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Après J. C

Tchoamtçong.

L'an gas

abufoient de fa confiance & de fa foibleffe. Ils eurent la hardieffe de lui repréfenter qu'il venoit pendant la nuit des efprits dans quelques palais qui étoient abandonnés, & obtinrent par-là un ordre de choisir dans le peuple trois mille filles que l'on y envoya; ce Prince credule donnoit dans toutes ces revêries. Il avoit encore auprès de lui un Bonze qui fe vantoit de commander aux vents & aux pluyes, il le faifoit affeoir en fa préfence, & lorfque les grands Officiers de l'Empire arrivoient,ils étoient obligés de le faluer, il n'y eut que Kuo-tçong-tao qui refufa de le faire. Mais à l'occa fion d'une grande féchereffe qui fe fit fentir jufqu'à Lo-yam on fomma le Bonze de faire tomber de la pluye, après avoir fait fon poffible pendant dix jours, ce Bonze ne put en obtenir, fur les ménaces qu'on lui fit il fe fauva & mourut de peur. Dans la fuite il furvint des pluyes qui tomberent pendant 75 jours, & firent déborder toutes les rivieres. L'Empereur dépenfoit des fommes immenfes en bâtimens que fes Eunuques lui confeilloient de faire élever pour prendre le frais pendant les grandes chaleurs. Ceux qui étoient chargés de veiller fur les Finances oferent lui dire que dans le tems qu'il étoit occupé à détruire les Leam il ne fongeoit pas ainfi à fe garantir des injures de l'air, qu'il devoit fe conduire encore de cette façon & conferver fes tréfors pour l'entretien de fes troupes. C'eft ainfi que fe paffa la plus grande partie du regne de ce Prince, fes Miniftres ne cefferent de lui faire des remontrances qu'il ne voulut point écouter.

Malgré ces divifions qui occupoient la Cour, l'Empereur ayant refolu de porter la guerre dans le Royaume de Cho ou de Sle-tchuen, choifit pour cette expédition Ki-kie & Kuo-tçong-tao. Ces Généraux fe rendirent maîtres de toutes les places qui fe trouverent dans leur route & parvinrent jufqu'à Tching-tou dans le Sfe-tchouen où le Roi de Cho s'étoit retiré : ce Prince fe rendit aux Généraux de l'Empereur qui entrerent dans cette Capitale, & tous les Etats des Rois de Cho furent foumis aux Tam; ils consistoient environ en deux cens quarante villes. L'Empereur recompenfa fes Officiers qui fe difputoient entre eux la gloire de cet

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te conquête. Il y eut à cette occafion beaucoup d'altercations entre ces Généraux qui ne chercherent qu'à fe détruire Tchoamles uns & les autres dans l'efprit du Prince. En même-tems tong. les peuples étoient perfécutés par une horrible famine, les L'an 925. Provinces étoient défertes, il périffoit beaucoup de fujets, fans que le Prince y fit quelque fit quelque attention. Les pressentes follicitations de fes Officiers l'obligerent enfin à fonger à remédier à ces maux. Un de fes Miniftres lui dit qu'anciennement les tributs n'entroient dans les thréfors de l'Empereur que pour en fortir,& que la guerre ne faisant point négliger la culture des terres, on n'avoit point à alors à fouffrir ni des débordemens de rivieres ni des féchereffes. L'Empereur donna des ordres qui ne furent point exécutés. Les Eunuques gouvernoient toujours ce Prince & jettoient dans fon efprit des foupçons fur tous les Miniftres dont ils fe défioient. Ils eurent affez de crédit, a préjudice des Généraux même, pour le faire charger d'appaiser les troubles qui commençoient dans le Sfetchouen.

Indépendamment de la haine que les grands Officiers de l'Empire avoient contre ces Eunuques, ils cherchoient L'an 926. encore entre eux à fe détruire. Ki-kie fit périr Kuo-tçongtao: le Prince négligeoit de remedier à ces maux, une chanfon l'occupoit d'avantage, & ce fut pour en avoir fait une, que l'ancien roi de Cho obtint le gouvernement d'une place confidérable. L'Empereur voulut enfuite faire périr toute la famille de Kuo-tcong - tao, & de quelques autres Officiers; il donna des ordres pour examiner la conduite de Li-ffu-yuen. Les amis de ce Général l'avertirent secretement de fe retirer & de ne point paroître à la Cour où fes ennemis le feroient périr; mais il répondit que n'ayant point peché contre le Ciel ni contre la Terre, il ne craignoit rien, & qu'il s'attendoit à tout fans vouloir l'éviter. Cette conduite du Prince ne pouvoit manquer d'exciter des revoltes; elles ne tarderent pas à éclore de toutes parts. Les premiéres furent à Po-tou ou Ta-mim-fou. Celle du Sse-tchouen fut plus considérable; Li-chao-chin mécontent de la mort de Kuo-tçong-tao qu'il

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gardoit comme le vainqueur du Royaume de Cho, rafTembla tous les Officiers de la Province, leur repréfenta la conduite odieufe de l'Empereur, qui après avoir foumis l'Empire & détruit le Royaume de Chozattiroit à fa Cour les Généraux qui lui avoient rendu de fi grands fervices pour les faire mourir. Tout le monde prit les armes on le déclara Commandant de la Province, & il fe trouva à la tête de cinquante mille hommes. La ville de Potou tenoît encore, & les troupes qu'on avoit envoyées pour en faire le fiége, n'avoient pu s'emparer de cette place. Quelques autres partifans de Kuo-tçong-tao voulurent auffi prendre les armes, mais on ne leur donna pas le tems de fe former un parti; ils furent arrêtés & mis à mort. Le Général Li-chao-yong revint une feconde fois devant Po-tou; les rebelles perfuadés qu'ils n'avoient point de pardon à efperer fe défendoient avec beaucoup d'opiniâtreté. L'Empereur ordonna à Ki-kie de venir promptement à la Cour, mais ce Général avoit pris les armes avec Li-chao-chin: on fut informé dans le même tems que les villes Hing-tcheou, de Tçang-tcheou & plufieurs autres s'étoient revoltées. On ne recevoit que de ces nouvelles à la Cour ; l'Empereur fe propofoit de marcher en perfonne contre la ville de Po-tou, fes Miniftres ne voulurent point qu'il quittât fa Capitale, & lui confeillerent de faire venir Li-ffu-yuen. Ce Général fe rendit auffi-tôt fous les murailles de Po-tou, & la ville fut prife. Les rebelles n'avoient pris les armes qu'à caufe des mauvais traitemens qu'on leur faifoit fouffrir, & uniquement pour éviter ka mort dont ils étoient ménacés. On envoya en même-tems dans le Sse-tchuen d'autres troupes qui étoient commandées par Gin-hoan. Ce Général battit Li-chao-chin proche Han-tcheou (a); comme cette ville étoit fans murailles, le rebelle s'y fortifia avec des paliffades ; mais l'armée impériale y mit le feu, & Li-chao-chin fut pris en voulant fe fauver.

Les dépenfes que l'Empereur faifoit de fon côté em(7) Dépend de Tching-tou-fous

Tchoam

trong.

pêchoient qu'on ne put fournir à celles que l'entretien des armées exigeoit les Miniftres ne pouvoient plus fubvenir Après J. C. aux befoins de l'Etat, les Généraux confeillerent de vuider les thréfors qui étoient dans le palais; l'Empereur y L'an 916. confentit, mais l'Impératrice s'y oppofa. En même tems Les deux Généraux Li-ffu-yuen & Li-chao-yong qui avoient pris la ville de Lo-tou fe brouillerent, le dernier accufa Li-ffu-yuen de s'être entendu avec les rebelles. L'Empereur n'écouta pas ce difcours & engagea Li-ffu-yuen à venir à la Cour, il le combla de faveurs & le regarda comme fon fils. Depuis ce tems, ces deux Généraux furent toujours oppofés; mais comme l'Empereur étoit un Prince fur qui on ne pouvoit fe fier, Li-ffu-yuen ne laiffa pas de craindre. Che-kim-tam confeilla à ce Général de fonger à fa défenfe, & pour le faire avec plus de fureté il lui offrit d'aller prendre Ta-leam avec trois cens cavaliers. Li- ffu-yuen raffembla en peu de tems un grand nombre d'Officiers qui s'étoient déclarés en fa faveur; il se mità leur tête. L'Empereur fe difpofoit à fe mettre en campagne pour arrêter la revolte; fes Muficiens & les autres farceurs lui confeillerent de faire mourir auparavant le roi de Cho, dans la crainte que les amis de ce Prince ne vouluffent profiter des troubles dont l'Empire étoit ménacé. Il fortit enfuite de Lo-yam & alla camper fur le bord de la riviere de Ki-choui. Li-ffu-yuen étoit alors à Liyam d'où il fe rendit à Ta-leam qu'il prit. Auffi-tôt que f'on eut appris le fort de cette ville, la plupart des troupes impériales fe débanderent: de vingt-cinq mille hommes qui avoient fuivi l'Empereur, il n'en reftoit plus que dix mille. Ce Prince rencontra plufieurs de fes fol dats qui défertoient, il voulut les engager à venir avec lui à Lo-yam, il leur fit de grandes promeffes; mais ils les rejetterent, en lui répondant qu'il donnoit ce qu'il ne pouvoit plus garder. Li-ffu yen recut tous ces foldats & marcha en avant.

Pendant que l'Empereur étoit en route, il s'éleva une grande fédition dans fon camp, un de fes Muficiens nommé Kuo-tçong-kien, qu'il avoit revêtu d'une des premié

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çong.

res charges de l'Empire vint attaquer avec les foldats Tchoam- qu'il commandoit, la porte de la ville où étoit l'Empereur. Ce Prince étoit alors à table, lorsqu'il entenditce tuLan 926. multe il appella un de fes Généraux; les rebelles avoient déja mis le feu à la porte & avoient pénétré dans la ville; tous les Officiers prirent la fuite, douze feulement fe ralliérent pour arrêter le défordre & défendre l'Empereur; mais une fléche lancée au hazard atteignit ce Prince & le tua. On prit enfuite fon corps & on le brûla avec tous les inftrumens de mufique que l'on trouva auprès de lui; on mit le feu au palais & tout fut pillé. Tel fut le fort de ce Prince,qui avant que de poffeder l'Empire étoit toujours à la tête de fes armées; c'eft lui qui attachoit à fon col une petite fonnete pour fe garantir d'un trop long fommeil dans la fuite il s'abandonna à la moleffe & ne vivoit plus qu'au milieu d'une troupe de farceurs.

Mim tçong

;

Li-ffu-yuen ayant appris cette nouvelle accourut à Loyam, fit rassembler les os de l'Empereur & les mit dans un cercueil. Quelques Officiers attachés à Tchoam-tçong revolterent dans Tai- yuen, les autres qui étoient reftés dans Lo-yam prierent Li-ffu -yuen de prendre foin du gouvernement. Li-flu-yuen étoit fils adoptif de Li-keyong, pere du dernier Empereur, Il entra dans le palais impérial où il reçut les fermens de fidélité. Un Officier choifit dans le palais cent des plus jeunes & des plus belles femmes; mais Li-ffu-yuen qui étoit avancé en âge ne voulut pas des recevoir & les renvoya toutes hors du palais. Il ordonna enfuite que l'on raffemblât les fils du feu Empereur qui s'étoient cachés parmi le peuple ; un de fes Officiers les fit tuer; le Prince défaprouva cette action; mais il fit mourir l'Impératrice Lieou-yeou; elle s'étoit fauvée à Tcin-yam. On condamna au fi plufieurs autres Officiers dont on étoit mécontent, à perdre la tête. Alors Li-ffu-yuen prit le titre d'Empereur, il est con nu dans l'hiftoire fous le titre de Mim-tçong. Il propo a de changer le nom de Tam que cette Dynaftie portoit; mais quelques Miniftres l'en détournerent: alors il accorda un amnistie général. Il voulut aufli que les Officiers

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