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tines & Grecques, caballarius, cavalier, eft expliqué par nexus, ἱωπεύς.

Mais, ce qui eft plus important que toutes ces étymologies, c'est d'obferver, contre le fentiment de Saumaife,que les Céleres n'étoient pas feulement la garde de Romulus,mais que ce nom fut donné fous les Rois à toute la cavalerie légionnaire. Denys d'Halicarnaffe, après avoir rapporté l'établissement des Céleres, ajoûte que ces trois cens cavaliers avoient pour Commandant un homme de grande confidération, fous lequel étoient trois centurions & d'autres officiers fubalternes; qu'ils fuivoient Romulus dans la ville, armés de piques, & exécutoient fes ordres; que dans la guerre ils couvroient le Prince, & combattoient auprès de fa perfonne; qu'ils avoient, dans les batailles, la principale part à la victoire, commençant les premiers le combat, & n'en fortant que les derniers, à cheval quand le terrein étoit propre à la cavalerie, à pied quand le lieu étoit rude & impraticable aux chevaux. Rien n'empêche que ces gardes du Roi ne fuffent en même tems attachés à une légion, & qu'ils ne fiffent la moitié des fix cens cavaliers des deux légions, qui furent fur pied fous le regne de Romulus; mais, après lui, ils cefferent de former la garde du Prince. Leur nom fe communiqua à tous les autres cavaliers. Pline & Feftus le font clairement entendre.

Plutarque,dans la vie de Numa, dit que la première action de ce Prince pacifique, fut de caffer la

compagnie des trois cens gardes, nommés Céleres. Numa fe perfuadoit, dit cet Auteur, qu'il devoit répondre à la confiance de fes fujets, par une confiance mutuelle, ou, s'il fe défioit d'eux, renoncer à la couronne. Cependant, il eft certain que les Céleres fubfifterent autant que les Rois. Nous voyons dans Denys d'Halicarnaffe, les Tribuns des Céleres, chargés par Numa lui-même de certains facrifices. Cet Hiftorien, d'accord avec Tite-Live, donne à Brutus le titre de tribun des Céleres, quand Tarquin fut chaffé de Rome. C'étoit, felon Denys d'Halicarnaffe, la plus grande dignité de l'État après celle du Roi; elle donnoit le droit d'affembler le peuple; & Brutus, que le Tyran n'en avoit revêtu que parce qu'il le croyoit imbécille, s'en dépouilla pour établir des Confuls. Pomponius, au Digeste, dit: Iifdem temporibus [ il parle des Rois ] Tribunum Čelerum fuiffe conftat. Is autem erat qui equitibus præerat, & veluti fecundum locum à Regibus obtinebat; quo in numero fuit Junius Brutus, qui auctor fuit Reges ejiciendi. Ce Tribun des Céleres étoit donc Commandant général de la cavalerie. On fit revivre cette charge dans la République, fous le titre de Magifter Equitum, toutes les fois qu'on créoit un Dictateur. Plutarque veut donc feulement dire que Numa ceffa d'avoir trois cens cavaliers pour fa garde; ils ne furent plus alors diftingués des autres cavaliers; & comme c'étoit la plus noble partie de la cavalerie, elle

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CÉLESTE, Cæleftis, (c) divinité appellée auffi Uranie. Elle étoit adorée à Carthage. On imploroit fon fecours dans les grandes calamités, fur tout dans les féchereffes pour obtenir de la pluie. Ifta ipfa virgo Cæleftis, dit Tertullien,pluviarum pollicitatrix. C'eft, en parlant de cette Déeffe & d'Efculape, que Tertullien fait aux Payens de fon tems, un défi bien hardi, mais bien glorieux au Christianisme, en déclarant que le premier-venu des Chrétiens obligera ces faux dieux d'avouer hautement qu'ils ne font que des démons; & en confentant qu'on faffe mourir fur le champ ce Chrétien, s'il ne vient à bout de tirer cet aveu de la bouche même de leurs dieux. Saint Auguftin parle fouvent auffi de cette divinité.

(a) Cicer. ad Amic. L. IX. Epift. 6.
(b) Tacit. Annal. L. IV. c. 65.
(c) Jerem, c. 7. V. 18. C. 44. V. 17.

» Célefte, dit-il, autrefois re»gnoit fouverainement à Car

thage. Qu'eft devenu fon regne » depuis Jefus-Chrift.? « C'est fans doute la même divinité que Jérémie appelle la reine du Ciel, à laquelle les femmes Juives avoient grande dévotion, lui adreffant des vœux lui faifant des libations, lui offrant des facrifices, & lui préparant de leurs propres mains des gâteaux, & dont elles fe vantoient d'avoir reçu toutes fortes de biens, pendant qu'elles étoient exactes à lui rendre ce culte; au lieu que depuis qu'il avoit ceffé, elles s'étoient vues accablées de toutes fortes de malheurs.

Baronius, qui parle fort au long de cette Déeffe, fous l'an de J. Č. 399, croit que c'étoit l'Aftarte des Sidoniens, qu'on appelloit la reine du Ciel. Cette même année 399, les Chrétiens de Carthage changerent le temple de Célefte en une Églife. Only repréfentoit portée fur un lion; & fi l'on en croit Capitolin, dans la vie de Pertinax, elle rendoit des oracles dans ce temple. Lucien Apulée, Hérodien & plufieurs autres témoignent que l'idole de Célefte portoit le nom de toutes les principales divinités du monde; c'est-à-dire, comme parle Saint Ambroise, que cette Déeffe étoit honorée par différens peuples, & en différens endroits fous différens noms.

Vers l'an 341, l'empereur Conf& feq. Roll. Hift. Anc. Tom. I. pag. 104, 105. Antiq. expl. par D. Bern. de Montf. Tom. I. pag. 407.

tantius fit ruiner à Carthage le temple de Célefte; & Héliogabale en fit apporter la ftatue à Rome. Comme on prétendoit que c'étoit la Lune, Héliogabale difoit qu'il la vouloit marier avec fon dieu, qu'on croyoit être le foleil. Il en fit célébrer les noces à Rome, & dans toute l'Italie, & obligea tous les fujets de l'Empire à lui faire des préfens de noces comme il avoit fait apporter de Carthage toutes les richesses du temple de Céleste pour avoir de quoi la parer.

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M. Fabreti croit que la déeffe Céleste eft Junon.

CÉLESTE [Harmonie ]. C'est une Harmonie, que quelques Philofophes fe font imaginés être produite par les aftres, & par leurs mouvemens 9 & que notre éloignement nous empêchoit d'entendre. Telle eft l'opinion de Platon, de Philon Juif, de Saint Auguftin, de Saint Ambroife, de Saint Ifidore, de Boëce & de plufieurs autres. Ils disent que le mouvement & l'impulfion des globes céleftes, qui fe pouffent par des intervalles diffemblables, forment des tons, dont la variété est tout-à-fait muficale. Il eft impoffible, felon eux, que des corps fi fpacieux gardent le filence, en fourniffant leur carrière avec tant de rapidité. L'air, frappé par la force de leur impulfion, rend nécessairement un bruit proportionné à la violence

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qu'il a foufferte. Ainfi, comme la fphere célefte eft mue avec une grande jufteffe par la main puiffante qui y préfide, & que tous les globes ne font pas tous le même circuit & ne roulent pas avec la même viteffe, les tons différens que produit la différence de leurs mouvemens, forment un concert admirable. Mais, cette opinion a été réfutée d'avance par Saint Irénée, & ensuite par Saint Bafile & Saint Épiphane. Elle tombe en effet d'elle-même, fi l'air, comme le fuppofent nos Phyficiens, ne s'éleve qu'à une certaine distance au-deffus de la terre.

CÉLESTES [ Corps ]. (a) Agrippa, rapportant les différen tes manières de conjurer les efprits, parle d'une entr'autres qui fe faifoit par le moyen des Corps Céleftes, dont on employoit la vertu pour chaffer ou pour attirer les efprits.

CÉLESTINUS, Cæleftinus, (b) furnom donné à Jupiter, au rapport de D. Bernard de Montfaucon.

CÉLÉSYRIE, Cœlefyria, (c) Konoupía, province d'Afie, qui faifoit partie de la Syrie, La Céléfyrie, proprement dite, étoit comprife dans les vallées formées par le Liban & par l'Anti-Liban, d'où elle avoit pris le nom de Syrie creufe; car, telle eft la fignification du Grec Kolan Supia. Ces

Mel. pag. 65. Plin. T. I. pag. 259,264. Ptolem. L. V. c. 15. Roll. Hift. Anc. Tom. I. p. 326. Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett. Tom. XXVIII. Pa Pomp.) 568. & fuiv,

(a) Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett. Tom. XII. pag. 51. (b) Antiq. expl. par D. Bern. de Moutf. Tom. II. pag. 191. (c) Strab. pag. 749. & feq.

vallées, felon Dom Calmet s'étendoient en longueur, du midi au feptentrion, depuis l'entrée d'Émath jufqu'au de-là d'Héliopolis, ou Baal - Bek. Denys le Géographe la renferme entre le Liban & le mont Cafius. Mais, dans un fens plus étendu on prend auffi la Céléfyrie pour tout le païs qui eft au midi de la Séleucie, & qui s'étend jufqu'à l'Égypte & l'Arabie. Jofephe met le pais d'Ammon dans la Céléfyrie; & Étienne de Byzance y place la ville de Gadare, qui eft à l'orient de la mer de Tibériade.

• Prolémée appelle Céléfyrie la partie de la Syrie comprise entre l'Anti-Liban, l'Arabie & le fleuve du Jourdain. Ce païs, qui s'étendoit du feptentrion au midi environ foixante lieues, & trente du levant au couchant, étoit trèsfertile & très-abondant dans une grande partie de fon territoire. Il y avoit plufieurs villes confidérables. Ptolémée en compte dixhuit, Héliopolis, Abila furnommée de Lyfanius, Gaana ou Gafana, Ina, Damas, Samulis, Abida, Hippus, Capitolias, Idara, Adra, Scythopolis, Gérafa, Pella, Dium, Gadora, Philadelphie, & Canatha.

La Céléfyrie fut conquife par les Macédoniens du tems d'Alexandre le Grand. Après la mort de ce Prince, elle appartint aux rois d'Égypte, qui eftimoient cette poffeffion plus que l'Égypte même. Mais, Antiochus, roi de Syrie, la leur enleva l'an de Rome 535; & depuis ils firent de vains efforts pour la reprendre.

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Lorfque ce païs fut foumis à la domination Romaine, par Pompée, plufieurs de fes villes regarderent cet événement comme une époque heureufe, d'où elles commencerent à compter les années dans leurs annales & fur les monumens. Cette Ére fut adoptée par les villes d'Abila, de Gadara, d'Hippus, de Dium, de Canatha de Pella & de Philadelphie. Le fait est constaté par les médailles de ces villes. Le cardinal Noris ne l'avoit obfervé que fur les médailles de Gadara, d'Hippus & de Philadelphie; depuis, on l'a découvert fur les médailles de quatre autres villes. La réduction de la Céléfyrie en province Romaine étoit donc un événement bien intéreffant pour ce païs. Le cardinal Noris en a examiné la date & les circonftances avec la fagacité & l'érudition, qui caractérisent tous fes ouvrages. A ces preuves, on peut en ajoûter de nouvelles tirées des monu

mens.

Les Séleucides, après de longues guerres civiles , ayant été chaffés du trône, chaffés du trône, le royaume de Syrie fut poffédé en partie par Tigrane, roi d'Arménie, & en partie par Arétas roi des Arabes. Les Princes des Juifs occuperent la portion de la Céléfyrie voifine de leurs États. Pompée, ayant vaincu Tigrane, le força, par le traité qu'il fit avec lui, de céder aux Romains le royaume de Syrie. Ce Général entra dans la Syrie à la tête d'une armée, fuivant Dion Caffius, fous le confulat de L. Céfar & de C. Figulus, l'an

de Rome 690, Il foumit ce royau. me dans la même année. Il fe rendit à Damas, que fes lieutenans avoient enlevée au roi Arétas, & parcourut la Céléfyrie, où il reçut les députations des villes de Syrie & de la Judée. La faifon étant fort avancée, les troupes furent mifes en quartier d'hiver.

L'année fuivante 691 de Rome, qui étoit l'année du confulat de M. Tullius Cicéron & de C. Antonius, Pompée, au commencement du printems, affembla fon armée, fe rendit à Apamée; delà il marcha par Héliopolis & par Chalcis, paffa la montagne pour defcendre dans la Céléfyrie, s'avança jusqu'à Pella, d'où il retourna à Damas. Il y entendit Hyrcan & Ariftobule, princes des Juifs, fur leurs différends; mais, offenfé de la retraite d'Aristobule, il marcha contre lui, entra dans la Judée, fut reçu dans la ville de Jérufalem, & emporta d'affaut le temple après un fiege de trois mois. Pompée irrité de cette longue réfiftance, diminua la puiffance des Juifs; il rendit la ville de Jérufalem tributaire des Romains, lui ôta les villes, que les Juifs avoient conquifes dans la Çéléfyrie, ordonna qu'elles feroient gouvernées par leurs propres Magiftrats. La ville de Gadara ayant, quelque tems auparavant, été ruinée, il la fit rebâtir en faveur de Démétrius fon affranchi, qui en étoit originaire. Il rendit à leurs anciens habitans les villes d'Hippus, de Pella, de

(a) Tit. Liv. L. XXXI. c. 40.

Dium & quelques autres. Pompée ayant ainfi réglé les affaires de la Céléfyrie, en laissa le gouvernement à Scaurus, partit de l'Orient & fe rendit à Rome.

Les villes de Céléfyrie acquirent, fous le nouveau gouverne¬ ment, de grands avantages; les unes le rétabliffement de leurs citoyens, les autres l'autonomie, & toutes une espèce de liberté, qu'elles avoient perdue fous la domination des Juifs, ou par les vexations des Arabes. Plufieurs de ces villes, par reconnoiffance d'un changement fi heureux, & pour en perpétuer la mémoire, établirent une Ére, de laquelle on compta la fuite des années, dont l'époque primitive fut fixée à l'année Syrienne, qui avoit commencé à l'automne de l'an de

Rome 690 avant l'Ére Chré

tienne 64.

Dom Calmet remarque que dans l'Écriture on ne diftingue la Céléfyrie par aucun nom parti culier. Elle eft comprife fous le nom général d'Aram; & peut être que la Syrie de Soba ou Aram Soba, s'étendoit dans la Céléfyrie. Je ne fçais pourtant, ajoûte Dom Calmet, fi on en a de bonnes preuves; car, nous ignorons où étoit la ville de Soba donnoit le nom à Aram de Soba; à moins que ce ne foit la même que Hoba, marquée dans la Génèfe, ou Chobal, comme lifent les Septante, d'où l'on a fait Aby. la, à l'entrée de la Céléfyrie.

qui

CÉLETRE, Celetrum, (a)

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