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RARTIE.

d'une maniere incontestable, cùm facienda VIS SIT, ut regna cœlorum rapiantur, dans une lettre du Pape Hormifdas, qui porte, cùm facienda juffit.

Le même Auteur, ibid. pag. 718. n'a pas été moins heureux dans le rétablissement de, zelum quemdam, quali FINEES SE Deo commendavit, oftendit; dans une autre lettre du même Pape, dont le texte porte: zelum quemdam, quali FINE ESSE Deo commen davit.

Ces exemples fuffifent pour montrer qu'on peut avoir une affurance entiere d'être parvenu à la découverte d'une leçon originale, quoiqu'elle ne fe trouve dans aucun manufcrit, & qu'il eft certains rétabliffements d'endroits corrompus, qui méritent une exception à la loi que fe font ordinairement les Editeurs, de ne rien admettre dans le texte, qui ne fe trouve dans quelque manufcrit. Cette loi eft en effet pleine de fageffe; mais on ne peut difconvenir que l'exception ne puiffe & ne doive avoir lieu, toutes les fois qu'on parvient à des reftitutions auffi fondées fur la liaifon des penfées, & fur la reffemblance

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des mots, que celles dont on vient de voir les exemples.

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Il est donc très-poffible de réuffir dans la cure d'un texte corrompu. Mais avant que d'entreprendre aucun traitement en cette matiere, il faut commencer par bien s'affurer du vice d'une leçon; & l'on doit ufer à cet égard de la plus grande réserve, pour ne pas s'expofer à faire foi-même des fautes, en prétendant corriger celles des autres. C'eft un défaut que S. Jérôme reproche aux Copiftes: Scribunt librarii, non quod inveniunt, fed quod intelligunt; & dum alienos errores emendare nituntur, oftendunt fuos. Epift. ad Lucinium, 4. tom. 2. p. 578. de la derniere édition. Quintilien avoit dit avant lui à-peu-près la même chose: Multa in veteribus libris reperta, mutare imperiti folent ; & dum librariorum infcitiam infectari volunt, fuam confitentur. Quintil. lib. 9. cap. ultimo. Caf fiodore long-temps après, recommandoit à fes Religieux de fe tenir en garde contre ce défaut, en leur dilant: Sic fcriptorum delicta corrigite

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ne juftè arguamini, fi præcipitanter alios emendare tentatis. Lib. de inftit. divinarum litter. tom 6. bibl. PP. pag. 61. B. édit. Parif. an 1576.

On voit en effet, que la témérité des demi-favants leur a fouvent fait gâter des endroits, dont la beauté des penfées & du ftyle étoit au-deffus de leur portée. C'eft une remarque du P. de Sainte Marthe, dans fa vie de Caffiodore, page 247. Les vrais favants eux-mêmes n'ont pas toujours été à l'abri de toute méprife à cet égard. Pour n'avoir pas fait attention, que le verbe præftare a quelquefois une fignification neutre, oppofée à celle de nocere, le Docteur qui a donné l'édition de la Bibliothéque des PP. imprimée à Paris en 1576, ajoute à la marge d'un texte de Caffiodore, un mot qui le défigureroit. Contigit ut nolens præftaret nobis harefis, dit Caffiodore, pag. 47. A. L'Editeur vou droit qu'on lût terga avant praftaret; ce qui donneroit un fens tout-à-fait étranger à cet endroit.

Il faut donc, quand on fe trouve embarraffé pour l'intelligence d'un texte, fur lequel tous les manuscrits font d'accord, n'effayer d'y changer

quelque chofe, que quand la néceffité de la correction eft évidente. Mais elle peut le paroître, fans l'être en effet; & il eft aifé de fentir combien de chofes font néceffaires, pour en être pleinement affuré. Outre la connoiffance parfaite de la langue dans laquelle PAuteur a écrit, & des locutions ufitées dans fon fiecle, on doit avoir lu plus d'une fois fes ouvrages; parcequ'il arrive affez fouvent à un Ecrivain de fe copier, fur-tout fi fes productions font un, peu confidérables; & que le meilleur interprête d'un Auteur, c'eft l'Auteur lui-même. En comparant différents endroits, on parvient fouvent à éclaircir celui qui caufe de l'embarras, & c'eft en bien des occafions le feul moyen d'y réuffir. Combien n'a-t-on pas écrit dans les Journaux de Leipfic de 1709, fur l'endroit de S. Auguftin, de Civitate Dei, lib. 7. cap. 30. où il dit: Implens cælum & terram prafente potentia, NON INDIGENTE natura? Voyez le Préfident Bouhier dans fes Remarque's fur Cicéron, pag. 22. L'illuftre Académicien peu fatisfait de tout ce qui a paru Ja-deffus, propofe la fubftitution de, non cingente, à non indigente; mais

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,

outre que le mot indigente ne fauroit
être ce qu'on appelle, vice de clerc, y
ayant trop peu de rapport entre la
premiere fyllabe de cingente & les
deux premieres de, indigente ; il paroît
très-difficile de trouver plus de clar-
té, en lifant le premier de ces deux
mots, qu'en confervant le fecond qui
fe trouve dans tous les manufcrits.
Mais en confultant S. Auguftin lui-
même, on eft délivré de tout doute
fur la leçon des manufcrits. Il l'em-
ploie ailleurs, & en fait connoître le
fens, de la maniere la plus évidente.
C'eft à la fin de fon premier Sermon
fur le Pfeaume 1 13. tom. 4. p. 1259. C.
Voici comme il parle : Nec fic eft in
calo Deus nofter, quafi fubtracto cœlo
ruinam fine fede formidat....NEc in,
DIGET operibus fuis, tamquam in eis
collocetur ut maneat.... Ergo in quibus
eft ipfe, tamquam INDIGENTIA con-
tinet, non ab eis tamquam INDIGENS
continetur (1). Saint Auguftin lui-même

(1) Il ne fera pas hors de propos pour un plein
éclairciffement, de fixer auffi la fignification qu'a
ici le mot continere. Il veut dire, tenir dans un état
ferme, foutenir; & S. Auguftin l'emploie fouvent
dans cette acception. Voyez la premiere partie du
tom. 3. pag. 98. D. Non ita fuperferebatur (Spiritus
Dei fuper aquam, ) ficut oleum aqua vel aqua terra

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