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L'an 1097.

ding

Apr. J. C. qui attirerent l'attention du Sulthan Barkiaroc. Le Gouverneur du Kharizme avoit péri dans ces troubles. Emir Dad, ComCothbed- mandant des armées Seljoucides, fe tranfporta dans cette province par ordre du Sulthan, y rétablit le calme ; & avant que de s'en retourner, il en donna (a) le Gouvernement à Cothbeddin mohammed, fils d'Anoufch-teghin, avec le titre de Khaouarefm-fchah, c'est-à-dire, Empereur du Kharizme, qui a toujours refté depuis aux Princes de cette fa-mille. Cothbeddin par fa juftice, fa libéralité, & la protection qu'il accorda toujours aux Sçavans qui fe retiroient en foule auprès de lui, rendit fon nom cher aux habitans de cette province. Il étoit cependant toujours foumis aux Princes Seljoucides, auprès defquels il s'acquittoit exactement des fonctions de fa charge pendant un an, & fe faifoit relever l'année d'après par fon fils.

Kam-mo..

tum-kao.

Lie-tai-ki

fu.

L'an 1125.

Dans ce tems, les extrémités Orientales de l'Afie étoient Ven-hien- remplies de troubles; les Tartares de Niu tché commenHum-kien- çoient à paroître, & s'efforçoient de détruire d'autres Tarlou. tares, qui fous le nom de Khitans régnoient depuis longtems dans la Tartarie & dans le Nord de la Chine. O-ko-ta, Hift.génér. premier Empereur de ces Niu-tché (b), déclara la guerre à des. Tatars. ces Khitans, qui étoient connus à la Chine fous le nom de Leao, battit leurs troupes en plufieurs reconcontres, & enfin les obligea de quitter leur ancien pays. Plufieurs bandes de Khitans, auffi appellés Carakhitans, conduits par Nufitaigir-ili (c), Prince de la famille royale des Leao, fe retirerent chez les Kergis, ou Circaffes de la Sibérie, & pafferent enfuite dans les environs de Kafchgar. C'eft depuis cet établissement que ce pays porta le nom de Kara-khatai. Ellik-khan, que les Chinois appellent Pi-le-ko, Khan des Hoei-khe, faifoit fa résidence dans la ville de Balasgoun; il étoit alors preffé par les Kang-li, peuples qui habitoient dans le voisinage de cette ville, & qui ravageoient fes ter-res. Illik-khan demanda du fecours à Ñufi-taigir ili, & offrit

(a) L'an 490 de l'Hegire.

(b) Ce font les Kin où Altounkhans. L'Hiftoire genéalogique des Tatars appelle leur Chef le Khan de Dfurdfut

ou Djourgé.

(c) Les Chinois le nomment Ye-lin ta-che..

de lui donner la fouveraineté de fa ville. En conféquence
Apr. J. C.
le Prince Khitan s'approcha davantage de l'Occident, & Cothbed-
vint troubler les dernières années du regne de Cothbeddin mo- din.
hammed. Il pénétra jufqu'à la ville de Sun-fe-khan, la même

que
Samarkande (a), dans le Maouarennahar. Le Sulthan de
Kharizme avec cent mille hommes voulut s'oppofer à fon paf-
fage, mais Nufi-taigir-ili ayant partagé toutes fes hordes en
trois corps d'armée, les Kharizmiens furent vaincus. Après
cette victoire, il refta pendant quatre-vingt-dix jours à Sun-
fe-khan, où il reçut les foumiffions & les tributs qu'il venoit
d'imposer aux Mufulmans. Il continua fa marche, & fe ren-
dit enfuite à Ki-ulh-nan (). Là il prit le titre de Kour-
khan, & Illik-khan, qui l'avoit appellé à son secours, se
contenta de celui d'Illik-turk man.'

Le Prince Khitan ne refta pas long-tems dans ces pays Occidentaux. Quelques Hiftoriens prétendent qu'il fuivit la côte Occidentale de la Mer Cafpienne, & qu'il rentra en Tartarie après avoir fait le tour de cette Mer. Il établit fa demeure à Kafchgar, qu'il nomma Hou-fe-ou-oulh-tou c'est-à-dire, Houseordou ; elle a été auffi appellée Ordoukend; depuis ce tems cette ville a été la capitale de ce nouvel Empire. Par-là Cothbeddin mohammed fut délivré de ces Barbares, mais il mourut prefque auffi-tôt (c), laif- L'an 11270 fant un fils nommé Atziz, qui lui fuccéda..

Aboulfedha

Atziz fut, comme fon pere, Echanfon de Sandgiar, Sul- Atziz. than des Seljoucides. Les fervices de Cothbeddin mohammed, & fes qualités perfonnelles, contribuerent beaucoup à augmenter le crédit du fils à la Cour de ces Princes. Le Sulthan Sandgiar ne fut pas long-tems fans s'appercevoir des deffeins ambitieux de ce Gouverneur; mais les fervices qu'il L'an 1138. avoit reçus de cette famille, le déterminerent à ne pas écouter fes foupçons (d); & il le combla de nouveau de biens & d'honneurs. Les Grands de la Cour, allarmés du

(4) Je me fuis trompé dans les Tables fable. Atziz eft mort en 1155, & Sandau fujet de cette ville.

(b) Peut-etre Carminiah. (c) L'an 521 de l'Hegire..

(d) Tout ce que dit d'Herbelot fur le fujet de cette guerre, n'est qu'une

giar ne fortit de captivité de chez les
Gozz qu'en 1156; & c'eft à cette épo-
que, fuivant M. d Herbelot, qu'il fau¬
droit placer cette guerre.

Apr. J. C.

L'an 1138.
Atziz.

crédit d'Atziz, entreprirent de le perdre. Celui-ci, pour prévenir l'orage dont il étoit menacé, demanda la permiffion de fe retirer dans fon Gouvernement de Kharizme ; quelques troubles qui venoient de s'élever dans cette province, fervirent de prétexte. Le Sulthan Sandgiar qui connoiffoit le caractère de cet Officier, dit en le voyant partir : Je vois les épaules d'un homme dont probablement je ne verrai plus guere le vifage. Un pareil difcours qui annonçoit des foupçons & de la méfiance de la part du Prince, engagea plufieurs courtifans à propofer d'arrêter Atziz; mais Sandgiar leur Herbelot. répondit : J'ai trop d'obligation à cet homme & à fon pere je croirois bleffer la reconnoiffance que je lui dois, fi fans aucun fujet, & fur un fimple foupçon, je cherchois à l'offenfer. J'ai toujours obfervé cette maxime; Que l'on doit être fenfible aux bienfaits les plus légers, parce que le bien eft toujours grand en lui-même, & toujours eftimable. Sandgiar, plus politique, mais moins généreux, eût fait arrêter Atziz, dont la conduite ne fit que confirmer fes foupçons. Atziz fouleva toute la province, fe mit à la tête des rebelles, & Sandgiar fut contraint de marcher contre un homme, que fa générosité avoit laiffé échapper.

Aboulfedha d'Herbelot

Sandgiar fe transporta (a) à la tête de fes armées dans le Kharizme. Atziz, avec fon fils Il-kilidge, osa marcher contre lui; mais fes forces n'étant pas comparables à celles du Sulthan, il fut vaincu, & obligé de prendre la fuite, & fon fils tombé entre les mains du Sulthan fut mis à mort. Par cette victoire le Kharizme rentra dans le devoir, & Soliman schah, neveu du Sulthan, en obtint le Gouvernement. Sandgiar ne fut pas plutôt rentré dans Merou, qu'Atziz reparut à la tête d'une nouvelle armée, & fe difpofa à marcher contre Soliman fchah, qui n'avoit qu'un petit nombre de troupes. Soliman, hors d'état de réfifter à fon ennemi, fe retira auprès de Sandgrar, & abandonna tout le Kharizme à Atziz. Celui-ci avoit intéreffé dans fon parti les Khitans, établis alors à Kaschgar. Taigir, leur Prince, venoit de recevoir un échec confidérable de la part des Tartares de Niu-tché. Le Khan des Khitans avoit formé le projet de retourner dans (a) L'an 533 de l'Hegire, dans le mois Mouharram.

Apr. J. C.

le fond de la Tartarie, & de rétablir fa puiffance & fa domination dans le pays que fes ancêtres avoient poffédé; & L'an 1138. c'eft dans ce deffein qu'il avoit envoyé fon Général Aris (a) Atziz. à la tête de foixante-dix mille hommes, vers la Chine & le pays des Tartares de Niu-tché. Taigir ili étoit lui-même dans cette armée. Une partie de fes boufs & de fes chevaux périt dans la route, & fes foldats voulurent reprendre le chemin de Kafchgar. Taigir ili livra quelques combats aux Niu-tché. Ceux-ci craignoient que les Khitans ne fe réuniffent aux Princes de Hia, qui étoient leurs ennemis ; c'étoit effectivement le deffein de Taigir ili; mais la mort de ce Prince, arrivée en 1136, mit fin à cette expédition. Les Khitans revinrent dans leur pays de Kafchgar, où ils donnerent le titre de Khan à Y-li, fils de Taigir-ili. Comme celui-ci étoit en bas âge, Siao-chi, fa mere, fut déclarée Régente. C'est à cette Princeffe qu'Atziz s'adressa; il lui écrivit pour l'engager à venir s'emparer du Maouarennahar. Les Khitans entrerent auffi-tôt dans cette province; Sandgiar quitta le Khorafan, & accourut au fecours; mais il fut L'an 1141 vaincu (b), & la Reine fon épouse fut du nombre des prifonniers. Après fa déroute, Atziz entra dans le Khorafan qu'il ravagea; il enleva tous les tréfors qui y étoient, pendant que les Khitans s'établiffoient dans le Maouarennahar. L'an 1140 Ils perdirent alors leur Reine Siao-chi.

Aboulfedha

Sandgiar rassembla (c) promptement de nouvelles trou- L'an 11436 pes, & marcha vers le Kharizme. Après avoir enlevé pluAboulfedha fieurs places à Atziz, il le vint affiéger dans fa capitale. d'Herbelor. Atziz, qui étoit fur le point d'être forcé, eut recours à l'ar tifice, & il lui fut facile de le faire réuffir auprès d'un Prince qui fe piquoit de générofité. Il envoya des Députés avec de riches préfens, vers le Sulthan, demanda pardon de fa faute, & promit de garder à l'avenir une fidélité inviolable. Sandgiar lui accorda le pardon qu'il demandoit, & fit plus; il le laiffa en poffeffion de fon Gouvernement; excès de bonté, dont il fe repentit bientôt, & qui ne ramena pas l'ef

(a) Les Chinois prononcent Ouo-liła. 16( Dans le mois Mouharram de l'ant

536 de l'Hegire..

(c) L'an 538 de l'Hegire.

Apr. J. C. prit inquiet d'Atziz. L'ambition de regner lui faifoit tout enAtziz. treprendre. Sandgiar apprit que ce Gouverneur ne fe foumettoit point à fes ordres, qu'il venoit de reprendre les armes, & que dans tout fon Gouvernement il fe conduifoit en Monarque abfolu. Pour en être plus inftruit, le Sulthan envoya un de fes principaux Officiers, nommé Adib faber de Termed; Atziz le fit arrêter, & fit partir en même tems pour Merou des gens qui lui étoient dévoués, pour affaffiner le Sulthan. Adib saber, qui n'étoit pas affez étroitement gardé, en donna avis au Sulthan. Sandgiar fit faire dans Merou une recherche exacte des affaffins, & les fit punir. Atziz de fon côté ayant appris ce qui venoit de fe paffer à Merou, & jugeant que tout avoit été découvert par le moyen d'Adib faber, fit précipiter cet Officier du haut d'un château dans le Gihon.

L'an 1147.

Il étoit important de ne pas laiffer impunie l'infolence du Gouverneur du Kharizme. Sandgiar s'avança (a) à la tête d'une puiffante armée vers Hezar-afp (6), dans laquelle Atziz s'étoit renfermé, comme dans la plus forte place du pays. Mais le Sulthan, après plusieurs affauts, s'en rendit maître. Atziz ne tira de cette expédition que la gloire d'avoir fait une vigoureuse défense, & le bonheur d'échapper & de se fauver dans fa capitale. Comme cette ville n'étoit point en état de foutenir un long fiége, il fit faire des propofitions de paix, que Sandgiar écouta; foit parce qu'il étoit fatigué de cette guerre, foit parce qu'il vouloit épargner le peuple. Atziz chargea le Dervifch Ahoupousch, ainfi nommé, parce qu'il étoit vêtu d'une peau de biche ou de gazelle, d'être fon médiateur auprès du Sulthan. Cet homme qui étoit regardé comme un faint dans le pays, n'eut pas de peine à adoucir l'efprit de Sandgiar, qui fe contenta, pour toute fatisfaction de la part d'Atziz, qu'il le vînt trouver fur le bord du Gihon, fe profternât & baifât la terre devant lui, felon la coutume de rendre hommage aux Princes Orientaux ; coutume qui eft encore en ufage parmi les Perfans, qui l'appellent Roui-zemin, c'est-à-dire, vifage contre terre. Pendant ce tems

(a) L'an 542 de l'Hegire.

(b) C'eft-à-dire, mille chevaux,

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