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ger les Han à lever le fiége, mais il fut repouffé avec Après J. C. une perte confidérable; quelques-uns de fes Généraux fu- vi Yn.ti. rent faits prifonniers. Ki-hiun vint se rendre aux Han avec L'an 949. mille hommes. Alors Kuo-goei attaqua. plus vivement la place, il emporta les murailles. Li-cheou-tchin qui fe vit fans efpérance, fe précipita dans le feu avec fa femme & fes enfants, la ville fut prife. On arrêta le Bonze, qui fut conduit à Ta-leam, où la populace le mit en piéces dans la place publique.

Si-gan-fou dans laquelle Tchao-fie-kuon s'étoit révolté, étoit expofée à de plus grands maux par la cruauté du rebelle. Il prenoit les femmes, les filles & les enfants des habitans & les diftribuoit à ses troupes pour les manger. Ce n'étoit pas la néceffité qui le portoit à ces excès. Il les donnoit à fes foldats comme des récompenfes & une augmentation de paye. Il fe plaifoit à faire fervir fur fa table le foye de ces malheureufes victimes; mais enfin l'exemple du rebelle qui venoit d'être foumis, & la crainte du châtiment qu'il méritoit, lui firent prendre le parti d'envoyer un officier à l'Empereur : il obtint le gouvernement de Hoa - tcheou. Mais lorfqu'il fortit de Sigan-fou pour venir recevoir l'ordre de l'Empereur qu'on lui apportoit, Kuo- tçong - y avec quelques troupes s'empara des portes de la ville, & le fit arrêter. Il eut la tête coupée dans la place publique avec trois cens de fes gens. Après que le Chenfi eut été ainsi pacifié, Kuogoei revint à la Cour où on l'éleva à de plus grandes dignités. Il ne reftoit plus à foumettre dans cette province que Fong-tciang-fou, dans laquelle Vam-kim-tçung s'étoit renfermé. Tchao-hoei la tenoit étroitement affiégée: Vamkim-tçong, malgré les représentations de fes officiers qui lui confeilloient de fe rendre, perfifta toujours dans fa révolte. Il voulut faire une fortie, mais ayant été repouffé, il fe brûla lui-même, & tous fes officiers vinrent fe rendre.

Ces trois revoltes avoient obligé la Cour de veiller plus attentivement au gouvernement de l'Empire; mais forf qu'elles furent appaifées, l'Empereur & fes Miniftres com

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Yn-ti.

mencerent à fe conduire avec plus de hauteur, les affaires furent négligées, on n'écouta point les fages confeils L'an 949. de l'Impératrice, ni ceux de quelques officiers, & cette paix devint plus. dangereufe pour la Dynaftie des Han, que ne l'avoit été la guerre. Il en eft fouvent des Empires comme des hommes: leur vertu brille dans l'adverfité, la profpérité fait paroître leurs vices.

L'an 950.

Les Kitans, qui depuis quelque tems avoient été affez tranquilles, envoyerent Tchong-kuei, ancien Empereur des Tçin, qu'ils retenoient toujours prifonnier, à Kientcheou, où ils lui affignerent des terres, enfuite ils vinrent faire des courfes fur les frontieres de la Chine. Kuo-goei fut chargé d'aller les repouffer. On lui donna le gouvernement de Potou ou Ta-mim-fou. Cette nomination excita des démêlés entre les Miniftres fur l'autorité qu'on devoit lui donner dans ce gouvernement: quelques-uns vouloient qu'il fût revêtu d'une charge qui avoit été détruite, & par laquelle les troupes ne devoient obéir qu'à fes ordres feuls les deux principaux Miniftres allerent jufqu'à tirer l'épée l'un contre l'autre, parce qu'ils étoient d'un avis différent fur ce fujet. L'Empereur donna auffi un gouvernement à Kuo- yong, neveu & fils adoptif de Kuo-goei, Celui-ci parut fâché des difputes qui étoient furvenues entre les Miniftres: il le témoigna à l'Empereur avant que de partir pour fon gouvernement. Il furvint dans le même tems dans la capitale un ouragan terrible, le vent fut fi violent qu'il détruifit une partie de maifons, & emporta bien loin les portes. L'Emperenr fit venir les Aftronomes, & leur demanda de quelle maniere il pourroit éloigner les malheurs que cet évenement annonçoit ces Aftronomes lui répondirent que les devoirs de leurs charges ne s'étendoient pas jufques - là, cependant que tous les Princes qui avoient voulu éloigner ainfi les maux dont ils étoient menacés, s'étoient attachés à devenir plus vertueux,

Tout le gouvernement de l'Empire rouloit alors fur quatre perfonnes; Yam-yeou avoit foin de l'adminiftration des affaires, Kuo-goei commandoit les armées, Sfu-hum-pie les

le

Gardes de l'Empereur, & Vam-tchang avoit infpection fur le Après J C. thréfor. Yam-yeou étoit un Miniftre fidéle qui écoutoit tout Yn-ti. le monde, on s'adreffoit directement à lui; s'il recevoit L'an ser quelquefois des préfens, ce n'étoit que pour les diftribuer auffi-tôt. Il n'en étoit pas de même de Vam-tchang; homme avide & intéreffé. Les changemens qu'il fit dans les finances mécontenterent d'autant plus le peuple que l'Empereur renfermé avec fes concubines ne prenoit aucun foin du gouvernement. Yam-yeou lui en faifoit fouvent des reproches; mais les Muficiens & les Farceurs étoient les feuls qui étoient écoutés, & qui recevoient de ses préfens, payement des troupes étoit négligé. L'Empereur irrité de toutes les remontrances qu'on lui faifoit à ce fujet, prit la réfolution avec quelques courtifans de faire mourir Yamyeou & les autres Miniftres; quelques officiers en donne rent avis à Su-hum-pie,qui ne voulut point ajouter foi à leur difcours. Dans le tems que Yam-yeou & Vam-tchang fe rendoient au Palais, ils furent tués par des foldats. On donna ordre d'aller faire mourir Su-hum-pie, Kuo-goei & tous leurs gens; mais ce dernier en ayant été inftruit, délibéra avec fes amis fur le parti qu'il avoit à prendre ; il paroiffoit refolu d'attendre la mort. » Pourquoi, difoit-il, vivrois-je feul, puifque les autres Miniftres font tués ? Si » ma tête est néceffaire pour rétablir la tranquillité dans l'Empire, je ne fais aucune difficulté de la donner.» Tous fes amis lui confeillerent de profiter du défordre que la conduite de l'Empereur occafionnoit, pour fe rendre maître de l'Empire. Ils lui repréfenterent que c'étoit uniquement dans ce deffein que le Ciel l'avoit confervé. Il fut joint en peu de tems par plufieurs Officiers qui vinrent avec leurs troupes, & il fe rendit à Tan-tcheou: il n'étoit point encore porté à la revolte, il vouloit écrire à l'Empereur & lui offrir fa tête s'il étoit coupable; mais fes amis s'oppoferent de nouveau à fon deffein en conféquence il alla prendre tout ce qui étoit dans les magafins de Hoa-tcheou, pour l'entretien de fon armée qui augmentoit tous les jours. Il étoit toujours irréfolu dans fon entreprise. Encore fidéle à l'Empereur & ne cherchant que

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Yn-ti. L'an 950.

le bien de l'Empire, il aimoit mieux mourir que d'être l'auteur d'une revolution; on lui repréfenta que c'étoit la Cour qui lui avoit manqué, & non lui qui avoit manqué à la Cour.

Lorsqu'on eut été informé à la Cour de cette démarche, les favoris de l'Empereur commencerent à faire vuider tous les magazins pour les diftribuer aux troupes. Kuo-goei alla à Fong-kieou, pendant que l'Empereur à qui l'Impératrice venoit de reprocher fa conduite, faifoit raffembler tous fes Généraux, même ceux qui avoient été fes plus cruels ennemis : ce Prince les diftribua dans différens poftes & marcha lui-même à l'ennemi. Yen- tchao alla le premier attaquer Kuo-goei;mais il fut repouffé. Ce premier fuc cés de Kuo-goei repandit la confternation dans l'armée Impériale. La plupart des troupes déferterent & pafferent chez les rebelles: mais Kuo-goei les renvoyoit dans leur camp. L'Empereur abandonné de tous côtés, fut obligé de fuir & d'aller se cacher dans une maison parmi le peuple; il fut tué par quelques foldats: fes favoris ne voulurent pas lui furvivre & fe donnerent la mort. Kuo-goei fe présenta aux portes de la capitale, fit arrêter plufieurs des Officiers que l'on mit aux fers, & envoya de tous côtés fes Généraux pour arrêter le pillage; il fe regardoit encore comme criminel & ne fongeoit point à l'Empire: il fe comporta dans cette occafion comme fujet, il affembla tous les Officiers & fupplia l'Impératrice mere de choisir promptement un Empereur parmi les freres de l'Empereur : on Licou-pin jetta les yeux fur Lieou-pin (a) frere de Kao-tçou. Ce Prince étoit alors dans fon gouvernement; on envoya au devant lui quelques Officiers pour le conduire dans la capitale; pendant ce tems-là on diftribua les charges de l'Empire ; & on fit punir les principaux d'entre les Miniftres qui avoient été caufe de la perte du feu Empereur ; leurs têtes furent attachées dans la place publique ; mais on fit grace à leur famille. Les Kitans faifirent cet inftant de troubles pour venir faire le ravage dans les environs de Pe-king où

ils

(4) Les Hiftoriens le nomment encore Siang-in-kum,

ils ruinerent queiques villes; mais Kuo-goei marcha contre eux & les obligea de fe retirer.

Après J. C.
Lieou pin.

Le nouvel Empereur s'étoit mis en marche pour fe rendre 1:an 950. à la Cour: Kuo goef avoit été au-devant de lui jufqu'à Pemahien proche Ta-mim-fou ; d'où il vint à Kai - tcheou, mais dans le tems qu'il se disposoit à fortir de cette ville, il s'éléva parmi les troupes une fédition; les foldats ne voulurent point reconnoître le nouvel Empereur, & déchirerent l'étendart jaune dont ils envelopperent Kuo-goei, en criant vive l'Empereur, & l'exhortant à marcher vers le midi. On envoya auffi-tôt faire fçavoir à Ta-leam que le peuple n'eût rien à craindre. L'Empereur apprit cette nouvelle à Sumtcheou; il manda quelques troupes pour fa garde les Officiers de la ville lui repréfenterent qu'on publioit partout que Kuo goei étoit Empereur & qu'il devoit s'y oppofer: on lui propofa d'attaquer les troupes qui avoient été envoyées; mais il n'eut point affez de fermeté. Il laiffa le tems à fes ennemis de fe faifir de fa perfonne, on fit mourir ceux qui lui avoient donné quelques confeils, & l'Impératrice fit publier qu'il étoit dépcfé: elle remit enfuite à Kuo-goei le gou-vernement de l'Empire, & peu de tems après il fut procla- L'an 951. mé Empereur. Il donna à fa Dynaftie le nom de Tcheou.

:

Pendant que la Cour étoit expofée à toutes ces révolutions, Lieou-tcong frere de l'Empereur Kao - tçou & gouverneur de la Province de Ho-tong, ayant appris le fort de l'Empereur In-ti, vouloit lever des troupes pour aller dans le midi; mais ayant été informé que Licou-pin avoit été fait Empereur, il abandonna ce projet, parce qu'il regardoit ce Prince comme fon fils. Un Officier avoit voulu lui faire envifager que toutes les démarches de Kuo-goei ne tendoient qu'à fe rendre maître de l'Empire, & lui avoit confeillé de le prévenir; mais Lieou-tçong lui avoit fait couper la tête. Lorfqu'il apprit prefque auffitót que le nouvelEmpereur avoit été dépofé, il envoya à ce Prince un Courier pour l'engager à revenir à Tçin-yam. Un autre Officier de Lieou-pin s'empara en même-tems de Sig-tcheou,dans l'efpérance de tirer des fecours de Lieou-tçong &de conferver l'Empire à Lieoupin; mais le nouvel Empereur des Tcheou força ce Prince Tome II.

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