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on ne

favantage du bois, qui, étant trop tendre & caffant, n'a ni la force, ni la folidité requise pour la charpente; il fe rompt par fon propre poids, lorfqu'il y eft employé. Si le Chêne fe trouve au contraire fur les crêtes des montagnes, dans des terres maigres, feches ou pierreufes, où il croît lentement, s'éleve, peut & veut être coupé fouvent; fon bois alors étant dur, pefant, noueux, peut guere l'employer qu'en charpente, & à d'autres ouvrages groffiers. Enfin, cet arbre fe refufe rarement, & tout au plus dans la glaife trop dure, dans les terres baffes & noyées d'eau, & dans les terreins fi fecs & fi légers, fi pauvres & fi fuperficiels, que les arbriffeaux les plus bas n'y peuvent croître. C'est même la meilleure indication fur laquelle on puiffe fe régler, lorfqu'on veut faire des plantations de Chê

ne.

(a) Voici comme Plutarque parle des avantages du Chêne au fujet d'une victoire remportée par Marcius, furnommé Coriolan. » Le Général, dit-il, le couronna » des prémices d'une couronne » de Chêne; car, c'eft la coutû»me des Romains d'honorer de » cette couronne celui qui a fauvé » à la guerre un citoyen, foit » qu'on ait voulu par là faire » honneur au Chêne à caufe des » Arcadiens qui ont été appellés » mangeurs de gland par l'oracle » d'Apollon, foit parce que le » Chêne étant un arbre fort com

(4) Plut. T. I. p. 214.

» mun,

les Généraux d'armée » trouvent par tout de quoi ré» compenser la valeur ; foit enfin » qu'on ait trouvé qu'il n'y avoit » pas de couronne plus convena» ble à celui qui avoit fauvé la » vie à un citoyen, qu'une cou>> ronne de Chêne qui est con» facré à Jupiter

patron & >> confervateur des villes. D'ail » leurs, le Chêne eft le plus fer>> tile de tous les arbres fauvages; » & parmi les arbres francs, il » n'y en a point de fi fort & de » fi robufte. Les premiers hom» mes en tiroient leur pain & leur » boiffon, c'est-à-dire, le gland » & le miel, & il leur fournissoit » auffi pour viande la plupart des >> bêtes & des oifeaux, en leur » donnant le gui de Chêne dont » on fait la glû fi utile pour la >> chaffe.<<<

Plutarque s'amufe à rechercher ici les raisons, qui ont fait choisir le Chêne pour couronner ceux qui avoient fauvé la vie à un citoyen, & il en rapporte quatre. La troifième paroît la plus vraifemblable;& c'eft celle que Pliné femble adopter. On pourroit dire aufli que comme le Chêne eft l'arbre qui vit le plus long-tems, on voulut marquer,par le choix de cette couronne, que la gloire d'avoir sauvé un citoyen, étoit plus durable que celle qui venoit de toute autre action. Cette couronne procuroit de grands privileges; celui qui en étoit honoré, avoit droit de la porter toujours; quand il entroit aux jeux publics, le Sé

nat fe levoit pour lui faire honneur; il avoit fa place près des Sénateurs, & fon pere & fon ayeul paternel jouiffoient de toutes fortes d'immunités comme luimême. Voilà une politique bien fage & bien utile à l'État.

CHENE, Chene, Xava, (a) ville dont parle Ézéchiel. Dom Calmet croit que c'est la même que Chalanné.

CHENES, Chenæ, Xỹvai. (b) Paufanias dit que c'étoit autrefois un bourg du mont Eta.

CHÉNIDAS, Chenidas, (c) Xídas, nom d'un interlocuteur d'un Dialogue de Lucien.

CHENISQUE, Chenifcus, Xvionos, (d) espèce d'ornement que les Anciens mettoient fur la pouppe de leurs vaiffeaux, felon Lucien.

Ce terme eft dérivé du Grec Xur, Xuvis, Anfer, Anferis, une oie; c'est parce que le Chénifque avoit la tête & le cou d'une oie, comme on le voit fur les monumens.

Nous venons de dire, d'après Lucien, qu'on plaçoit cet ornement fur la pouppe; mais, l'Etymologique veut qu'on le mît fur la proue, quoique felon lui, d'autres difent qu'il étoit fur la pouppe; voici fes paroles : » Le » Chénifque ou la petite oie eft » une partie de la proue, où l'on »pend les ancres; c'eft - là le >> commencement de la carène. » Il y en a qui croyent que c'est

(a) Ezech. c. 27. v. 23. Genes. c. 10.

V. IO.

(b) Pauf. p. 655.

(e) Lucian. T. II. p. 745. & feq.

» le plus haut de la pouppe, à >> l'endroit où fe joignent & s'at» tachent les parties du navire. » On l'appelle Chénifque ou pe»tite oie, parce que ceux qui fa» briquent des navires, mettent » au plus haut lieu la tête d'une "oie, en forte que le navire ref» femble à une oie. Ils font peut» être cela comme pour tirer un » bon augure, de peur que le na» vire ne coule à fond; & afin >> qu'il aille comme les oies, qui » nagent fur les eaux fans aucun » péril.« Ce que dit ici l'Étymologique, que la petite oie étoit fur la proue

peut avoir eu lieu quelquefois; car, quoique nous la voyons toujours fur la pouppe dans les navires que l'antiquité nous a tranfmis, il peut fe faire que d'autres,que nous n'avons pas vus, l'avoient fur la proue. Apulée dit dans fon navire d'Ifis: La » pouppe qui faifoit un grand tour » avec fon Chénifque, étoit re» vêtue de feuilles d'or & toutes » brillantes. «

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» quinze jours fur le mont Ché»nius, au haut duquel les pre» miers, qui apperçurent la mer, » furent fi tranfportés de joie, & » jetterent de fi hauts cris, que » l'avant-garde de l'armée qui » étoit à portée de les entendre, » s'imagina qu'ils voyoient les en» nemis, & fe mirent auffi - tôt » fous les armes. Mais, dès qu'ils » furent tous montés, & que la » mer se découvrit en effet à eux, » ils leverent les mains au ciel, & » rendirent graces aux dieux,com» me fi leur voyage étoit fini, & » qu'ils n'euffent plus rien à crain "dre. Dreffant là un autel com» pofé de grandes pierres, qu'ils » avoient apportées des environs, » ils poferent deffus les dépouilles » des barbares, comme un monu»ment immortel des avantages » qu'ils avoient remportés fur » eux. Ils firent préfent à leur » guide d'une coupe d'argent & » d'une robe de Perfe. Ce guide » leur indiqua encore le chemin » qui conduifoit chez les Ma»crons, après quoi il s'en retour

»na. «

Ce paffage peut fervir à faire connoître la pofition du mont Chénius.

CHENNIS, Chennis, lieu d'Égypte dont parle Plutarque dans fon traité d'Ifis, & qu'il dit avoir été peuplé de pans & de fatyres. Ortélius croit que c'eft Chemmis.

CHEOPS, Cheops, Xo, (a) fuccéda à Rhampfinitus au

royaume d'Égypte. Ce fut le huitième fuccefleur de Remphis. Chéops s'abandonna à toutes fortes d'injuftices. Il fit d'abord fermer les temples, & défendit fur tout aux Égyptiens d'offrir des facrifices. Il leur commanda enfuite de ne travailler que pour lui; il en employa quelques-uns à travailler aux carrières du mont d'Arabie, & à traîner de -là jusqu'au Nil, toute la pierre qu'ils en tiroient. Il occupa les autres à la faire paffer de l'autre côté du fleuve, & à la conduire jusqu'à la montagne de Libye. Il y avoit ordinairement cent mille hommes, qui étoient employés à une befogne fi fâcheufe, & on les changeoit de trois en trois mois. Le peuple fut gêné dix ans entiers par ce travail, qui, au rapport d'Hérodote, ne le vexa pas moins que le bâtiment de la pyramide, qui avoit de profondeur cinq ftades, de largeur dix toifes, & de hauteur huir toifes, & étoit faite de pierres de taille gravées de diverfes figures d'animaux. On employa dix ans à la bâtir avec les lieux fouterreins dé la colline, où étoient les pyramides que Chéops fit faire pour fa fépulture, comme dans une ifle, parce qu'il fit paffer le Nil à l'entour. Ainfi, l'on employa vingt ans à bâtir cette pyramide, qui étoit de figure quarrée, dont chaque face avoit quatre-vingts pieds de large,& autant de hauteur, & qui étoit faite de pierres bien taillées & bien liées en

(a) Herod. L. II. c. 124. & feq. [des Inscript. & Bell. Lett. Tom. XIX. Diod. Sicul. pag. 39, 40. Roll. Hift. p. 20, 132,

Anc. T. I. p. 77, 78. Mém. de l'Acad.

Tom. X.

K k

femble, n'y en ayant aucune qui n'eût au moins trente pieds de long.

aux

Les prodigieufes dépenfes qu'il fallut faire pour cet édifice, furent caufe que Chéops qui manquoit d'argent, fe laiffa aller jufqu'à proftituer fa fille, pour en tirer tout le gain qu'il pourroit. Cette Princeffe non feulement exécuta le commandement de fon pere, mais elle fongea encore moyens de laiffer quelque monument qui la rendît célebre aux fiecles fuivans. C'est pourquoi, elle pria chacun de ceux qui la venoient voir, de lui donner une pierre pour faire un bâtiment qu'elle défignoit. Hérodote dit qu'on bâtit de ces pierres, une pyramide qui étoit au milieu de trois autres, vis-à-vis de la grande, & qui avoit de chaque côté cent cinquante pieds. Ce Chéops, fuivant les Égyptiens, regna cinquante ans. Son regne avoit commencé vers l'an 880 avant Jefus-Chrift.

Ce Prince eft le même que Diodore de Sicile nomme Chemmis. Il eut pour fuccefleur Chéphren fon frere.

&

regna

cin

CHÉPHREN, Chephren, (a) Xeepйv, frere de Chéops, roi d'Elui fuccéda, gypte, quante-fix ans. Il fit bâtir une pyramide comme fon prédéceffeur. La mémoire de l'un & de l'autre étoit fi odieufe aux Égyptiens, qu'ils évitoient de prononcer leur

(a) Herod. L. II. c. 127, 128. Diod. Sicul. pag. 40. Roll. Hift. Anc. T. I. p. 77, 78. Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell, Lett. Tom. XIX, p. 30, 132.

nom, & foûtenoient que les pyramides avoient été édifiées par le berger Philifton, qui en ce temslà gardoit fes troupeaux en cet endroit. Diodore de Sicile appelle ce roi Céphrès, & dit que quelques-uns, quile nommoient Chabryis, foûtenoient qu'il étoit fils & non pas frere de Chemmis. Il commença à regner l'an 830 avant Jefus Chrift.

CHERA, Chera, Xupa, épithete, que l'on donnoit à Junon. Cette épithete fignifie veuve; c'eft parce que Junon avoit été abandonnée de Jupiter. Téménus avoit bâti un temple à Junon Chéra.

CHÉRÉA, Charea, (b) perfonnage de l'Eunuque de Térence. Ce poëte le fait fils de Lachès, & amant de Pamphila.

CHÉRÉAS, Chareas, (c) Xapéas, Athlete Sicyonien. Il avoit une statue à Olympie, parce qu'encore enfant, il avoit eu le prix du pugilat. L'infcription portoit qu'il étoit fils de Chérémon, & que celui, qui avoit fait la ftatue, étoit Aftérion, fils d'Efchyle.

CHEREAS, Chareas, (d)

Xx péas, capitaine Thébain. Comme il gardoit le paffage du côté d'Ambryfle avec quelques troupes, il fut tué par Cléombrote, roi de Sparte.

CHÉRÉAS, Chareas, Xxpéas, hiftorien Grec, dont Poly-. be parle avec un extrême mépris. Il dit, par exemple, qu'on doit

(b) Terent. T. I. p. 255.
(c) Pauf. p. 347.
(d) Pauf. p. 561.

confidérer ce que Chéréas avance avec certains Hiftoriens, comme on regarde les fables inventées dans la boutique d'un barbier. On ne fçait point en quel tems a vécu cet hiftorien Grec.

CHÉRÉAS, Chereas, Xxpeas, capitaine, qui abandonna le parti de Ptolémée, pour se ranger du côté d'Antiochus.

CHÉRÉAS, Chaæreas, (a) Xapéas, certain perfonnage, dont il eft fait mention au quarantième livre de Tite-Live. Il vivoit fous l'an 179 avant J. C.

CHÉRÉAS, Chareas, (b) Xapeas, frere de Timothée, commandoit dans la fortereffe de Ga

zara

vers l'an 154 avant l'Ére Chrétienne. Cette fortereffe ayant été réduite, il prit la fuite avec fon frere Apollophanes. Ils allerent fe cacher en une certaine foffe, où ils furent découverts & tués par les Maccabées.

CHÉRÉAS, Chareas, (c) Xx péas, l'un des perfonnages du Dialogue de Lucien, intitulé Lexiphane. C'étoit un orfevre ou un ouvrier qui travailloit en or.

CHÉRÉAS, Chareas, (d) Xipéas, perfonnage imaginaire, que Lucien fait amant d'une courtifanne, qu'il appelle Mufarium.

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Chéréficrate, au lieu de Chéré

crate.

CHÉRÉE, Cheraus, ville de la baffè Égypte fur le Nil, felon Procope. Il remarque que le Nil n'alloit pas jufqu'à Alexandrie; mais qu'après avoir arrofé Chérée, il tournoit à gauche & s'éloignoit du territoire d'Alexandrie. Il ajoûte que les Anciens, pour n'être pas privés de la commodité de ce fleuve, ont creufé depuis Chérée jufqu'à Alexandrie, un canal où fe décharge l'eau du lac Maris. Procope fe trompe, il

devoit dire Maréotide. Ortélius croit c'eft la mêque me ville que Chéropolis d'Étienne de Byzance, & que la Chercu d'Antonin, C'est en effet de la forte qu'on lit dans l'exemplaire du Vatican; d'autres portent Céreu, ce qui marque qu'il faut lire Chéreu. Ce lieu étoit à vingt-quatre milles de Hiéropolis, & à vingt d'Alexandrie.

CHÉRÉLEUS, Chareleus , Xe spéNews, (f) l'un des trente tyrans, qui furent donnés aux Athéniens par les Lacédémo

niens.

CHÉREM, Cherem, anathême. Les Hébreux diftinguent trois fortes d'anathêmes ou excommunications. La première fe nomme Niddui, féparation, la moindre excommunication. La feconde s'appelle Cherem, la grande excommunication, ou l'anathême; & la troisième, Schammatha,

(d) Lucian. T. I. p. 721. & feq.
(e) Xenoph. p. 719.
(f) Xenoph. p. 461.

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