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cher (a), d'Aïntab, Rawandan, Tell-khaled, Bira, Samofath

& autres.

Apr, J. C.
L'an 115.2

Cothbed

Noureddin apprit bientôt que les Francs défefpérant de Noureddin pouvoir fe maintenir dans ce pays l'avoient remis aux Grecs, din & que le Roi de Jérufalem conduifoit avec lui une multitude de peuple qui abandonnoit la contrée d'Edeffe. Réfolu de les enlever, il marcha au-devant d'eux, les rencontra proche Doulouk (b), éloignée de cinq à fix milles de Tellbafcher. Les Francs fe rangerent en bataille, & firent tous leurs efforts pour gagner la fortereffe d'Aïntab, qui n'étoit pas éloignée de-là. Les premiers s'y rendirent & s'y repoferent pendant la nuit. Le lendemain le Roi de Jérusalem fe remit en marche. Toute cette troupe étoit compofée d'un très-petit nombre de foldats, le refte étoit des vieillards, des femmes & des enfans. On marcha toujours au milieu des Turcs; les bagages étoient hériffés des fléches que ceux-ci lançoient. Les Francs profiterent du tems que les troupes de Noureddin étoient allées chercher des vivres pour gagner la forêt de Marriz, & enfuite le pays d'Antioche, où ils furent alors en sûreté. Les Grecs de leur côté ne conferverent pas long-tems tous les châteaux de la Comté Benelathir. d'Edeffe qui leur avoient été abandonnés. En moins d'un Aboulfedha an Noureddin leur reprit Tell-bafcher, Aïn-tab, Doulouk, Aboulfaradge. Ezaz, Tell-khaled, Courous, Rawandan, Bordge errefas, Benfchoula fortereffe de Bira, Kafarfoud, Khafarlatha, Marafch, nah. Nahar-el-dgiouz, Hifn-el-bada, Hifn-farfout & plufieurs hafen.

autres.

Aboulma

La mort d'Anar Régent du Royaume de Damas, & L'an 1154. beau-pere de Noureddin, arrivée quelque tems auparavant, avoit apporté un changement confidérable dans la Syrie. Modgireddin abc Roi de Damas, étoit un Prince mol & efféminé qui redoutoit les Francs, il avoit même tant de complaifance qu'il leur rendoit tous les efclaves Chrétiens. Noureddin craignant à jufte titre que tôt ou tard les Francs ne s'emparaffent de cette ville, écrivit (c)

(a) Nos Hiftoriens les nomment Turbeffer & Hamtab.

(6) Nos Hiftoriens la nomment TuTome II. Part. II.

lupa.

(6) L'an 549 de l'Hegire.

pour eux

L'an 1154.

Cothbed

din.

aux habitans, en gagna plufieurs, & profita du tems que les Apr. J. C. Francs étoient occupés au fiége d'Afcalon, & qu'en conféNoureddin quence ils ne pourroient point envoyer des fecours au Roi de Damas, pour s'approcher de cette ville avec fon armée. On lui ouvrit la porte orientale, il prit poffeffion de Damas affiégea enfuite Modgireddin qui s'étoit retiré dans le château, & fit offrir à ce Prince de lui donner Hemeffe en échange; celui-ci l'ayant accepté Noureddin, entra dans le château, mais il ne tint pas fa parole; il voulut donner au lieu d'Hemesse la ville de Napoulous, Modgireddin rejetta cet échange, se retira à Bagdad où il resta jufqu'à sa mort, mécontent de la conduite de Noureddin.

Benjamin de Tud.

Guillaume

de Tyr.

La ville de Damas, capitale du Royaume du même nom, étoit une des plus grandes & des plus belles villes de la Syrie; elle étoit fortifiée de hautes murailles, à quinze milles aux environs, ce n'étoit qu'une plaine délicieuse remplie de jardins. Un Auteur qui s'y rendit dans le tems que Noureddin en étoit le maître, dit qu'il n'y a pas de ville plus abondante en toutes fortes de fruits que Damas. L'Amna & le Pharphar qui defcendent du mont Hermon, au pied duquel elle eft fituée, arrosent tout fon territoire ; les eaux de l'Amna font diftribuées par des canaux dans les maisons des Grands, dans les marchés & dans les places publiques; le Pharphar traverse toute la ville. La Mosquée de Damas eft une des plus fuperbes de l'Orient. On prétend qu'il y avoit une muraille de verre percée de fenêtres, dont le nombre répondoit à celui des jours de l'année folaire, ce qui fervoit à indiquer les différens tems de l'année. On croyoit qu'elle avoit été faite par art magique ; mais il n'étoit point rare de trouver dans l'Orient de ces fortes de bâtimens de verre; auparavant des Ouvriers de Samarcande avoient fait connoître aux Chinois cette maniere finguliere de bâtir, & depuis ce tems on avoit conftruit à la Chine de grandes falles de verre qui pouvoient contenir une centaine de perfonnes.

Noureddin n'avoit pas encore fait une conquête fi importante. La prife de Damas le rendoit maître de tout le Royaume. Pendant que les Francs étoient encore devant

Afcalon qui appartenoit aux Egyptiens, il alla affiéger Apr. J. C. Paneas, il espéroit que les Francs viendroient au fecours Noureddin de cette ville, & abandonneroient Afcalon; mais il fut Cothbedobligé de lever ce fiége, les Francs continuerent celui d'Afcalon, & prirent (a) cette ville.

Ils fe conduifoient alors dans la Syrie d'une maniere à attirer fur eux les armées de tous les Princes Mufulmans. Les traités qu'ils faifoient n'étoient pas religieufement obfervés. Il y avoit dans les environs de Paneas une multitude incroyable d'Arabes & de Turkomans qui vivoient fous leurs tentes, difperfés dans la forêt. Ils en avoient obtenu la permiffion de Baudouin III. qui avoit juré folemnellement la paix avec eux; mais la néceffité d'argent dans laquelle ce Prince fe trouvoit, & les mauvais confeils qu'on lui donna, le porterent à aller furprendre ces Turkomans qui vivoient paifiblement, il n'eut point de peine à les mettre en déroute, & fit fur eux un butin immenfe. Paneas appartenoit alors à Unfroy du Toron Connétable du Royaume, les dépenfes qu'il étoit obligé de faire pour empêcher que cette place ne tombât entre les mains de tous les ennemis qui l'environnoient, & fur-tout de Noureddin, l'obligerent d'en céder une partie aux Chevaliers de l'Hôpital, à condition qu'ils contribueroient aux frais de la guerre. En conféquence, les Chevaliers firent de grandes provifions qu'ils avoient deffein de jetter dans la ville; mais Noureddin en ayant été informé enleva ce convoi; les Chevaliers ne voulurent plus garder une ville, qui dès le commencement leur coutoit fi cher, & Noureddin en fit auffi-tôt le fiége. Il étoit près de s'en rendre le maître; mais la présence du Roi de Jérufalem qui arriva avec une armée, l'obligea de décamper après avoir mis le feu à une partie de la ville. Baudouin III. fit réparer toutes les fortifications, renvoya fes troupes, & prit le chemin de Tibériade avec quelques cavaliers; Noureddin paffa auffi-tôt le Jourdain, & fe mit en embufcade dans un endroit par lequel les Francs devoient paffer; il les furprit & les mit en

(a) Le 12 du mois d'Août 1154.

din.

L'an 1456

- L'an 1156.

Cothbed

fuite (a); le Roi lui-même eut beaucoup de peine à fe fauver. Apr. J. C. Noureddin fit un grand nombre de prifonniers, & alla fe Noureddin préfenter devant Paneas, croyant que les Francs ne feroient pas en état de la fecourir contre les nombreuses armées qu'il venoit de raffembler; mais il fut trompé, le Roi Baudouin, Rainaud de Châtillon Prince d'Antioche, & le Comte de Tripoli vinrent au fecours, & l'obligerent de lever le siége, quoique la place fût prefque ruinée.]

din.

Benelathir.

Aboulfedha

Benelathir.

Noureddin porta enfuite fes armes vers le château d'Harem (b) fitué dans la principauté d'Antioche à l'occident d'Alep. D'abord les Francs fe raffemblerent pour aller secourir cette place; mais le Gouverneur leur ayant fait fçavoir qu'il étoit affez fort pour réfifter à Noureddin, ils s'en retournerent; ils ne laifferent pas cependant de faire la paix avec Noureddin, & de lui céder quelques pays pour conferver L'an 1157. Harem. L'année fuivante (c) toute la Syrie fut défolée par de grands tremblemens de terre. Les villes de Hama, Aboulma d'Hemeffe, de Schizour ou Céfarée; la fortereffe des Kurhafen. des, Tripoli, Antioche furent ruinées, & la plûpart de leurs habitans écrasés. On rapporte pour exemple de la grande quantité de monde qui périt, qu'un Maître d'Ecole de Hama étant forti un peu avant le tremblement, & ayant trouvé à fon retour tous fes Ecoliers enfevelis fous les ruines de fa maison, dans la fuite perfonne de la ville n'en reclama aucun; en effet, il n'étoit refté que foixante-dix haBenjamin bitans de quinze mille qu'il y avoit. Le château de Schide Tud. zour situé à une demi-journée de Hama, fur un rocher élevé, & auquel on ne pouvoit parvenir que par un petit fentier coupé dans la montagne, fut détruit, & toute la famille des Moncadites qui l'avoit enlevé fur les Grecs l'an Aboulfedha 1081 de J. C. fut écrasée; quelques Emirs de Noureddin Benfchou- s'en emparerent auffi-tôt, & ce Prince le fit rétablir. Il prit auffi Baalbek dans le même tems.

Benelathir.

nah.

Benclathir.

Cothbeddin Roi de Moffoul & frere de Noureddin ne L'an 1158. jouoit pas un fi grand rôle dans fon Royaume; les Hiftoriens

(a) Le 14 du regne de Baudouin, le 13 des kalendes de Juillet, au mois de Juin.

(6) L'an 551 de l'Hegire.

(c) Dans le mois Redgeb de l'an 552 de l'Hegire..

Noureddin

ne nous apprennent que peu de chofe de fon regne. Il venoit de perdre (a) un de fes grands Officiers nommé Azzed- Apr. J. C. din aboubekr el dobaifi qui étoit maître du Dgeziret ben Cothbedomar. Cothbeddin voulut rentrer dans ce pays, mais il le din. trouva occupé par Ogul-begh, & il fut obligé d'affiéger la ville. Ogul-begh la lui remit pour quelques châteaux que Cothbeddin lui céda.

Guillaume

Dans ce tems-là Thierry Comte de Flandres venoit de L'an 1159. fe rendre en Syrie; tous les Francs s'étoient affemblés dans Aboulfedha le deffein d'entreprendre avec ces, nouveaux fecours quelque de Tyr. expédition confidérable. Ils allerent affiéger le château de Saroudge; mais ils furent forcés de décamper & de fe retirer dans le pays d'Antioche. Ils n'y furent pas plûtot arrivés, qu'ils apprirent que Noureddin étoit tombé dangereusement malade (6).Ceux qui apporterent cette nouvelle dirent que tout fon camp qui étoit alors proche Nepa étoit en trouble, & que les foldats qui n'étoient plus arrêtés par la préfence de ce Prince, s'abandonnoient à toutes fortes d'excès. C'étoit affez la coutume de ces peuples à la mort de leur Prince. Noureddin fe fit porter dans une litiere à Alep. Les Francs voulant profiter de cette circonftance, firent folliciter Toros Roi d'Arménie, de venir le joindre avec fes troupes à Antioche. Toros y accourut, & tous enfemble ils marcherent vers Céfarée ou Schizour, & l'affiégerent avec un grand nombre de machines. Les habitans, plus accoutumés au négoce qu'à fupporter les travaux d'un fiége, laifferent prendre leur ville. Baudouin III Roi de Jérufalem avoit deffein de la donner au Comte de Flandres qui étoit affez puiffant pour la défendre contre les ennemis; mais Rainaud de Châtillon Prince d'Antioche la réclama comme étant fituée dans fon pays. Cette conteftation fut caufe que les Francs fe féparerent, & qu'ils ne tirerent pas de la maladie de Noureddin tout l'avantage que cette occafion leur offroit s'ils euffent été unis, & s'ils euffent fçu entretenir la divifion qui étoit à la Cour de ce Prince. Son frere Miran (c) avoit raffemblé Aboulfedha

(a) Dans le mois Dzoulhedgé de l'an

552.

(6) L'an 554 de l'Hegire.

(c) Guillaume de Tyr le nomme Mir Miram, c'est-à-dire, l'Emir Miran. Il étoit furnommé Nasreddin.

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