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(a) torrent de Paleftine, qui cou

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loit dans une vallée à l'orient de Jérufalem, entre cette ville & le mont des Oliviers, & qui alloit fe décharger dans la mer Morte. Heft ordinairement affez peu rempli d'eau; fouvent, il n'en a point du tout. Mais, lorfqu'il fait des orages, ou qu'il tombe de groffes pluies, il eft fort enflé, & coule avec beaucoup d'impétuofité. Quelques-uns ont cru que le nom de Cédron lui venoit de la quantité de cedres qui étoient diton, plantés fur fon rivage. Mais, on n'a aucune preuve de ce fait ; & le nom de Cédron vient plutôt de l'obfcurité de ce torrent, qui coule dans une vallée profonde & qui étoit autrefois ombragée de beaucoup d'arbres ou des égoûts de la ville, qui s'y déchargeoient. Il pourroit auffi venir d'une racine Arabe, qui fignifie être fali. La vallée de Cédron, fur tout dans fa partie méridionale, étoit comme la voirie de Jérufalem.

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'Ceux, qui prétendent que les bords de Cédron, ainfi que la vallée où il couloit, étoient anciennement couverts de cedres, difent que Salomon, après la mort de David, les fit tous couper, pour en construire le temple & fon palais; & que ce Prince, voyant qu'il n'en auroit pas affez, pria Hiram, roi de Tyr, de permettre qu'il en fit couper fur le mont Liban. Les cedres de cette

vallée ayant été abatus, on la

(a) Reg: L. III. c. 15. Joann. c. 18. v. I.

remplit de beaux vergers de figuiers, citronniers, orangers, & de quantité d'autres arbres trèsagréables à la vue, & qui portoient des fruits délicieux. Les malheurs de la guerre ont défolé & détruit toutes ces beautés, & on n'y voit préfentement à leur place que des ronces, des buif fons, des halliers, & une terre fi ingrate, qu'elle n'eft femée que

de cailloux.

On y avoit autrefois dreffé la ftatue de Priape, dieu des jardins, à qui tous les ans les dames de Jérufalem facrifioient un âne. Afa, roi de Judée, la fit brûler, & en fit jetter les cendres dans le torrent. Manafsès y avoit fait bâ tir un temple à Baal, où il facrifioit à l'idole de Moloch, & y pu rifioit les enfans.

Cendébée, lieutenant d'Antio chus, fils de Démétrius, y fit bâtir une très-belle fortereffe, pour tenir les Juifs fi ferrés, qu'ils ne puffent fortir de Jérufalem, ni recevoir aucun fecours. Mais, Judas & Jean, fils de Simon Maccabée, l'attaquerent avec tant de vigueur, qu'ils s'en rendirent les maîtres. Judas y fut un peu bleffé; mais, il s'en vengea fur la garnifon, qu'il fit paffer au fil de Pépée.

Il eft rapporté dans l'Écriture Sainte, que David fuyant la perfécution de fon fils Abfalom, paffa le torrent de Cédron nus pieds; figure de ce qui arriva long-tems après; car, Jesus-Chrift

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le paffa auffi le jour de la Cene après avoir inftitué la fainte Euchariftie.

CEDRON, Cedron, Kapoor, (4) ville de la Palestine, fituée du côté des Philiftins, fur le chemin d'Azot. On lit, au premier livre des Maccabées, que Cendébée la rebâtit. C'est de ce même lieu qu'il faut entendre ce qu'on lit dans un autre endroit du même Livre, dans quelques éditions de la Vulgate: Et mandavit ei adificare Gedorem...... & cæpit irritare plebem, & conculcare Judæam, & captivare populum, & interficere, & ædificare Gedorem. Nous avons dit quelques éditions; car, la Vulgate, imprimée avec les notes de Vatable,

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met Cedronem dans les deux endroits cités auffi-bien que les Septante. Le pere Bonfrerius conclut de cette diverfité de leçons, que cette ville de Cédron n'eft point différente de celle qui eft nommée ailleurs par Jofué, Cador, Cédor, Gador & Gedera, ville de la tribu de Juda.

CÉDROPOLIS, Cedropolis. (b) On lit dans le traité d'Ariftote fur les animaux , que dans cette partie de la Thrace, qui a été nommée Cédropolis, les hommes ont une espèce de fociété avec les éperviers pour chaffer. On lit de même dans un livre attribué à ce Philofophe: » Vers la Thrace, » qui eft au-deffus d'Amphipo»lis, il y a une chofe, qui pa» roît étrange à ceux qui l'igno

"

(a) Maccab. L. I. c. 15. V. 39, 40. c. 16. v. 9. Jofu, c. 15. v. 36.

» rent. Des enfans fortent des » villages & chaffent dans la » campagne voifine par le fecours » des éperviers; car, ayant trou» vé un bon endroit, ils appellent » les éperviers par leur nom; & »ils viennent auffi-tôt & chaffent » le gibier vers les buissons. En» fuite,les enfans le frappent avec » des bâtons & le prennent ; & » ce qu'il y a d'étonnant, c'est » que les éperviers, ayant pris » les oifeaux, les rejettent aux »oiseleurs, qui leur en donnent » leur part. "

On voit bien que Pline a copié ce dernier ouvrage, quand il a dit: In Thraciæ parte fuper Amphipolim homines atque accipitres focietate quadam aucupantur. La conformité, qui fe trouve entre ces deux Auteurs, a fait croire à quelques-uns qu'il falloit corriger le texte du traité des animaux d'Ariftote, & lire A'ións, au lieu de Ked poóns. C'est peutêtre le feul endroit de tous les Anciens, où fe life le nom de Cédropolis. Gefner, qui l'a cité comme les autres, dans fon traité des animaux, ajoûte que les Auteurs mettent Cédropolis dans la Carie. Il fe trompe, & la fource de fon erreur, c'eft apparemment d'avoir trouvé dans Étienne de Byzance, la ville de Cédrées, Kepeat πόλις Καρίας. Si, au lieu de lire les deux premiers mots féparément, on les joint en un feul mot, il s'en forme un, qui reffemble un peu à Cédropolis;

(b) Plin. T. I. p. 550.

mais, ce font deux mots différens; l'un eft le nom propre, l'autre le nom appellatif.

CÉDROSIE, Cedrofia. Voyez Gédrofie.

CÉDROSIENS, Cedrofii. Voyez Gédrofiens.

CEDRUS, Cedrus, Képos, (a) fleuve d'Europe dans la Myfie. Il eft parlé de ce fleuve dans Dion Caffius; mais, il faut lire Cébrus. Voyez Cébrus.

CÉE, Čea, ou Ceos, Kéoç. (b) ifle de la mer Égée, entre l'isle de Cythne & le promontoire de Sunium, fitué à l'extrêmité de la pointe méridionale de l'Attique.

Quelques Auteurs Latins, au rapport de Pline, l'appelloient Céa, & les Auteurs Grecs Hydruffe. Selon le même, elle avoit fait autrefois partie de l'ifle d'Eubée, & avoit été longue de cinq cens ftades. Mais, Pline obferve que la mer en avoit emporté près de quatre parties du côté de la Béotie; qu'il ne lui reftoit que deux villes, fçavoir Iulis & Carthée; que Coreffe & Pœëeffe ne fubfiftoient plus; & qu'au rapport de Varron c'étoit de-là qu'étoit venue une forte d'étoffe fort délicate pour les habits de fem

mes.

Les mots Coa & Cea ont été facilement confondus par les Copiftes, & on les trouve en plus d'un endroit l'un pour l'autre dans

(a) Dio. Caff. p. 461.

(b) Herod. L. VIII. c. 76. Strab. pag. 486, 487. Plin. T. I. p. 210, 211, 604. Ptolem. L. III. c. 15. Tit. Liv. L. XXXI. c. 15. Mém. de l'Acad. des Infcript, & Bell. Lett. Tom. XIII. p. 253.

les poëfies de Tibulle, de Properce & ailleurs. Le nom moderne de cette ifle est Zia.

CÉÉLATHA, Ceelatha, (c) Maxema, l'un des campemens des Ifraëlites dans le défert. Au sortir de Ressa, ils allerent à Céélatha. Dom Calmet croit que c'eft la même que Ceilat, ou Ceilath, ville au midi de Juda. Quand on dit que les Ifraëlites allerent à Céélatha, il faut entendre fimplement qu'ils allerent dans le défert, qui étoit aux environs de cette ville.

CÉGLUSE, Ceglufa, (d) Κηγλούσα, epoufa Neptune, duquel elle eut Afope, qui donna fon nom au fleuve Afope.

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CEILA, Ceila, Ket aμ, (e) ville de Judée dans la tribu de Juda. Eufebe la met à dix-fept milles d'Eleuthéropolis, du côté d'Hébron. Saint Jérôme ne la met qu'à huit milles d'Hébron. On dit qu'on y montroit le tombeau du prophete Habacuc.

CEINTURE, Cingulum, (f) Zarn, lifière de foie, de laine, de cuir, ou d'autres matières, que l'on attache au tour des reins.

L'ufage des Ceintures eft fort ancien. Il étoit d'autant plus néceffaire chez les Grecs & chez les Romains, que leurs habits étoient fort larges. Les Magiftrats portoient des Ceintures auffi-bien le peuple. Elles étoient encore

(c) Numer. c. 33. v. 23. (d) Pauf. p. 107.

(e) Jofu. c. 15. v. 44.

que

(f) Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett. Tom. III. p. 271, 272. Tum, |IV. p. 245, 246. T. VI. p. 737.

néceffaires aux Voyageurs, fur tout chez les Orientaux, qui portoient des habits incommodes par leur longueur & leur amplitude. Ceux qui couroient dans les jeux Olympiques, fe fervoient d'abord de Ceintures; mais, la première année de la 35e Olympiade, Hippomène, Archonte d'Athènes, leur fit défenfe de courir avec une Ceinture; enforte que depuis, les coureurs fe dépouillerent pour courir.

Comme c'étoit une marque d'honneur aux Magistrats de porter la Ceinture, & une peine & une marque d'infamie de ne pouvoir s'en fervit, le Prince ufoit fouvent de cette punition contre ceux qui avoient prévariqué dans leurs charges.

La Ceinture n'étoit pas moins à l'ufage des femmes que des hommes. Les dames Romaines s'en fervoient, foit pour relever leurs robes, foit pour en fixer les plis. Il y avoit de la grace à foûtenir, à la hauteur de la main, le lais du côté droit, ce qui laiffoit le bas de la jambe à découvert ; & une négligence outrée à n'avoir point de Ceinture & à laiffer tomber fa tunique. De-là ces expreffions Latines difcinéti, altè cinéti, pour défigner un homme indolent ou alerte. Mécène ayant témoigné peu d'inquiétude fur les derniers devoirs de la vie, perfuadé que la nature prend foin elle-même de notre fépulture, Séneque dit de lui, altè cinctum dixiffe putes; » Vous croiriez que celui » qui a dit ce mot, portoit fa » Ceinture bien haut. « Gardez

vous dit Sylla en parlant de Céfar, d'un homme dont la Ceinture eft trop lâche.

Il y avoit chez les Celtes une Ceinture, qui fervoit, pour ainfi dire, de mefure publique de la taille parmi les hommes. Comme l'État veilloit à ce qu'ils fuffent alertes, il puniffoit ceux qui ne pouvoient pas la porter.

L'ufage des Ceintures a été fort commun dans nos contrées ; mais, les hommes ayant ceffé de s'habiller en long, & pris le jufte-aucorps & le manteau court, l'ufage s'en eft reftreint peu à peu aux premiers Magiftrats, aux gens d'Églife, aux religieux & aux femmes; encore les femmes n'en portent-elles prefque plus aujourd'hui; que les robes lâches font devenues communes, malgré les Eccléfiaftiques, qui fe récrierent beaucoup contre cette mode, qui, laiffant aux femmes, à ce qu'ils croyoient, la liberté de cacher les fuites de leurs fautes, pronoftiquoit un accroiffement de diffolution.

Nous avons autrefois attaché, ainfi que les Anciens, une marque d'infamie à la privation de la Ceinture. Les banqueroutiers &· autres débiteurs infolvables étoient contraints de la quitter. La raifon de cet ufage eft que nos ancêtres attachant à leur Ceinture une bourse, des clefs, &c. la Ceinture étoit un fymbole d'état & de condition, dont la privation de cette partie du vêtement. indiquoit qu'on étoit déchû. L’Hiftoire rapporte que la veuve de Philippe, premier duc de Bour

gogne, renonça au droit qu'elle avoit à fa fucceffion, en quittant fa Ceinture fur le tombeau du Duc.

La diftinction des étoffes & des habits fubfifta en France jufqu'au commencement du quinzième fiecle. On a un arrêt du parlement de Paris de 1420, qui défend aux femmes prostituées la robe à collet renversé, la queue, les boutonnières & la Ceinture dorée; mais, les femmes galantes ne fe foumirent pas long-tems à cette défenfe. L'uniformité de leur habillement les confondit bientôt avec les femmes fages; & la privation ou l'ufage de la Ceinture n'étant plus une marque de diftinétion, on fit le proverbe : Bonne renommée vaut mieux que Ceinture dorée.

CEINTURE DE VIRGINITÉ. (a) C'étoit la coûtume chez les Grecs & chez les Romains, que le mari dénoüât la ceinture de fa femme le premier foir de fes

noces.

Homère, dans fon Odyffée, appelle cette Ceinture, Пaptevíur, Car, Ceinture virginale,

Feftus rapporte qu'elle étoit de laine de brebis, & que le mari la délioit, lorsqu'il étoit dans le lit avec fa femme. Il ajoûte qu'elle. étoit nouée d'un noeud fingulier, qu'on appelloit le noeud d'Hercule, & que le mari le défaifoit, comme un préfage qui lui promettoit autant d'enfans, qu'Hercule en avoit laiffé en mourant ;

(a) Homer. Odysf. L. XI.

& il en avoit laiffé foixante-dix. CEINTURE DE VÉNUS. (b) Les Poëtes attribuent à Vénus une espèce de Ceinture, qu'ils appellent Cefte. Ils y attachent le pouvoir d'inspirer de l'amour, & de charmer les cœurs. C'eft dans ce fens que Boileau a dit :

On diroit que pour plaire, inftruit par la nature,

Homère ait à Vénus dérobé fa Cein

ture.

Ce poëte Grec donne une trèsbelle defcription de cette Ceinture de Vénus. » Elle détacha, dit» il, fa Ceinture, qui étoit d'un » tiffu admirablement diverfifié. » Là fe trouvoient tous les char» mes les plus féducteurs, les at» traits, l'amour, les défirs, les » amusemens, les entretiens fe»crets, les innocentes trompe»ries, & le charmant badinage » qui, infenfiblement furprend » l'efprit & le cœur des plus fen» fés. Elle remet à Junon cette » Ceinture, & lui dit: Recevez » ce tiffu, & le cachez dans votre » fein; tout ce que vous pouvez » défirer s'y trouve; & par un » charme fecret qu'on ne peut » expliquer, il vous fera réuffir » dans toutes vos enterprises. «<

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Quelle idée, dit Madame Dacier, d'avoir ramaffé tout ce qui peut infpirer de l'amour, & d'en avoir fait une Ceinture, qui perfuade, & qui féduit les cœurs par une espèce d'enchantement!

CEINTURRE CHEZ LES

&feq. Mém. de l'Acad. des Infcript. (b) Homer. Iliad. L. XIV. v. 214. & Bell. Lett. T. III. p. 271, 272.

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