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Lie-tai-ki

fu.

Kam-mo.

Après J. C. l'Empereur, fes ambaffadeurs fe trouverent à la Cour avec Ko-le-khan ceux d'Abou-dgiafar al manfor fecond Khalif des Abbaffides. Ils furent long-tems à difputer à qui auroit le pas & tum-kao. & entreroit les premiers dans la falle d'audience. Pour terminer cette conteftation, les maîtres des cérémonies les firent entrer par des portes différentes. Il paroît que les Arabes ne furent pas contens de la conduite des Chinois, ils brûlerent cette année Canton, pillerent tous les magazins & s'en retournerent fur leurs vaiffeaux. Le Khan obtint la Princeffe Chinoife, & le titre d'Im-vougoei-yuen-pi-kia-kioue-khan. L'Empereur fit conduire fa fille en Tartarie par Yu, & par plufieurs autres grands Officiers de l'Empire. Le Khan s'étoit mis fur son thrône pour les recevoir, il avoit un bonnet comme les Tartares & une longue robe fort riche. Avant que de les introduire, on demanda au chef de l'ambaffade à quel degré de parenté il étoit avec l'Empereur, & quand on fçut qu'il étoit fon oncle on le fit entrer. Le Khan voulut refter aflis alors Yu refusa de le faluer, & lui reprocha de recevoir avec trop de fierté une Princeffe de la Chine & les ordres de l'Empereur. Ce Monarque, dit l'ambaffadeur » en confidération des fervices que vous lui avez rendus, » veut bien vous donner des marques de fon amitié en » vous envoyant fa propre fille qu'il aime tendrement. » Dans les alliances que les Chinois ont faites avec les Tartares, ils n'ont jamais donné que des filles qu'ils » avoient adoptées, aujourd'hui c'est la fille même de l'Em» pereur qui fait un voyage de dix mille li pour fe rendre auprès de vous, vous devenez gendre de l'Empereur, » au lieu de recevoir cette Priceffe avec refpect, vous reftez affis fur votre thrône ! Ce difcours étonna le grand Khan, qui fe leva auffi-tôt & fe conduifit, dans cette cérémonie, au gré des Chinois. Le lendemain il donna à la Princeffe le titre de Khatoun, diftribua à tous fes officiers les préfens que l'Empereur lui avoit envoyés. Ce mariage répandit la joye dans tous fes états, il fit préfent à l'Empereur de cinq cens chevaux & de quatre habits de martes zibelines, enfuite il envoya fon fils Ko-tcho à la tê

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te des trois mille cavaliers au fecours des Chinois; quel-
que tems après ille fit fuivre
d'autres troupes,
par
& par un
Général qui amenoit trois filles du Khan pour remercier
l'Empereur de l'alliance qu'il venoit de contracter avec
les Hoei-ke, & lui annoncer en même-tems que le Khan
venoit de foumettre les Kien-kuen, peuples qui demeu-
roient vers Irkutskoy dans la Siberie le long de l'An-
gara.

Après J.C.
Ko-le khan

Ju.

Ven--bien

tum-kao.

Ces troupes Hoei-ke avec l'armée impériale furent dé- L'an 759. faites par les rebelles & obligées de fe fauver à la Cour Lie tai-kide l'Empereur. Dans le même-tems le grand Khan mou- Tam-chou. rut, fon fils Ye-hou ayant été tué auparavant à caufe de Kam-mo. fes crimes, les Hoei-ke mirent fur le thrône un fils nommé Y-ti-kien qui prit le titre de Meou-yu-khan, Teng-lion le nomme encore Teng-li-khan (a). Il étoit d'ufage que khan. les femmes qui n'avoient point eu d'enfants de leur mari, lorfqu'elles devenoient veuves fuffent enfevelies toutes vivantes avec lui; les Hoei-ke prétendoient que la Princeffe Chinoife devoit fe conformer à cette coutume; mais la Princeffe ne voulut jamais y confentir, & elle eut beaucoup de peine à obtenir qu'elle porteroit le deuil à la Chinoife,& pleureroit fon mari pendant trois ans. Cependant pour se conformer en quelque chofe aux ufages de ces peuples, elle fe coupa le vifage en plufieurs endroits, enfuite elle eut la permiffion de s'en retourner à la Chine. L'année fuivante le grand Khan envoya à la Chine un de fes principaux Officiers nommé Kiu-lou-mo-ho-tarkhan pour faluer l'Empereur & la Princeffe veuve du feu Khan; L'an 762. l'Empereur accorda à ces Hoei-ke la permiffion de la voir dans le Palais.

L'an 760.

Lie-tai-ki

fu.

Après la mort de cet Empereur appellé So-tcong, & Tam-chou. lorfque Tai-tçong lui eut fuccédé, ce Prince pour ap- Kam-mo. paifer les nouveaux troubles que la revolte de Sfe-tchao-y avoit occafionnés, refolut de mettre dans fon parti les Hoei-ke, & de renouveller avec eux les traités, dans l'efpérance de tirer de ces peuples de grands fecours. Il

( a ) C'est-à-dire Khan divin, Tengri en Turc fignifie Dieu.

Après J. C.

khan

Ten-gli- envoya en Tartarie l'Eunuque Lieou-tcing-tan, mais Sfetchao-y avoit déja prévenu le Khan contre le nouvel Empereur, & les Hoei ke ne paroiffoient pas difpofés à fournir des troupes aux Chinois; ils prétextoient que l'Empereur étoit mort & que la Dynastie regnante étoit détruite. Lieou-tcing-tan leur apprit que Tai-tçong qui avoit fervi autrefois dans les armées avec les Hoei-ke étoit parvenu à l'Empire, & que c'étoit lui qui recherchoit leur alliance, qu'ils devoient d'autant plus l'aider à dompter les rebelles, qu'ils avoient reçu autrefois beaucoup de préfens de lui. Les Hoei-ke qui n'étoient conduits que par des vûes intéreffées mirent fur pied une armée de cent mille hommes, & s'approcherent de la Chine, refolus de fe décider pour ou contre les Chinois, felon les circonftances & la fituation dans lesquelles ils les trouveroient: ils pafferent proche plufieurs villes qu'ils trouverent abandonnées, ce fut pour eux un prétexte de méprifer les Chinois & d'infulter leur ambaffadeur. Lieou-tcing-tan donna avis à l'Empereur de leur arrivée & de tout ce qui fe paffoit. Cette nouvelle jetta la confternation à la Ĉour. On ignoroit le deffein des Hoei-ke & on ne fçavoit fur quel pied les recevoir. L'Empereur envoya au devant du grand Khan un Officier, moins pour le complimenter que pour obferver fes démarches. Le Khan avoit époufé une fille d'Hoai-gneng de la Horde des Pou-kou qui commandoit depuis long-tems les armées Chinoises, il demanda une conférence avec cet Officier, elle fut avantageufe aux Chinois. Hoai-gneng le détermina en faveur de l'Empereur. Les Hoei-ke vouloient entrer par Poukouon, paffer par Cha-yuen & fe rendre de-là dans l'Orient. Tfe-gang qui avoit été envoyé au devant d'eux, leur repréfenta que toutes les villes qui étoient fur cette route ayant été ravagées par les rebelles, on n'y trouvoit point de magazins; qu'il valloit beaucoup mieux tourner du côté de Tcing-king (a) afin de s'emparer en chemin des villes de Hing-tcheou (b), de Goei-tcheou (c) & de plufieurs (a) Elle porte le même nom & dépend de Tchin-ting-fou dans le Petcheli. (b) Aujourd'hui Chun te-fou dans le Percheli.

() Aujourd'hui Goci kiun-fou dans le Honan.

autres

Après J. C.

autres dans lesquelles il y avoit de vivres en abondance; il propofa plufieurs autres partis que les Hoei-ke ne vou- Teng-lilurent point écouter, & ils fe déterminerent pour le moins khan. fage, c'étoit celui de confommer tous les vivres qui étoient à Tay - yuen, & de raffembler pendant la route plufieurs corps de troupes.

que

L'Empereur de la Chine donna le commandement de toutes les armées au Roi de Yong fon fils, appellé Li-co; il nomma un grand nombre de Généraux pour commander fous fes ordres. Le grand Khan étoit venu camper à Chen-tcheou dans le Honan, & c'eft dans cette ville le généraliffime de l'armée le vint faluer : la maniere dont il le fit ne parut point affez refpectueufe au grand Khan qui s'en plaignit. Tfe-gang lui répondit que ce Prince étant encore en deuil, il ne pouvoit s'acquitter de la soumiffion qu'il exigeoit de lui. Alors les Hoei-ke voyant que les Chinois n'étoient pas dans le deffein de céder,fe faifirent de Tfe-gang & de plufieurs autres Officiers qu'ils firent fouetter fi cruellement, que plufieurs en moururent. Les Chinois fe retirerent auffi-tôt & voulurent faire main-baffe fur les Hoei-ke; mais le befoin qu'ils avoient de ces barbares leur fit prendre le parti de la modération : toutes ces troupes fe réunirent & fe rangerent en bataille pour combattre ; Sfe-tchao-y, Hoai-gneng & le Cha (a) de l'Orient étoient à l'avant-garde, le rebelle voulut les débaucher; mais les Hoei-ke envoyerent fes émiffaires à l'Empereur & marcherent à l'ennemi. Sfe-tchao-y fut battu fur le bord du fleuve Hoam, & on reprit Lo-yam. Après cette victoire le grand Khan envoya féliciter l'Empereur de la Chine & lui offrit les étendarts & le butin qu'il avoit pris. Il alla camper à Ho-yam proche Hoai-king-fou, & le Généraliffime fe retira à Lim-pao,pendant que Hoai-gnengpourfuivoit Sfetchao-y; ce rebelle fut pris & eut la tête tranchée. Alors tous les pays qui étoient au nord du Hoam rentrerent fous la domination de l'Empereur. Les Hoei-ke refterent campés pendant trois mois à Ho-yam où ils firent beaucoup de

(a) C'eft une grande charge de l'Empire des Hoei-ke qui peut répondre à celle de Vice-Roi. Tome I.

C

Après J.C.

khan.

défordres; ils pillerent Lo-yam & mirent le feu à deux Teng-li- temples de Fo, où plus de dix mille hommes s'étoient retirés, ils commirent plufieurs autres excès contre les Officiers Chinois,ils faifoient dans l'Empire plus de dégat que les rebelles, & obligeoient plufieurs Chinois à fe revolter contre l'Empereur. Le grand Khan, après s'être abouché avec Hoai-gneng, reprit la route de Ta-yuen-fou dans le Chanfi & s'en retourna en Tartarie. L'Empereur ferma les yeux fur toute la conduite qu'il avoit tenue à la Chine, & envoya en Tartarie un de fes Officiers pour donner de nouveaux titres à ce Khan (a).

L'an 763.

L'an 764.
Kam-mo.
Lie-tai ki-

Su.
Ven-bien-
tum-kao.

L'an 765.

Hoai-gneng que nous avons dit être un Hoei - ke qui étoit depuis long-tems au fervice de l'Empereur de la Chine, après avoir rendu de grands fervices à cet Empire, changea tout d'un coup de fentiment & fongea à fe, revolter. Il voulut s'emparer de quelques poftes, mais il en fut chaffé. Il repaffa alors en Tartarie, où il raffembla les Hoei-ke & les Toufans ou Tibetans, & vint enfuite avec une armée de cent mille hommes à la Chine du côté de Si-gan-fou l'armée Chinoife qui étoit commandée par Kou-tfe-y l'empêcha de pénétrer plus avant. Les Tibetans allerent prendre Pim-leam-fou; l'année fuivante Hoai-gneng, avec un plus grand nombre de troupes de tous les barbares voifins, tant du nord que de l'occident, auxquels il en avoit impofé, entra dans le Chanfi par différens côtés; mais fa mort qui arriva dans le même-tems mit la division parmi tous les barbares. Le Général Chinois nommé Kou-tfe-y fit proposer fecretement aux Hoeike de fe joindre à lui pour battre les Tibetans : Yo-ko-lo qui commandoit l'armée des Hoei-ke eut avec lui une conférence, Ko-tfe-y reprocha aux Hoei-ke d'avoir oublié en fi peu de tems tous les bienfaits qu'ils avoient reçu des Chinois, & d'avoir pris le parti d'un rebelle. Il leur repréfenta que les Tibetans avoient des richesses innombrables, & qu'il ne tenoit qu'à eux de s'en emparer s'ils

(a) Il lui donna le titre de Kie-tou-teng-li-ko-tcho-mi-to-ho-kiu-lou ing-y-kienkum pi-kia-khan, à l'Impératrice celui de Kuam-tcin-li-hoa-pi-kia-khatoun & à fes principaux Officiers le titre de Roi.

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