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Seizième

'dans fes droits fous Charles VIII. & fous Louis XII. Les Tribunaux 1515. François s'y conformerent toujours. fiécle Mais, fi l'on s'en rapporte à quelques Auteurs, ce droit d'élection rendu aux Chapitres & aux Couvens étoit devenu par la corruption des mœurs, un préfent bien funefte. Outre l'inconvénient des brigues de la part des prétendans & de la difcorde parmi les élifans, il y avoit un autre inconvénient plus univerfel dans le motif même qui déterminoit chaque élection (1). Les Cha

(1) Brantôme peint tous ces défordres avec une naïveté bien franche & bien vive. » Le pis » étoit, dit-il, quand ils ne fe pouvoient accorder » en leurs élections; le plus fouvent s'entrebat» toient, se gourmoient à coups de poing, venoient

aux Braquemars, & s'entre bleffoient, voire o s'entre-tuoient...... ils élifoient le plus fouvent celui qui étoit le meilleur compagnon, » qui aimoit plus les G..... les chiens & les » oiseaux, qui étoit le meilleur biberon, bref, qui

étoit le plus débauché..... aucuns élifoient » quelque fimple bon-homme de Moine, qui n'eût »ofé grouiller, ni commander faire autre chofe,

finon ce qui leur plaifoit ; & le menaçoient » s'il vouloit trop faire du galant & rogue fupérieur. D'autres élifoient par pitié quelque pauvre » hére de Moine, qui en cachette les déroboit

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noines, les Religieux, plongés dans 1515• la débauche & dans l'ignorance choififfoient le plus ignorant & le plus débauché d'entr'eux, pour fe mettre à l'abri de la réforme; fou vent ils le faifoient jurer d'entretenir le déréglement, comme on juroit autrefois de faire observer la régle. On ne pouvoit point reprocher aux Evêques la non-réfidence, ils vivoient dans leurs Diocèfes, ils aimoient à y vivre au fein des richeffes, de la puiffance & des plai

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» ou faifoit bourse à part, & mourir de faim fes » Religieux... Les Evêques élevés & parvenus à ce grandes dignités, Dieu fçait quelles vies ils menoient.... une vie toute diffolue après chiens, oyfeaux, fêtes, banquets, confraïries, noces & P..... dont ils en faifoient des ferrails; ainfi que j'ai oui parler d'un de ce vieux temps, qui faifoit rechercher de jeunes, belles petites filles, de l'âge de dix ans, qui promet toient quelque chofe de leur beauté à l'avenir, & les donnoit à nourrir & élever qui çà, qui là, parmi leurs paroiffes & villages, comme les Gentilshommes de petits chiens, pour s'en fervir, lorfqu'elles feroient grandes...... Pen dirois davantage, mais je ne veux pas fcandalifer.

M. de Marca, quoiqu'il convienne de l'antiquité des Elections, donne hautement la préférence au Concordat fur la Pragmatique. Marca de Concord fac. & Imp. L. 6. So 20

firs, loin des cenfeurs qu'ils euffent trouvés à la Cour ; ce n'étoient pour 1515. la plûpart que de grands Seigneurs ftupides & voluptueux, qui n'avoient d'autre mérite que de troubler peu l'Etat ; la volupté corrompt, mais elle ne trouble point, elle a trop peu de vigueur. Les Abbés & autres gros Bénéficiers marchoient fur les traces des Evêques, à proportion de leurs revenus & de leur puiffance.

D'un autre côté les Papes, depuis l'établissement de la PragmatiqueSanction, regardoient les François à peu près comme des fchifmatiques; ce Décret avoit ôté au Saint Siége tout prétexte d'exaction fur le Clergé de France, & en refpectant les liens de l'unité, avoit brisé tous ceux de la dépendance. Le Pape Jules II. implacable ennemi de Louis XI. fon bienfaiteur, l'avoit perfécuté toute la vie; les guerres que ce Roi modéré avoit eu à foutenir contre ce Pontife violent, avoient encore répandu fur la France un vernis

odieux de schisme, qui lui avoit nui 1515. dans l'Europe, & dont Ferdinand le Catholique avoit fu tirer avantage.Le Concile de Pife convoqué par Louis XII. pour la dépofition de Jules II. étoit déclaré fchifmatique, Louis XII. lui-même l'avoit défavoué; les Cardinaux qui avoient cité Jules II. au Concile de Pife, s'étoient profternés devant Léon X. fon fucceffeur, &, pour être réhabilités, ils avoient reconnu la juftice de leur dégradation; le Concile de Latran annulloit la Pragmatique, tonnoit contre fes fauteurs, les citoit & alloit les condamner. Le Royaume, felon la forme ordinaire, avoit été mis en interdit ; ces étincelles, en fe rallumant, pouvoient caufer un grand incendie. Louis XII. voulant les éteindre, avoit promis d'envoyer les Prélats François au Concile de Latran, pour prendre part aux actes de ce Concile, & répondre fur le fait de la Pragmatique, il avoit feulement demandé un délai, les che mins n'étant pas libres à caufe de la

guerre ; il eût fans doute tenu parole à la paix, fi la mort ne l'eût pré

venu.

François I. fur la même fommation, péremptoire & définitive avoit fait la même promeffe, Léon X. le preffoit de donner fatisfaction au Saint Siége; & ce Prince, qui, encouragé par fes fuccès dans le Milanès, ne refpiroit que la conquête de Naples, jugeoit nécessaire d'a voir le Pape pour ami.

Tels furent les intérêts qui firent agréer à François I. l'entrevûe de Bologne ; le Pape la defiroit ardemment; car la Pragmatique étoit un dangereux exemple pour tous les Etats Chrétiens, lorfqu'ils feroient las du joug de Rome.

On a dit ailleurs (1) par quel motif le Pape aima mieux s'avancer audevant du Roi jufqu'à Bologne que de le recevoir à Rome ou dans Florence. Ils fe virent, & convinrent

(1) Tome premier de cette Hiftoire 282, 3, 4.

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