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Philip. 2.

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2. Cor. 7.

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Induite

electi Dei,

ricordiæ.

nairement par le mot d'entrailles, vifcera; pour montrer que la charité confifte dans un mouvement femblable à celui que les meres ont pour leurs enfans. C'est l'origine de ces expreffions, vif cera miferationis, entrailles de mifericorde, dont l'Apôtre fe fert dans l'Epître aux Philippiens: & pour marquer la charité de Tite envers les Corinthiens, il dit, vifcera ejus abundantiùs in vobis funt: Il a plus d'entrailles pour vous que pour qui que ce foit.

Il recommande aux Coloffiens de fe revos ficut vêtir d'entrailles de mifericorde. C'eft auffi fancti & pourquoi faint Bafile ne reconnoît point dilecti vif- de vraie charité pour le prochain, que cera mile- celle qui nous fait prendre part à fes biens Col. 3. 12. par la joie, & à fes maux par la triftefChari- fe. Il n'y a donc rien de plus certain que tatis præ- cette doctrine, Que la charité pour le cipua funt hæc duo; prochain ne renferme pas feulement l'adolere & ction exterieure, mais auffi le mouveangi in iis ment interieur de charité : ce que faint rebus ex Bonaventure exprime par ces paroles: quibus læditur is, Qu'il faut aimer le prochain par l'affeadversùs tion & les effets de la charité. Caritatis quem cha-affectu & effectu.

ritas habe

tur, fimi

tari,

&

Pour rendre cette propofition plus literque fenfible, il eft bon de fe fervir de cette ipfius uti- comparaison, fur laquelle il ne faut litate læ- qu'écouter la voix de la raifon. Si nous pro ea la- aimions parfaitement quelque grand Roi; borare. que nous lui euffions des obligations inS. Bafil. in finies, & qu'il nous eût recommandé Reg. brev. refp. ad In. d'aimer quelqu'un, comme étant aimé de lui, & de procurer à cet homme tout

pro

ter. 175.

le bien que nous pourrions: n'eft-il pas vrai que l'amour que nous aurions pour ce Roi, s'étendroit fur celui qui nous auroit été recommandé, & que cette confideration nous le rendroit cher ? Or c'eft en cette maniere que Dieu nous a engagez à aimer nôtre prochain: il nous a nous-mêmes comblez de biens : & il nous a liez à lui par des bienfaits qui furpaffent nos penfées : Enfuite il nous a déclaré qu'il vouloit que nous aimaf-. fions notre prochain, comme il nous a aimez lui-même : il nous a ordonné de témoigner par les affiftances que nous rendrions au prochain, la reconnoiffance que nous devons à lui-même; n'est-il donc pas vifible que l'on ne fauroit avoir de l'amour pour Dieu, s'il ne s'étend jufqu'au prochain?

D. Par où paroît-il que Dieu nous a recommandé d'aimer, & de fervir le prochain ?

cun,

Et man

R. Cela paroît clairement par l'Ecri- davit uniture fainte Il leur a recommandé à cha-cuique de proximo dit l'Ecclefiaftique, d'avoir foin de fuo. leur prochain. Le commandement que je vous Ecclef. 17. donne, dit Jefus Chrift, dans l'Evangile, 12 Hoc eft eft de vous aimer les uns les autres, comme præceptu je vous ai aimez. Je vous fais un nouveau meum, ut commandement, dit-il encore, qui eft que diligatis vous vous aimiez les uns. les autres, & que ficut dilevous vous entr'aimiez, comme je vons ai xi vos. aimez.

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invicem

Joan. 15.

12.

Mandatum novum do vobis ut diligatis invicem ficut dilexi vos. Joan. 13. 34.

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DE LA CHARITE

654. L'amour du prochain n'a-t-il pas

fon fondement dans la loi naturelle ?.

R. Oui: Car puifque l'homme veut être aimé du prochain, il eft jufte qu'il aime lui-même le prochain. Il est juste de plus, que tous les membres d'une focieté s'entr'aiment & s'entre-fecourent. Or tous les hommes font unis entr'eux par divers liens & forment une efpece de focieté commune, dont les regles font fondées fur la justice éternelle. Aimer les hommes par l'amour de 'ces regles, c'eft les aimer par l'amour même de Dieu, parce que cette juftice eft Dieu même.

D. Comment l'amour du prochain comprend-il celui de Dieu ?

R. C'eft que par cet amour du prochain, nous defirons foumettre le prochain à Dieu: nous defirons qu'il l'aime, & qu'il l'adore. Ainfi comme c'est l'amour que l'on porte à fon Roi, qui fait que l'on lui voudroit affujétir les autres peuples, afin qu'il regnåt fur eux; c'eft de même l'amour de Dieu qui fait que nous defirons lui foumettre le prochain. Il y a feulement cette difference dans cette comparaifon, que ce n'eft pas toujours le bonheur d'un peuple d'être affujétis à un Roi particulier; au-lieu que c'eft toûjours le bonheur des hommes d'être affujétis à Dien. C'eft dans ce fens que l'on peut dire que la fainte Ecriture renferme toute la Loi dans l'amour du prochain; celui qui aime le prochain, dit l'Apôtre faint Paul, accomplit

ximum,

la Loi. Car il n'eft pas étrange qu'elle Qui direnferme toute la Loi dans l'amour de ligit proDieu. Or l'amour de Dieu eft compris legem imdans l'amour du prochain, puifque cet plevit. amour n'eft autre chofe qu'un defir ar-Rom. 13.8. dent que nous avons que le prochain foit parfaitement affujéti à Dieu, ce qui eft par confequent une fuite neceffaire de l'amour que nous avons pour Dieu.

CHAPITRE

I I I.

De l'étendue de la charité envers le prochain.

D.

LE precepte de la charité du pro-
chain, s'étend-il generalement à

tous les hommes ?

vel à quo

R. Saint Auguftin conclut de la Para- si vel cui bole du Samaritain de l'Evangile, que le præben. prochain comprend tous ceux à qui on dum eft, peut rendre, ou de qui on peut attendre o nobis præquelque office de mifericorde; ce qui bendum comprend, dit ce faint Docteur, & les eft officiu hommes & les Anges.

mifericordiæ, rectè proximus dicitur; nanifeftum eft hoc præcepto quo jubemur diligere proximum etiam fanctos Angelos contineri, à quibus tanta nobis mifericordiæ impenduntur officia. Aug. 1. 1. de Dott. chr. c. 30.

D. Le precepte de l'amour du prochain, étoit-il auffi étendu dans l'ancienne Loi, que dans la nouvelle ?

R. Pour refoudre cette difficulté, il faut diftinguer les effets exterieurs de la charité que l'on doit aux ennemis, à l'égard du falut éternel, & les affiftances temporelles qu'on leur peut rendre. On ne peut nier à l'égard des biens éter

nels, que ce n'ait toûjours été une Loi indifpenfable de les fouhaiter à tous les homines, fans en excepter fes ennemis: c'eft pourquoi l'on voit que David exhorte en general toutes les Nations à louër Lauda-Dieu. Nations, louez le Seigneur, s'écrie

num, om

te Domi- [ce Prophete; Peuples, louez-le tous. Que nes gen- tous les Peuples publient vos louanges, ô res; lau- mon Dieu; que tous les Peuples vous louent date eum,& vous rendent graces. En effet, le moien puli. 116. d'aimer Dieu fans fouhaiter qu'il ne foit I. point outragé par les hommes? Or c'eft Confi: ce qu'on appelle aimer les hommes pour teantur ti- Dieu.

omnes po

bi populi,

li omnes.

Deus;con- Mais pour les marques exterieures de fiteantur charité, il ne paroît pas que Dieu ait tibi popu- voulu que les Juifs en rendiffent beauPf. 66. 3. Coup à ceux qui n'étoient pas de leur Religion; parce qu'il avoit deffein de les en tenir fort feparez, à caufe de la pente que les Juifs avoient à l'idolatrie; c'eft pourquoi il leur avoit plutôt commandé d'exterminer divers Peuples; ce qui n'eft pas neanmoins contraire à la difpofition de charité generale. Car comme les Juges, fans bleffer la charité, peuvent condamner les criminels à la mort, & faire executer leurs arrêts; de même les Juifs, fachant que ces. Nations étoient condamnées de Dieu, ont pû fans bleffer la charité, executer cet arrêt de Dieu.

Ce que Jefus-Chrift a donc ajoûté fur ce point à la Loi de Moïfe, n'eft pas feulement le principe interieur de l'amour des ennemis, mais ce font auffi les effets exterieurs de cette charité, qu'on eft obli

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