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Tchoam

Leam, qui fit raffembler auffi-tôt fes armées & les envoya vers Te-ching-tching du midi : l'Empereur des Tam vint Apès J. C. au fecours de cette place; mais il en confia la garde à tạong. Cheou-yn, qui la laiffa prendre par fa négligence. Alors L'an 913, les Leam entrerent dans les pays des Tam, toutes les frontiéres de ces derniers furent à découvert, & ils furent obligés d'abandonner un grand nombre de places. Les Leam cependant vinrent échouer devant Yam-lieou-tching (a), dont ils ne purent se rendre maîtres. Ils furent enfuite repouffés de tous côtés : la prise de Tçe-tcheou ne les dédommagea pas de toutes ces pertes. Un de leurs principaux Officiers qui fe retira chez les Tam acheva de les ruiner, en inftruifant ceux-ci de la véritable fituation de l'Empire des Leam.

Depuis que l'Empereur des Tam avoit perdu Te-ching tching, il avoit voulu faire de grandes provisions de vivres pour entreprendre une nouvelle guerre; mais fes fujets fatigués, défertoient en grand nombre, & les tributs n'étoient pas fuffifans pour fournir aux dépenfes. D'un autre côté les Kitans ravageoient le nord, les Leam faifoient dans le midi les préparatifs d'une grande expédition qui avoit pour objet la deftruction entiére des Tam. L'Empereur Litfun-hiu accablé de trifteffe & d'inquiétude fit assembler tous fes Généraux pour délibérer avec eux fur le parti que l'on devoit prendre. Quelques-uns propoferent de faire la paix avec les Leam, & de leur rendre la ville de Yuntcheou qui étoit difficile à garder, en demandant en échange Ouei-tcheou & Li-yam; mais ce parti ne fut pas du goût de l'Empereur. On prit celui de défendre cette place dont l'abandon paroiffoit devoir caufer la honte & la perte des Tam. Les troupes s'y rendirent auffi-tôt. On attaqua l'armée des Leam qui fut battue, leur Général Yen-tchang étant tombé de cheval en prenant la fuite, fut fait prifonnier, deux cens autres des principaux de l'armée furent pris. Le Général Yen - tchang parloit avec beaucoup de mépris de l'Empereur des Tam & le traitoit d'enfant & de barbare;

(4) C'est aujourd'hui une fortereffe proche Tong-ho-hien dans le diftrict de Tungpim-fou dans le Chantong.

Après J. C. Tchoamtrong.

1 Empereur voulut le gagner par la douceur, il connoiffoit fon mérite & fon expérience dans l'art militaire : il le fit panfer de fes bleffures & lui envoya quelques-uns de fes L'an 923. Officiers pour le confoler. Mais ce Général ne put jamais

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se réfoudre à devenir le fujet des Tam, après avoir servi pendant long-tems avec zéle les Empereurs des Leam. L'Empereur regretta de ne pouvoir s'attacher ce Général, dont la prise l'affuroit de la ruine des Leam, & ce ne fut qu'à l'extrêmité qu'il refolut de le faire mourir. On s'avanenfuite à Tcao-tcheou dont le Gouverneur fe rendit. Auffi-tôt que l'Empereur des Leam eut appris la mort de fon Général & l'arrivée des Tam, il s'abandonna à la douleur la plus vive, & ne douta plus que l'Empire alloit lui être enlevé. Tous fes Miniftres, incertains de ce qu'on devoit faire, verfoient des larmes fur le fort de ce Prince & de fa famille & l'Empereur eut quelques reproches à effuyer. Il y avoit encore des troupes dans fa Capitale; mais ce prince,qui craignoit que fes freres ne profitaffent de fon malheur pour exciter des troubles,ne voulut point que cette garde le quittât: il mit des troupes étrangeres fur les murailles & fit égorger ceux de fa famille dont il fe défioit. Ensuite il demanda à fe retirer à Lo-yam, dans le deffein d'y raffembler un plus grand nombre de foldats. Ce projet n'ayant point été goûté, ce Prince quitta les ornemens impériaux qu'il renferma dans un endroit fecret, & paffa les jours & les nuits à déplorer fa fituation. Il propofa enfuite à un de fes Officiers de lui couper la tête, cet Officier refusant d'obéir, voulut fe percer lui-même de fon épée, l'Empereur l'arrêta & lui dit qu'il fouhaittoit mourir avec lui. Alors l'Officier le tua & fe tua enfuite.

Pendant ce tems-là, l'armée des Tam, qui s'étoit approchée de Ta-leam, entradans cette Capitale, l'Empereur des Tam ne fut pas long-tems à venir en prendre poffeffion. Plufieurs Officiers, felon le caractère des Chinois, aimerent mieux fe donner la mort que d'aller fe foumettre au nouvel Empereur. Le Général Kia-y qui avoit fous fes ordres une armée de cinquante mille hommes fe rendit, on détruifit la famille entiére de plufieurs de ceux qui ne voulu

Après J. C.

L'an 923

rent pas fuivre cet exemple. On renverfa la falle des ancêtres de la Dynaftie des Leam, on dégrada les Empereurs Tchoam de cette famille ; c'eft-à-dire qu'on leur óta le titre d'Empe- tong. reur, & qu'on les réduifit, quoique morts, à l'état de fimple particulier. Les autres Officiers & Généraux d'armées qui vinrent fe rendre furent confervés dans leurs charges. Litfun-hiu n'étoit pas encore fatisfait, il vouloit pouffer la vengeance plus loin & déterrer les corps des Empereurs des Leam pour les brûler; mais on lui repréfenta que ce fupplice étoit inutile, puifque ces Princes étoient morts, & que leur famille étoit détruite. Ces tombeaux étoient au fud-eft des murailles de Ho-nan-fou. On fe contenta de les démolir jufqu'à terre & d'y planter des arbres. Alors les roi de Tçou & de Ou envoyerent des ambassadeurs à l'Empereur des Tam, & reçurent de lui des titres. Plufieurs Officiers des Leam vinrent encore fe rendre, enfuite l'Empereur fit une reforme dans le trop grand nombre d'Officiers qu'il avoit, il ne voulut plus qu'il y eût de Cour du nord, il donna à Si-gan-fou le titre de Cour d'occident, & la fit appeller Kim-tiao-fou; enfuite il tranfporta fa Cour à Lo-yam dans la province de Ho-nan où il reçut des ambasfadeurs du roi de Ou.

Ce Prince n'avoit que des Muficiens au tour de fa perfonne, il leur faifoit des préfens confidérables & les élevoit aux premiéres charges de l'Empire, cette conduite excita beaucoup de murmures & les étrangers le mépriferent. Un petit Roi nommé Kao-ki-tchang (a) qui étoit venu à Loyam pour lui rendre hommage, ayant marqué publiquement fon indignation, l'Empereur voulut le faire arrêter; mais on le retint en lui représentant que dans un tems où il ne venoit que d'être reconnu Empereur, & où les Princes tributaires n'avoient envoyé que leurs parens à fa Cour, il devoit avoir plus d'égard pour Kao-ki-tchang qui y étoit venului-même, & que par le traitement qu'on lui feroit détermineroit les autres à fe foumettre. Alors Kao - ki - tchang ne fut point arrêté, mais il s'en retourna mécontent de l'Empereur.

(a) Il étoit roi de King-nan.

trong.

L'an 924.

Les Kitans recommencerent leurs courfes du côté de Après J. C. Tchoam- Pe-king, mais le Général Li-ffu-yuen étant venu au fecours de ces Provinces du nord il les obligea de fortir. En mêmetems Li-meou-tchin roi de Ki, ayant appris que les Tam s'étoient emparés de Lo-yam, la crainte qu'il eut qu'on ne vint l'attaquer, lui fit prendre le parti d'envoyer fon fils Kiyen pour préfenter fes tributs au nouvel Empereur & fe déclarer fon vaffal. L'Empereur établit quelques nouveaux Officiers qui ne fervirent qu'à mettre la division parmi les troupes, parce qu'ils furent continuellement occupés à difputer leur autorité avec d'autres plus anciens & il en refulta un grand défordre. Enfuite l'Impératrice vint à Lo-yam & Tchoam-tçong fit publier un amniftie dans tous fes Etats afin d'engager tous les Officiers, qui étoient encore attachés aux Leam, à fe foumettre; il donna à Li-meou-tchin le titre de Roi de Tsin, à Kao-ki-tchang le titre de Roi de Nan-pim & des charges à quelques autres Officiers. Il fit examiner les poids & les mefures qui avoient été altérés ou contrefaits; mais ce qui deshonora ce Prince fut les grandes charges de l'Empire qu'il donna à des Muficiens. La ville de Lou-tcheou qui fe revolta alors fut cause qu'il fit détruire toutes les places qui n'étoient pas en bon état. Les Kitans firent en même-tems une irruption du côté de Pe-king.

Les habitans de Kua-tcheou & de Cha-tcheou & les Tibetans demeuroient alors ensemble fous la conduite d'un chef nommé Tçao-y-kin qui fe foumit à ce Prince, l'Empereur lui donna un titre. Il marcha enfuite contre la ville de Lou-tcheou & la foumit. Il envoya des troupes pour faire des digues & arrêter les eaux qui s'étoient débordées fous les Leam; mais ce travail ne put être achevé, ce Prince faifoit trop de dépenfes inutiles, furtout depuis qu'il étoit parvenu à l'Empire, fes plaifirs étoient fa plus grande occupation. Un Miniftre lui reprocha de ne point ménager le peuple, de l'accabler d'impôts & de ruiner en mêmetems les campagnes dans les parties de chaffe qu'il faifoit. Il reçut auffi l'hommage du roi de Cu-yue, & les Kitans. vinrent piller Goei-tcheou, Ces peuples étoient alors très

puiffans:

puiffans: tous les Barbares du nord-eft leur étoient foumis; cependant ils ne purent empêcher que les Tartares Mo-ko qui hoamAprès J. C. demeuroient vers le fleuve Amour ne lui envoyaffent des tong. tributs. Ces Tartares avoient alors un Roi nommé Ou-ulh. L'an 925. Les Kitans revinrent faire des courfes vers Pe-king; en mêtems tous les autres peuples du nord - eft qui craignoient cette puiffance chercherent à s'appuyer de la protection de l'Empereur. Les Mo-ko, les Niu-tche, les Ki, les Coréens; du côté de l'occident, les Tou-ko-hoen & même les Turcs qui avoient alors pour chef Hoen-hiai lui envoyerent des ambaffadeurs. Pour arrêter les courfes des Kitans il plaça Li-ffu-yuen dans le nord avec un corps de troupes.

Depuis que les Tam s'étoient rendus maîtres de l'Empire, le petit Roi de Han craignoit pour fes Etats. Dans le deffein de connoître à fond quelle étoit la puiffance du nouvel Empereur, il lui envoya un ambassadeur, chargé fecrétement de s'informer de la véritable fituation des Tam: il apprit pàr-là que l'Empereur étoit un Prince fier, débauché & qui ne prenoit aucun foin des affaires ; il ceffa auffi - tôt tout commerce avec lui, & parut ne le plus appréhender. Les vices du Prince l'affuroient de la foibleffe du gouvernement; d'ailleurs la Chine n'étoit pas entiérement foumise à l'Empereur; il y avoit dans quelques-unes de fes Provinces des Rois qui étoient très-puiffans. On peut comparer l'état dans lequel elle étoit alors, à celui de l'Europe entiére, qui eft divifée en plufieurs grandes Monarchies. La Chine, à peu près auffi étendue que cette partie du monde, contenoit différens Royaumes auffi grands & auffi puiffans que le font ceux de l'Europe. Le titre d'Empereur n'étoit alors qu'un vain titre. Le Prince qui le portoit aimoit la guerre, & jaloux de fon autorité, il ne vouloit pas la confier à fes Miniftres; mais il la dépofoit toute entiére entre les mains de fes Muficiens,& les grands Officiers qui déplaifoient à ceuxci étoient déposés ou éloignés de la Cour. Les Eunuques qui regnoient auffi fous ce Prince achevoient de ruiner l'Empire. Pour augmenter leur autorité ils introduifoient dans le palais un grand nombre de concubines; ils devenoient par-là plus néceffaires, & le Prince plus diffipé, ils

Tome II.

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