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de mettre fur le throne ki-yuen, frere du Roi qui venoit d'être tué. Quelques-uns confeillerent de donner la Cou- Après J. C, ronne à un autre Prince nommé Ki- ven qui étoit depuis long-tems chez les Kitans, mais Vou-goei qui avoit toute l'autorité en main les fit décider en faveur de Ki-yuen. Ki gneng n'avoit regné que foixante jours.

Ki-yuen fut à peine proclamé Roi, que les Song en- Ki-yuen. trerent dans fes Etats & pénétrerent jufqu'à la riviere Tong-ko-ho. Ils y tuerent trois mille hommes, & s'avancerent jufqu'au pied des murailles de Tai-yuen, dont ils brûlerent une porte. Le Roi des Han fit auffi-tôt fçavoir cette nouvelle aux Kitans, & leur demanda du fecours. Pendant ce tems l'Empereur des Song avoit fait fommer Ki-yuen de fe rendre,lui offrant des titres confidérables dans l'Empire, Vou - goei gagné par les promeffes de l'Empereur engageoit le Roi des Han à reconnoître ce Monarque; les Kitans ne laiffoient pas de s'avancer: auffi - tôt que les Song apprirent cette nouvelle ils fe retirerent, & les Han allerent piller Tcin-tcheou & Kiang-tcheou. Il y eut pendant cette guerre quelques divifions à la Cour des Han. La Reine veuve de Lieou-tçong reprimendoit continuellement Kia-chi, femme de Ki-yuen: dans la fuite cette Princeffe tomba malade & mourut. Ki-yuen foupçonna la Reine de l'avoir fait mourir. Sur ce foupçon, il la fit affaffiner dans le tems qu'elle étoit à pleurer auprès du cercueil de fon mari; plufieurs autres perfonnes furent enveloppées dans fa ruine.

L'Empereur des Sum fe préparoit à faire une nouvelle L'an 969. irruption dans le Royaume des Han, il vouloit aller en perfonne affiéger Tai-yuen. Il envoya d'abord le Général Li-ki-hiun,enfuite il fortit lui-même de Kai-fong-fou,& vint camper devant Tai-yuen. Il fit conftruire une muraille qui environnoit cette place, garder toutes les avenues, élever des digues dans les deux rivieres de Fuen - choui & de Tçin-choui pour inonder la ville. Vou-goei qui exhortoit le Roi des Han à fe rendre, vouloit fe tuer lui-même dans le deffein d'exciter le peuple à la révolte; mais on l'en emFecha. L'Empereur ayant appris que les Kitans venoient au

Après J. C.
Ki-yuen.

L'an 970.

fecours de la place, envoya au-devant d'eux des troupes; on les rencontra proche Yam-kio où on les battit. Dans ce premier combat on leur tua mille hommes. Un autre Général dans une autre action prit trente-huit de leurs chefs que l'on fit conduire devant les murailles de Tai-yuen, afin de faire voir aux affiégés qu'ils n'avoient plus de fecours à attendre. Les Gouverneurs de Hien- tcheou & de Lantcheou fe rendirent aux Song. Cependant la garnifon de Tai-yuen fe défendoit avec beaucoup de courage, quoique les habitans demandaffent à grands cris que l'on fe rendit, malgré que les Kitans envoyoient de nouveaux fecours. Les Song monterent à l'affaut, & furent repouffés. Enfuite les pluyes firent perir un grand nombre de leurs foldats, ce qui obligea l'Empereur de lever le fiége, & de difperfer fes troupes dans les places fortes qui étoient dans le voisinage. On tranfporta dans le Chantong & dans le Honan environ dix mille familles des fujets des Han qui s'étoient foumifes. Pendant le fiége, la riviere de Fuenchoui avoit abbattu du côté du midi une partie des murailles. Vou-goei qui avoit toujours deffein de passer chez les Song, avoit demandé la permiffion d'aller les attaquer. Le Roi y avoit confenti, & lui avoit donné mille hommes d'élite; mais à peine fut-il arrivé à l'entrée d'un pont, que l'on s'apperçut de fon deffein, on le fit arrêter, & le Roi de Han, pour donner un exemple, le fit condamner à

mort.

mes,

Pendant ce tems - là les Kitans entrerent de leur côté dans l'Empire des Song à la tête de foixante mille hom-` & vinrent ravager les environs de Tim-tcheou, les Song les chafferent, & firent fur eux un butin confidérable. L'Empereur ceffa pour un tems de faire la guerre aux Han, & cette oifiveté devint dangereufe au Roi de Han, qui fe défit de quelques officiers qu'il auroit dû conferver. Cette L'an 973. conduite indifpofa contre lui les autres.Il fut auffi fur le point de fe brouiller avec lesKitans. Ceux-ci fatigués de la guerre, chercherent à faire la paix avec les Song, & firent fçavoir aux Han qu'ils n'avoient plus de fecours à efpérer de leur part. Le Roi des Han fut fi irrité, qu'il vouloit aller ausli

tôt

Ki-yuen.

tôt attaquer les Kitans; mais les plus fages de fes Miniftres l'arrêterent. L'Empereur des Song pour profiter de la Après. C. méfintelligence qui étoit prête à fe mettre entre les deux L'an 975Nations, leva une grande armée qu'il partagea en cinq L'an 975. corps, tous s'avancerent dans le pays des Han, & prirent Hin - tcheou, Tai- tcheou, Fuen-tcheou, Tiin-tcheou, Leao - tcheou & Che-tcheou & défirent les Han proche Tai-yuen. Dans cette détreffe le Roi des Han eut recours aux Kitans, qui lui envoyerent des troupes.

Dans cet intervalle l'Empereur des Song vint à mourir, Tai-tçong lui fuccéda. Ce Prince après avoir reglé les affaires de l'Empire, fe difpofa à marcher contre les Han. Les Kitans s'avançoient pour les fecourir, mais ils ren- L'an 9793 contrerent l'armée Impériale qui les défit. Les Song allerent auffi -tôt attaquer Tai-yuen. L'Empereur y vint en perfonne. Quand il vit le grand nombre de ceux qui périffoient dans ce fiége, il voulut engager Ki-yuen à fe rendre. Toute la ville étant en trouble, & les Officiers parlant eux-mêmes de fe foumettre, Ki-yuen fit faire des propofitions à l'Empereur, & le lendemain à la tête de fes Officiers, il vint fe remettre entre les mains des Song, & demanda grace à l'Empereur: on lui donna quelques titres, & tout fon pays fut réuni à l'Empire. On détruifit les fortifications de Tai - yuen, on tranfporta une partie de fes habitans dans les villes voisines, & les Turcs Cha-to furent entierement chaffés de la Chine.

Les Kitans fe conferverent pendant quelque tems dans le nord, enfuite après en avoir été chaffés par les Tartares de Niu-tche, à l'exemple des autres nations Tartares, ils pafferent du côté de l'occident, où ils formerent un nouvel Empire vers Kafchgar (a). D'autres ban les pénétrerent jufques dans les montagnes de la Georgie, où elles ont fubfifté jufqu'à préfent fous le nom de Khaita & de Cara-khaita. Les Ruffes les nomment Chaitaki & Cara-khaitaki. Le pays de Khaita eft fitué proche la mer

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Cap. Gar

ber.

Major

Erepkin.

Après J. C.

Cafpienne à l'oueft, & s'étend depuis Uthamifch juf-
qu'aux frontieres de Schirouan, c'est-à-dire jufqu'à la
petite riviere de Dafbach. Tout ce pays qui s'étend vers
l'occident eft grand, beau & fertile;
beau & fertile; il produit toutes
fortes de grains & de légumes. Il y a de beaux villa-
ges, entre lefquels font Bafchlo & Medfchilise, l'un &
l'autre, réfidence ordinaire de l'Ufmei ou du Prince des
Khaita.

Les Cara-khaita, c'est-à-dire les Chaita noirs ainfi nommés à caufe de la ftérilité du pays qu'ils habitoient dans le tems qu'ils demeuroient dans Kafchgar' font à l'occident des Khaita; ils ont au couchant les peuples appellés Koumouki, au nord le territoire de Kubefchah & au midi celui de Tabafferan. Ils ont plufieurs beaux villages dont le plus grand eft nommé Cara-gurafch.

Ces deux Nations en général, originairement la même ont à peu de chofe près les mêmes mœurs & les mêmes ufages. Leur langue différe de celles des autres peuples voifins, & paroît avoir quelque affinité avec la langue des Calmoucs. Aujourd'hui les Khaita & Carakhaita font Mahometans. Leur chef porte le titre d'Ufmei & il eft le plus puiffant Prince de cès Contrées après le Schamkal. Le territoire de Kubefchah, les Akuschinzi & une partie des Taulinzi dépendent de lui; mais il eft foumis lui-même aux Ruffes depuis l'an 1725. Tous ces Peuples cultivent la terre & nourriffent de grands troupeaux, ils font fort attachés à leur Prince: ils y font engagés par une coutume affez finguliére qu'ils obfervent à la naiffarce des enfants de l'Ufmei: on porte cet enfant dans tous les villages de la Nation, & toutes les femmes l'allaitent l'une après l'autre, & on ne le ramenne à la maifon paternelle que quand il est en âge d'être fevré. En conféquence tous les habitans qui fe regardent comme parens de ce jeune Prince facrifient pour lui leurs biens & leurs vies; tel eft l'état actuel des Kitans. On doit conclure de-là que la Chine & la Tartarie ont caufé de grandes revolutions dans le monde. La plupart des Peuples Tartares qui étoient de

venus puiffans fe font maintenus d'abord au nord de la Chine, enfuite lorfque les Chinois ont été affez forts pour les chaffer, tous ces Tartares fe font jettés en foule du cóté de l'occident. L'Empire Romain a fuccombé fous le grand nombre de ces Barbares, la Perfe leur a été foumife pendant quelque tems, & l'Empire des Arabes va paffer fous leur domination. Ces Tartares femblables aux flots de la mer fe refoulent continuellement les uns fur les autres.

Après J. C.

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