Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

Prélats, Chanoines, Docteurs, &
membres de l'Univerfité, délibérè-
rent ensemble; le Parlement délibé-
ra auffi à part avec la prudente len-
teur qui convient aux affaires déli-

cates.

Le vœu de l'Univerfité & du Clergé fut que celle-ci intéreflant toute l'Eglife Gallicane, ne pouvoit être décidée que par l'Eglife Gallicane, affemblée en Concile national. Cette réponse irrita d'autant plus le Roi, qu'elle lui fut portée par le Cardinal de Boify, auquel le Concordat venoit de procurer le chapeau. Vous ne pouvez, lui dit-il, en le regardant avec indignation, oh! je vous le ferai bien pouvoir, ou je vous envoyerai tous à Rome dire vos raifons au Pape.

Le Préfident Baillet, député par le Parlement, fe contenta de dire qu'on feroit rapport à la Cour de l'affaire en queftion, & qu'on fe conduiroit de forte que Dieu & le Roi en feroient contens. Le Chancelier dit : Les gens de la Cour l'entendent bien, propos équivoque, eft-il d'approbation ou

1517.

1517.

de blâme ? Le Roi répliqua : Oh! pour ceux-ci, je le leur ferai bien faire.

Le Concordat & l'acte d'abrogation de la Pragmatique avoient été remis aux Gens du Roi. Ceux-ci, après un très-mûr examen, firent le 5. Juin au Parlement, en présence du Chancelier, qui étoit venu pour les preffer, un fimple rapport provifoire, ils annoncèrent des inconvéniens, demanderent qu'on nommât des Commiffaires; on pouvoit les nommer fur le champ, on ne les nomma que le lendemain fix; le 15. ils demanderent des adjoints, atten. du l'importance de la matière. Enfin le 22, l'Avocat-Général le Liévre donna fes conclufions, & au lieu de requérir l'enregîtrement, il osa se déclarer appellant du Concordat, & inviter le Parlement à maintenir la Pragmatique. Le Parlement fe garda bien de prononcer encore; le Roi, ennuyé de cette lenteur, reprit les Concordats des mains de l'AvocatGénéral, & les fit porter le 24 Juin au Parlement par le Chancelier, ac

compagné du Connétable de Bour-bon & du Seigneur d'Albret d'Or 1517. val; le Chancelier répéta au Parlement ce qu'il lui avoit déja dit le 5. Février & le 5. Juin, que le Roi vouloit abfolument tenir parole au Pape. Le Parlement ordonna que le Concordat & l'acte (1) d'abrogation de la Pragmatique feroient de nouveau communiqués au Parquet ; le Chancelier les reprit au Parquet, & les reporta le lendemain au Parlement, qui en ordonna encore la communication au Parquet (2). Le Roi s'en indigna, & le 26. le Bâtard de Savoye fon oncle (3) porta au Parle

(1) Ces deux A&tes, quoique relatifs au même objet, font très-différens Pun de l'autre. L'acte de révocation de la Pragmatique, n'avoit point été concerté avec les Miniftres du Roi, & il étoit fi contraire aux Libertés de l'Eglife Gallicane, que le Roi, malgré les inftances du Pape, ne crut pas devoir infifter pour qu'il fût enregistré ainfi la Pragmatique n'eft cenfée révoquée que par le Concordat, qui n'en parle point, mais qui en tient lieu.

(2) Ces détails & ceux qui vont fuivre, font tirés d'un Manufcrit de la Bibliothèque du Roi, Mff. de M. A. Faur, cotté 8470, 2.

(3) René, légitimé de Savoye, Comte de

ment une lettre, dans laquelle le Roi 1517. reprochoit à la Compagnie ces formalités qu'il regardoit comme un badinage trop peu refpectueux, & lui ordonnoit de procéder à l'enregîtrement, fur l'heure, toute affaire ceffante, & en présence du Bâtard de Savoye. Le Premier Préfident Olivier excufa, comme il put,fa compagnie fur ce long retardement, il allégua un procès entre le Roi de Navarre & le Maréchal de Lautrec, renvoyé par le Roi lui-même à la décifion du Parlement, & dont on n'avoit pas cru devoir interrompre l'examen. A l'égard de l'affiftance du Bâtard de Savoye, il dit que c'é toit une chofe bien nouvelle; en effet, le Bâtard de Savoye n'avoit d'autre titre pour prendre féance au Parlement que la volonté du Roi, il n'étoit point du Corps du Parlement, il n'avoit pas ferment en la Cour. Le

Villars, de Tende &c. fils naturel de Philippe
Duc de Savoye & de Bonne de Romagne. La
Ducheffe d'Angoulême étoit fa fœur.

Bâtard repliqua modeftement: » Je

» n'ai point cherché cette commif- 1517. » fion; je fens tout ce qu'elle a de défagréable; je voudrois fervir le » Parlement, & non l'affliger. » Il eut enfuite l'attention de fe retirer pour laiffer la Compagnie prendre un parti en liberté.

Il fembloit que le moment de fe déclarer étoit venu, & qu'il n'y avoit plùs moyen de reculer. Au contraire, l'occafion de temporifer étoit plus favorable que jamais. Le Roi fe plaignoit des lenteurs paffées, il falloit juftifier le Parlement; cette démarche avoit un air de foumiffion, qui ne pouvoit déplaire,, quoiqu'elle cachât une réfiftance nouvelle. Le Roi étoit abfent, il alloit vifiter la côte de Picardie, il falloit lui envoyer une députation; le voyage, le féjour, le retour, le rapport, les nouveaux incidens qui pourroient naître, feroient toujours gagner du tems; on envoye donc le Préfident de la Haye & le Conseiller Dorigny pour repréfenter au Roj

« AnteriorContinuar »