antiquité.

Les provifions qu'il fit en conféquence de cette étude, le mirent en état à fon retour à Paris, d'être plus utile aux Etrangers qu'ii ne l'avoit pû être jufqu'alors. Il en retira auffi des avantages bien plus confidérables pour lui-même, & il ne fut pas long-tems à fe faire

une fituation fort aisée, furtout pour un homme feul, qui n'avoit nulle charge, nul embarras, & trèspeu de dépense à faire.

Ses Ouvrages contribuerent auffi beaucoup à augmenter l'aifance dont il joüiffoit. Je ne parle ici que de fa Defcription de Paris, dont la premiere édition qui parut en 1684, fut bientôt fuivie de plufieurs autres, de façon que dans un certain nombre d'années, il a pu en voir jufqu'à huit éditions, qui toutes ont été enlevées avec le plus grand empressement.

Avant que Germain Brice donnât la premiere édition de fon Ou vrage, nous en avions déja un à peu près dans le même goût, compofé par le P. du Breul, Religieux de l'Abbaye Saint Germain, fur les quel long-tems après M. le Maire compofa fon Ouvrage intitulé: Paris ancien & nouveau, &c. Celui-ci parut après l'Ouvrage de Brice; mais nile Livre de du Breul,

ni celui de le Maire, quoiqu'efti més en eux-mêmes, ne firent aucun tort à la réputation de l'Ouvrage de Brice. L'Auteur de la grande Hiftoire de la Ville de Paris, dit à ce fujet dans fa Préface, que Germain Brice plus brillant & plus actif que les deux autres (du Breul & le Maire) donnoit chaque jour un nouveau luftre à la Capitale du Royaume par fes Def criptions fi fouvent réimprimées. Quoique cet Auteur à chaque édition eût corrigé ce qu'il y avoit de défectueux dans les précédentes; cependant, comme dans la defcription d'une Ville telle que Paris, il eft difficile qu'il n'échappe quelque chofe aux recherches même les plus exactes, il com→ mençoit à travailler à une neuvié me édition, lorfque la mort le furprit. Il mourut paisiblement en 1727, dans fa foixante & quatorziéme année, & fut inhumé à S. Sulpice.

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