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Après J. C.

de Mahmoud fut porté jufques dans le Royaume de GuMahmoud. Zarat. Le Prince qui y regnoit étoit le plus puiffant de toutes les Indes, il portoit le titre de Balhara & de Roi de ceux qui ont les oreilles percées. Tous les autres Rois de l'Inde, quoique maîtres dans leurs Etats, le reconnoiffoient pour leur Empereur & recevoient fes ambaffadeurs avec beaucoup de refpect. Il poffedoit une grande quantité de chevaux & d'éléphans, fa domination s'étendoit depuis le bord de la mer où font Guzarat & Concan jufques bien avant dans les terres, la ville dans laquelle il faifoit fa résidence étoit appellé Nehelvara; on foupçonne que ce Prince eft le même que le Samorin, qui depuis établit fa Cour à Calecut. Ce Roi des Rois de l'Inde fit demander la paix au Sulthan Mahmoud, & l'obtint à condition qu'il donneroit cinquante (lephans & un tribut confidérable en argent. Cette paix ne contribua pas peu Dherbelot. à faire fleurir le commerce de l'Inde, & les Caravannes des Mahometans s'y rendirent depuis ce tems-là avec plus de fureté qu'auparavant.

Au nord-ouest de Ghazna il y avoit un petit pays nomL'an 1010. mé Ghour, c'est-à-dire plaine ou lieu profond, il n'est séparé de l'Inde que par celui de Raver; des Princes defcendus des anciens Rois de Perfe s'y étoient retirés & y vivoient apparemment dans l'indépendance, le Sulthan qui poffedoit tout ce qui eft entre la mer Cafpienne jufqu'au Ganges ne put voir fi près de lui un pays dont il n'étoit pas le maître. Il attaqua (a) Mohammed fils de Souri qui s'y maintenoit depuis long-tems. C'est de lui que defcendent les Ghourides, qui dans la fuite détruifirent les Ghaznevides. Mohammed devenu prifonnier du 'Sulthan s'empoifonna par le moyen d'un anneau qu'il tenoit caché & fe délivra ainfi de la captivité. De-là Mahmoud s'enfonça du côté de l'occident, pénétra jufques dans le Kurdgiftan & fe rendit maître du pays des Schar.

Cette Nation que l'on connoît peu fubfifte encore fous le nom de Tschar dans le voisinage de Karduel province de

(a) L'an 401 de l'Hegire.

Mahmoud.

L'an 1012:
Aboulma-

Géorgie entre de hautes montagnes & des rochers efcarpés qui confinent au nord à la province des Taulintzi. Ce Après J. C. terrein eft rempli de villages qui font difperfés dans les plaines & dans les montagnes, & les Tschars qui les habitent vivent en partie des revenus de leurs terres & de leurs beftiaux, en partie des brigandages qu'ils exercent chez leurs voifins. Ils font hardis, entreprenans, aiment l'indépendance, ne payent tribut à perfonne, parce que perfonne ne peut les y forcer. Il y a beaucoup d'apparence que Mahmoud fe contenta de faire chez eux une incurfion & qu'ils refterent toujours libres, à l'abri de leurs montagnes. Il n'y avoit rien à gagner dans un pays auffi ingrat & avec des peuples d'un caractère auffi féroce. Lorfque Mahmoud fut de retour dans fes Etats, il reçut (a) de la hafen. part d'Hakem Khalif d'Egypte des lettres par lefquels ce Prince vouloit l'engager à le reconnoître pour le véritable Pontife des Mufulmans. Mahmoud les reçut avec les L'an io13. marques du plus grand mépris, & les envoya à Cader Khalif de Bagdad. Il porta enfuite (b) la guerre chez les Turcs & remporta une grande victoire fur leur Khan appellé Thogan & fur fes alliés, parmi lefquels on rapporte qu'il y avoit des Chinois. Mahmoud retourna enfuite aux Indes où il fe rendit maitre de la ville & du royaume de Marvin (c) Khondemir rapporte à l'occafion de cette ex- L'an 1015. pédition que Mahmoud fut informé que dans une provin- Aboulfedha ce voifine on trouvoit des élephans qui faifoient des ge- Dherbelot. nuflexions, ce qui leur a fait donner par les Mahométans le nom d'éléphans Mufulmans. Mahmoud entreprit la conquête de ce pays, en tira des richeffes immenfes & emmena un grand nombre d'éléphans. L'année fuivante L'an 1015. (d) il quitta Ghazna & revint aux Indes; mais il ne fut pas auffi heureux. Une partie de fon armée furprise par des eaux qui s'étoient écoulées de la mer fut entiérement Dherbelot. fubmergée, & il s'en revint dans la capitale de fes Etats. AboulmaIl marcha alors vers le Kharime. La revolte de Mamoun fon gendre l'attira (e) dans ces quartiers. Mamoun qui pre

(a` L'an 403 de l'Hegire. (b) L'an 404 de l'Hegire. (c) L'an 40, de l'Hegire.

(d) L'an 406 de l'Hegire.
(e) L'an 407 de l'Hegire.

bafen.

L'an 1016.

Après J. C.

*

noit le titre de Khaouarefm-fchah étoit gouverneur de Mahmoud. cette Province, Begal teghin & quelques mécontens l'avoient engagé de refufer l'hommage au Sulthan. Ce Prince arrivé dans le Kharifme fit rentrer les rebelles dans le devoir & donna le gouvernement du Kharisme à Altountasch.

Aboulfedha

L'Inde eft un pays fi étendu qu'il se préfentoit tous les ans à Mahmoud de nouvelles occafions de fignaler fon courage dans cette contrée. D'ailleurs il s'en faifoit un devoir de Religion. Son but étoit d'y faire connoître de plus en plus la Religion Mufulmane. Il traverfa toute la grande Province de Moultan, pénétra jufqu'au Ganges & prit la ville de Canoudge fituée au nord de Benarès, il prit encore une autre ville appellée Cafam & le pays d'Ouganam. De retour à Ghazna il fongea à porter la guerre dans la partie feptentrionale de l'Inde. Il parvint jufqu'au pays de L'an 1617. Kisradge(a), éloigné de Ghazna de trois mois de chemin il Dherbelot. conquit ce pays, en enleva toutes les richesses & en tira Aboulfedha un fi grand nombre d'efclaves qu'on les donnoit au plus bas prix à ceux qui se préfentoient.

L'an 119.

bafen.

L'an 1021.

L'histoire ne nous apprend rien de ce que fit ce grand Conquerant pendant quelques années. Il porta enfuite (6) la guerre dans l'Inde & fit part au Khalif d'une partie du butin qu'il y avoit fait : quelque (c) tems après il fongea à Aboulma entreprendre une autre expédition dans ce pays & il en inftruifit le Khalif. Il étoit fort attaché à ce Prince & ne pouvoit fouffrir les Khalifs Phatimites qui regnoient en Egypte. Ceux-ci s'efforçoient de gagner fon amitié & de fe faire reconnoître comme Souverains Pontifes des Mufulmans. C'est dans ce deffein qu'ils envoyerent (d) à un L'an 1024. Officier nommé Ghaznak, gouverneur du Khorafan qui accompagnoit la caravanne de la Meque, pour Mahmoud une robe d'honneur. Ghaznak la reçut & ne voulut point paffer par Bagdad dans la crainte que le Khalif Cader ne lui en refusât l'entrée; mais Mahmoud qui avoit déja reçu

(a) L'an 40 de l'Hegire.
(6L'an 410 de Pegue.

(c) L'an 412 de l'Hegire.
(d) L'an 415 de l'Hegire.

Après J. C.

les plaintes de ce Khalif obligea Ghaznak de fe préfenter avec fa robe devant Cader qui la déchira de fes propres Mahmoud.

mains.

:

Pendant ce tems là Mahmoud fe préparoît à marcher L'an 1025. contre les Indiens, il fondit dans le Royaume de Guzarat Aboulfedha (a) & fe rendit maître de la ville appellée Sanem-foumenat Dherbelot. fituée près la pointe de Jaquete, il trouva dans cette ville une grande idole nommée Soumenat qui étoit d'une feule pierre & qui avoit cinquante coudées de hauteur; mais on n'en appercevoit que trois, le refte étoit caché dans la terre. Elle étoit dans un temple qui avoit 56 colonnes que l'on difoit être d'or maffif & toutes chargées de rubis & de pierres précieuses. C'étoit la plus grande idole de l'Inde tous les Peuples y venoient en pélérinage; on lui avoit confacré une vafte étendue de campagnes. Mahmoud enleva toutes ces richesses, brifa l'idole & fit égorger plus de cinquante mille de ces Idolâtres. On prétend qu'outre le butin que firent fes foldats il eut pour lui plus de vingt millions de pièces d'or. Mais ces richeffes ne font rien en comparaifon de celles qu'il prit après avoir forcé la ville de Baarca que l'on regardoit comme une place imprenable. Il y avoit foixante & dix millions en monnoye d'or, foixante & dix mille marcs en vaiffelle d'or & d'argent, des étoffes, des perles & des pierres précieufes fans nombre,& entre autres chofes une chambre de trente coudées de long fur cinq de large dont les murailles & les planchers étoient d'argent.

Mahmoud chargé de toutes ces dépouilles de l'Inde, fut le plus puiffant & le plus riche Frince qu'il y ait eu parmi les Mahométans. Il établit dans le pays de Sanem Soumenat un Roi de la race de Dabfchelim. C'eft une ancienne famille qui a regné longtems dans l'Inde, mais que nous ne connoiffons pas affez pour en parler ici. De retour à Ghazna, il fit de riches préfens aux Mofquées, & informa (6) le Khalif de toutes ces grandes conquêtes.

Jufqu'à préfent nous avons vu ce Prince porter la guerre dans le nord contre les Turcs ou contre les Idolâtres de (4) L'an 416 de 1.Hegire (b) L'an 418 de l'Hegire.

Aboulma

hafen.

L'an 1027.

Mahmoud.

l'Inde, nous ne lisons pas dans l'Histoire qu'il ait attaqué les Après JC. Bouides, Princes dont la puiffance redoutable avoit anervi Dherbelot. les Khalifs jufques dans Bagdad même. Ces Bouides toient divifés en plufieurs branches, c'eft avec celle qui regnoit dans l'Eraque Perfique que Mahmoud eut des démelés. Phakhreddoulet en mourant avoit laillé fes Etats à fon fils Roftan, furnommé Madgd-eddoulet âgé de treize ans. La Reine Seidat, Princeffe douée des plus grandes qualités, prit foin du gouvernement de l'Empire, & de la tutelie de fon fils. Elle mit tous fes foins à conferver une parfaite intelligence avec Mahmoud, dont elle n'ignoroit pas les vûes ambitieuses.

Madgd-eddoulet devenu plus âgé, voulut gouverner par lui-même, il donna la charge de grand Vifir à Abou-aly, fils de Sina que nous connoiffons fous le nom d Avicene, & dépouilla fa mere de toute l'autorité. Cette Princeffe fut obligée de fe refugier dans un château du Lariftan. Celui qui y commandoit lui offrit ses services & la mit en état de paroître à la tête d'une armée avec laquelle elle vint attaquer fon fils près de Rey.Madgd-eddoulet & fon Vifir Avicene furent faits prifonniers. Seidat reprit les rénes du gouvernement, & ne fe diftingua pas moins par fa juftice & par fa fageffe dans fa profpérité, que par la conftance & le courage qu'elle avoit fait paroître dans fon adverfité. Elle fe fit aimer & refpecter de tous fes fujets. Derriere un rideau elle préfidoit à tous les Confeils, mais elle donnoit audience aux Ambassadeurs à visage découvert. Elie pardonna bien-tôt à son fils, le remit fur le thrône, fe contentant de l'affifter de fes confeils & de le guider dans un art aufli difficile que celui de regner. Le Sulthan Mahmoud ne manquoit pas d'envie de fe rendre maître de fes Etats, ou au moins d'y être reconnu comme Sulthan, c'est-à-dire d'y faire battre monnoye à fon coin, & de faire prononcer fon nom dans les prieres publiques, ou au moins qu'on lui payât un tribut. Il avoit envoyé des Ambaffadeurs à la Cour de Seidat pour exiger une de ces chofes. La Princeffe fit cette réponse à Mahmoud. » Pendant la vie du feu Roi mon époux, j'ai toujours appréhendé votre puiffance,

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