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doctiffimorum hominum negotium gloriofum.

L'heureuse époque du renouvellement des sciences,a auffi été celle de la renaiffance du goût pour la correction des anciens livres. On a vu des Savans du premier ordre, s'appliquer à ce travail ; & le Pere Jacques Sirmond en nomme un bon nombre dans la lettre à Nicolas Faber, mise à la tête de fon édition des Œuvres d'Ennode. M. le Préfident Bouhier dit dans une lettre à M. l'Abbé d'Olivet, qu'il avoit vu le tems où les gens de lettres faifoient encore leurs délices de cette occupation, & lui-même a travaillé a purger de plus en plus Cicéron des fautes de Copistes, pour rendre à l'Orateur Romain, dit-il agréablement, le plaifir qu'il a toujours. goûté dans la lecture de fes ouvrages. Il eft vrai en effet, que fi quelque chofe étoit capable d'af

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fecter agréablement ces anciens Ecrivains, ce feroit de voir les foins qu'on apporte à corriger

leurs écrits. Mais ces foins ont des fruits beaucoup plus folides & plus étendus.

1o. En méritant bien des Auteurs, on mérite encore mieux de la postérité, à laquelle on rend leurs ouvrages intelligibles.

2o. On empêche les Lecteurs de s'accoutumer à paffer fans les comprendre, plufieurs endroits fouvent très-importans.

3°. On remédie au chagrin qui accompagne néceffairement une lecture, au milieu de laquelle on eft forcé de s'arrêter, pour tâcher de découvrir ce que l'Auteur a voulu dire. Il eft en effet très-défagréable de ne pouvoir faifir le fens d'un Ecrivain, qu'on voit d'ailleurs n'avoir rien écrit que d'intéreffant; & de fe trouver dans le cas d'un homme, qui assistant

à un discours de quelque habile Orateur, ne pourroit, foit par le défaut de fes oreilles, foit par quelque autre cause, en entendre que quelques parties. Ce fentiment affecte à proportion du plaifir qu'on goûte à retrouver le fens d'un Auteur par la découverte d'une leçon primitive; & il est puifé dans la nature. Car il n'est perfonne qui ne voye combien il eft beau, de pénétrer en quelque forte dans l'ame des autres hommes, par la connoiffance des expreffions qui manifestent ce qui 3y paffe, & de découvrir pour cela, foit la fignification inconnue d'un terme, foit le terme même qui avoit été changé ou défiguré. Omnibus ferè animis rationalibus in promptu eft ad videndum hujus peritia pulchritudo quâ hominum intrà fe cogitata

*

* Je lis intrà au lieu d'inter que porte le

texte.

fignificantium vocum enuntiatione nofcuntur: propter hoc notum decus, & ob hoc amatum quia notum, ftudiosè queritur verbum ignotum. Aug. de Trinitate, lib. 10. cap. 1. tom. 8, pag. 890. C.

4°. On prévient un dégout, qui fouvent peut beaucoup nuire au progrès des fciences, foit profanes, foit eccléfiaftiques. On voit, par exemple, de jeunes Théologiens, qui s'étoient d'abord livrés avec ardeur à l'étude de l'antiquité, fe rallentir peu-à-peu dans cette étude par les difficultés qu'ils y rencontrent, & y renoncer enfin totalement, par le défespoir de jamais bien entendre les anciens Docteurs de l'Eglife. Et ce défefpoir, dans ceux qui ayant fait d'ailleurs de bonnes études font bien au fait de la langue & de fes idiomes, eft principalement occafionné par la corrup tion de différens textes.

5°. On parvient quelquefois, en corrigeant un texte corrompu, à découvrir, ou à éclaircir des traits d'histoire fouvent précieux. On ne trouve, par exemple, aucun monument, qui nous apprenne que l'illuftre Vierge Euphémie, avant que de rendre un dernier témoignagne à Jesus-Chrift par l'effufion de fon fang, en avoit déja rendu autrefois un autre, dans lequel elle eut l'épaule marquée d'un fer chaud. Ce glorieux trait de fa vie, fe découvre par le rétablissement tout-à fait naturel d'un mot visiblement altéré dans l'ouvrage de Ș. Victrice, de laude fanctorum. On y lit : Que quondam uftulato animo virgo non palluit, Il est évident qu'il faut lire armo, dont animo a pris la place.

6°. Il peut arriver, que par le feul changement de deux ou trois lettres, on remédie à bien des dif ficultés. Quelqu'un foutiendra,

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