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Sarmanrai qui appartenoient à Aschraf. Kamel (a), frere de ce Apr. J. C. Prince qui regnoit en Egypte, entra auffi-tôt dans fes Etats, Kaikobad. fuivi de tous les Princes (b) de la famille de Saladin; il Aboulfedha campa fur le bord de la riviere Azrac ou riviere bleue, d'où Aboulfa

L'an 1234

radge.

il envoya quelques détachemens qui ruinerent le château de Manfour, mais ils ne purent aller plus avant, Alaeddin ayant pofté plufieurs corps de troupes dans les défilés des montagnes. Kamel paffa l'Euphrate, dans le deffein de marcher vers Souaïda, proche Emed: il avoit envoyé devant lui deux mille cinq cens hommes commandés par Modhaffer Mahmoud, Roi de Hama. Ce corps fut entierement défait par Kaikobad, & le Roi de Hama fe fauva dans Khortobret, où il fut auffi-tôt affiégé. Le Sulthan d'Egypte étoit dans Souaïda, mécontent des Princes fes parens. Il n'ofa aller au fecours de Kortobret, & Mahmoud fut obligé de fe rendre (c). Kamel reprit le chemin de fes Etats, & Kaikobad alla s'emparer de la ville de Roha qu'il mit au pillage, pendant trois jours; il n'épargna en cette occasion ni Chrétiens ni Mufulmans. Les habitans de Harran qui craignirent un pareil traitement, apporterent les clefs de leur ville. Racca & Bafira furent auffi foumifes. Toutes ces places appartenoient au Sulthan d'Egypte qui les reprit (d) prefque auffi-tôt après que Kaikobad fut retourné dans fes Etats. Ce Prince y étoit ocL'an 1235. cupé des fêtes qu'il donnoit à fes Emirs à l'occafion de fes Aboulfa grandes conquêtes, lorfqu'il tomba malade d'un flux de fang, & Abonlfedha mourut en deux jours; (e) il avoit regné douze ans (ƒ).

radge.

(a) Malek el kamel aboulfath nafireddin mohammed, fils de Malek el adel Nafireddin aboubekr, frere de Saladin.

(b) Les principaux étoient Malek afchraf moufa, Roi de Damas ; Malek moudhaffer ghazi, Roi de Miafarekin; El aphedh arflan fchah, Roi du château de Dgiaber, & Saleh ifmail, l'un & l'autre fils de Malek el adel; Malek el moadham touran fchah, fils de Saladin; Malek ezzaher, Roi de Bira; Daoud, fils de Saladin; Malek el afdhal moufa, Roi de Samofath, fils de Saladin; Malek eljafdhal aly; Malek el moudhaffer mahmoud, Roi de Hama; Malek effaleh ahmed, Roi d'Aintab; Malek

ennafer daoud, Roi de Krac; Malek el moudgiahed fchirkouh, Roi d'Hemeffe. (c) Dans le mois Dzoulcaada de l'an 631.

(d) L'an 633 de l'Hegire.

(e) L'an 634 de l'Hegire, dans le mois Schoual.

(f) D'Herbelot lui donne mal-à-propos 26 ans de regne. Les Hiftoriens Turcs difent que fous le regne de ce Prince parurent Orthogrul & Othman, fondateurs de l'Empire Turc. Ils font vivre Alaeddin beaucoup plus longtems, & prétendent qu'il donna à Othman l'étendart & le drapeau en 680; qu'il fut battu en 699 par les Mogols, &

nah.

On peut le regarder comme le plus grand Prince (a) de fa famille. En montant fur le trône, il établit des Loix, éten- L'an 1235Apr. J. C. dit les bornes de fon Empire, fe fit craindre & refpecter de Kaikobad. fes voisins, aimer de fes fujets; il étoit brave, modéré dans Benfchoufes paffions, févere envers fes Domeftiques & fes Emirs aux- Aboulma quels il ne paffoit rien; exact obfervateur des loix, & à cet hasen. égard d'une inflexibilité qui le rendoit quelquefois cruel. Il réunit fous fa puiffance diverfes petites Principautés qui avoient été jufqu'alors autant de démembremens de l'Empire des Seljoucides. Mais cet Empire parvenu fous fon regne au plus haut dégré de puiffance, tomba après fa mort, languit pendant quelque tems, & fut enfin détruit.

L'an 1236.

Tous les Emirs prêterent ferment de fidélité à fon fils Kaikhof Gaïatheddin (b) Kaikhofrou, Prince qui s'attira d'abord à dos ou II. les chefs des Kharifmiens qui étoient à fon fervice. Il fit (c) Aboulfamourir un d'entre eux nommé Gaïer-khan, ce qui irrita tel- radge. lement cette milice étrangere, qu'elle fortit de fes Etats, en ravageant Malathie, Kakhtin, Khortobret, les environs de Samofath & de Souaïda. Nafer, Roi d'Alep, offrit à ces Emirs une retraite dans fon pays, & les plaça aux environs de Roha & de Harran.

La famille de Saladin maîtreffe de la Syrie & de l'Egypte, étoit devenue très-nombreuse. Tous ces Princes,pourvûs chacun de quelque appanage, ne cherchoient qu'à s'aggrandir aux dépens les uns des autres & fe faifoient continuellement la guerre; les voifins les plus redoutables qu'ils euffent alors, étoient les Sulthans d'Iconium, qu'ils s'efforçoient tous en particulier de mettre dans leurs intérêts. Kaikhofrou fut Aboulfedha qu'il fe retira chez Michel Palæologue, où il mourut en 703. Il eft vifible que tout ceci est une hiftoire formée à plaifir par les Turcs, pour donner une origine plus illuftre à leur Sulthan. Alaeddin eft mort en 634, & n'a pù se sauver chez Michel Palæologue, qui ne regnoit pas alors. On le confond ici avec Azzeddin, qui fe fauva en effet auprès de cet Empereur. Azzeddin n'a pû encore donner l'étendart à Othman en 680, puifqu'il eft mort en 677. Othman n'est qu'un fimple Emir rebelle, dont on a voulu couvrir l'ufurpation.

Mais on n'a pas confulté le rapport que
toutes les différentes parties hiftoriques
devoient avoir entre elles.

(a) On lui donnoit, dit Aboulfedha,
le titre fuperbe de Sulthan du monde.
(b) Quelques-uns de nos Hiftoriens
le nomment Goviathe; Georges Logo-
thete & la Chronique de Constantinople
l'appellent Jotathin. Bergeron dit qu'il
avoit pour vaffaux le Roi d'Arménie,
les Seigneurs de Lambre & de Trébi-
zonde,leVatache ou Jean Ducas,les Sou
dans d'Alep, de Camelle & de Damas.
(c) L'an 634 de l'Hegire.

Kaikhofrou II.

follicité vivement par Afchraf, Roi de Damas, de faire la Apr. J. C. guerre à Kamel, Sulthan d'Egypte ; mais ce Prince aima L'an 1237 mieux faire alliance avec Nafer, Roi d'Alep, à qui il donna fa fœur Maliket khatoun (a). Il époufa (b) en même tems Gaziet khatoun, (c) fœur de Nafer: en conféquence de cette double alliance, on fit dans Alep la priere publique au nom de Kaikhofrou, c'est-à-dire, qu'il y fut reconnu en qualité de Sulthan.

L'an 1239.

Aboulfaradge.

Haiton. Sanut.

L'an 1240.

Aboulfaradge.

Aboulma

hafen.

Les Mogols paroiffoient menacer de plus en plus l'Occident. Le grand Khan Oktai qui regardoit alors le Sulthan d'Iconium comme le plus puiffant Prince de l'Afie, dans le deffein de détruire cet Empire, avoit déja envoyé une grande armée vers l'Arménie. Kai-khofrou informé de leur marche avoit rassemblé fes troupes, (d) entre lesquelles étoit un corps d'environ deux mille Latins qui étoient commandés par Jean de Liminata, de l'Ifle Chypre, & par Boniface de Molinis, de Venise. Le Général Mogol qui avoit ordre de ne pas s'expofer à une action, ne jugea pas à propos de marcher en avant, & fe retira, & Kaikhofrou profita de fa retraite pour aller appaiser des troubles qu'un impofteur excitoit dans fes Etats.

Un Turkoman nommé Baba prêchoit dans les environs d'Amafie une nouvelle doctrine; il fe difoit Prophete, & féduifoit par fes difcours une grande quantité de peuple. Il avoit envoyé un de fes difciples nommé Isaac vers les Turkomans de Samofath. Ifaac y prêcha la doctrine de fon maître ; bientôt Baba fe vit à la tête de fix mille cavaliers, & d'un corps d'infanterie avec lequel il faifoit main-baffe fur tous ceux qui ne foutenoient point qu'il n'y avoit pas d'autre Dieu que Dieu, & que Baba étoit fon Prophete. C'étoit la nouvelle formule de Foi de cet impofteur; il égorgea un grand nombre de Chrétiens & de Mufulmans au château de Manfour, à Kakhtin, à Karkar, à Samofath & à Malathie, & il battit en plufieurs rencontres les troupes du Sulthan. Dans le tems

(a) Cette Princeffe, fille de Kaikobad, qui étoit encore trop jeune, ne fe rendit auprès de fon mari qu'en 652.

(b) L'an 635 de l'Hegire.

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(e) L'an 638 de l'Hegire.

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rou II.

qu'il étoit à Amafie,Kai-khofrou leva une nouvelle armée dans Apr. J. C. laquelle étoient plufieurs Francs. Les Mufulmans n'oferent en L'an 1240. venir aux mains avec ces Sectaires, & ils étoient perdus Kaikhoffans cette troupe de Francs qui fondit avec intrépidité sur eux, & les paffa tous au fil de l'épée; Baba & Ifaac furent faits prifonniers & eurent la tête coupée.

Aboulfedha

Haiton.

L'armée Mogole étoit enfin entrée dans l'Arménie. Jar- L'an 1242. maghoun Novian qui la commandoit, avoit pris d'affaut la vil- Aboulfale d'Erzeroum (a). Kaikhofrou à la tête d'une armée nombreu- radge; fe, compofée de Grecs, de Francs, de Georgiens, d'Arabes, Aboulmad'Arméniens & de Turcs, courut (b) à la défense de fes fron- hafen. tieres. Il rencontra les Mogols aux environs d'Arzendgian, Bergeron dans un lieu appellé Koufadagh, il eut la fupériorité dans plufieurs petites actions, & vit fept cens Francs (c) donner la chaffe à foixante mille Mogols; mais lorfque les deux armées en vinrent à une action générale, celle de Kaikhofrou prit auffi-tôt la fuite. (d) Ce Prince courut à Céfarée, d'où il emmena fes femmes & fes enfans pour aller s'enfermer dans la ville d'Angora ou Ancyre. Les Mogols étonnés d'une fuite fi prompte, refterent pendant toute la journée fur le champ de bataille, n'ofant pourfuivre les Turcs, l'action n'ayant pas été affez vive pour qu'une armée fi nombreuse lâchat pied; ils s'attendoient à chaque inftant à voir les Turcs revenir à la charge. C'eft ce qui fauva l'armée de Kaikhofrou qui eut le tems de chercher une retraite. Les Mogols se répandirent dans fes Etats. Siouas fe rendit à eux, & donna aux vainqueurs toutes fes richeffes, à condition que les habitans conferveroient leur liberté. Céfarée qui ofa fe défendre fut mife au pillage, fes murs rafés, les femmes & les enfans. menés en captivité, & le refte tué. Une partie des habitans de Malathie fe fauva vers Alep; l'autre, à la tête de laquelle

(a) Samut la nomme Arforon. (b) L'an 640 de l'Hegire.

(c) Bergeron rapporte qu'il y avoit dans cette troupe un Raimond de Brunduze, & un autre Raimond de Gafcogne, qui furent faits prifonniers par les Tartares. Ceux-ci curieux de voir comment les Francs fe battoient, voulurent les obliger à fe battre en champ Tom. II. Part. II.

clos. Les deux Francs fe jetterent fur
eux, & en tuerent plus d'une trentaine
avant que d'être tués. Cette action, &
celle dans laquelle 700 Francs donne-
rent la chaffe à foixante mille Turcs,
leur donna une haute idée du courage
des Francs.

(d) Sanut met cette défaite en 1244,
mais il fe trompe.
I

Apr. J. C.

étoit l'Archevêque Denis, réfolut de fe défendre, mais les L'an 1242, Mogols n'en approcherent point, il n'y eut que ceux qui Kaikhof- avoient pris la fuite, qui tomberent entre leurs mains

rou II.

,

&

qui furent expofés à toute la fureur de ces Barbares. Les Mogols allerent prendre d'affaut Arzendgian, qu'ils enfevelirent en quelque façon fous fes ruines.

Jamais Kaikhofrou n'avoit été dans un befoin fi preffant de fecours qu'il fe trouva alors; mais il n'en pouvoit efpérer L'an 1243. de fes voifins. Baudouin II. Empereur de Conftantinople, preffé par l'Empereur Grec Jean Ducas Bataze, loin de pouvoir lui en envoyer, eut au contraire recours à lui pour foutenir l'Empire chancelant des Francs dans Conftantinople. Il efpéroit que Kaikhofrou entreroit fur les terres de Jean Ducas Bataze. On envoya de part & d'autre des Ambassadeurs, Kaikhofrou propofa une ligue offenfive & défenfive, à con-dition qu'on lui donneroit en mariage une Princeffe du Sang de France, promettant de fon côté de lui laiffer le libre exercice de fa Religion, de faire bâtir en plufieurs villes des Eglifes, & faifant même espérer d'embraffer le Chriftianisme.. Baudouin envoya en France chercher fa niéce, fille d'Eudes, Seigneur de Montaigu & d'Elifabeth fa foeur; mais ce traité n'eut pas lieu par les intrigues de Jean Ducas Bataze qui le fit échouer. Plus voifin des Turcs, il étoit plus en état de les inquiéter que Baudouin. Kaikhofrou préféra fon alliance, il lui repréfenta que fon intérêt & le fien étoit d'éloigner de: l'Afie mineure les Mogols. Les deux Princes s'abouche-rent à Tripoli fur le Méandre; mais les armées de Jean Ducas Bataze n'étoient point capables de garantir le Sulthan del'irruption des Mogols. Celui-ci pour détourner l'orage dont il paroiffoit être menacé, fit demander la paix par des Ambaffadeurs qu'il envoya, & on la lui accorda (a) à condition: qu'il donneroit tous les ans une fomme d'argent, & qu'il fourniroit des chevaux, des habits, des chiens de chaffe & d'autres chofes femblables. Alors il tourna fes armes du côté de Tarfe, contre laquelle il envoya (6) une grande armée. Ses troupes en firent le fiége & alloient s'en emparer lorfqu'elles

L'an 1244.

Aboulfaradge.

(a) L'an 641 de l'Hegire.

(b) L'an 642 de l'Hegire,

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