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d'autres tems il fuppléoit de fa bourfe à la modicité des appointemens ordinaires. C'eft encore ainfi, que dans la conftruction ou la réparation d'Ouvrages publics & importans, il dédommageoit quelquefois ceux qui avoient fidélement exécuté des marchés onéreux, ou qu'il faifoit refaire ce qui n'étant pas abfolument mal, pouvoit recevoir par de nouveaux foins plus de folidité & de perfection. Il rempliffoit avec un zèle égal les devoirs de la vie civile; bon pere, bon mari, ami généreux & fidéle, cœur tendre & compatissant, toujours occupé à rendre de bons offices, ne croyant jamais y avoir fi bien réuffi, que quand il en avoit pû dérober la connoiffance à ceux à qui il les avoit rendus: faifant des charités réglées, en faifant d'extraordinaires, ne leur prefcri

vant communément d'autres bornes que fon pouvoir, & ne les eftimant jamais davantage, que lorfqu'elles l'avoient perfonnellement privé de quelques douceurs.

Sa conftance & fa piété se sont particuliérement fignalées dans les douleurs aiguës de fa derniére maladie, qui a duré près d'un an, & dont il eft mort le premier Mai dernier au milieu de fa foixante & douziéme année.

Il avoit épousé en 1677. MarieElizabeth d'Aumont, petite-fille du Maréchal d'Aumont & du Chancelier le Tellier ; il en laiffe neuf en

fans, fix filles & trois garçons, garçons, dont l'aîné, qui eft Maréchal de Camp, est aussi Premier Ecuyer du Roi, & Gouverneur des Citadelles de Marfeille.

Nous ne fçaurions attribuer qu'à

l'efprit de modeftie, fouverainement héréditaire dans cette Maifon,le peu de Mémoires dont elle nous a aidez pour l'Eloge du défunt: il eft vrai qu'elle pouvoit s'en repofer en toute fûreté fur la voix & les fentimens du Public; mais pour nous, c'eft précifément le cas où ce même Public fe feroit le plus offensé de notre silence.

1724. Affemblée

publique

S. Martin.

ELOGE

DE MONSIEUR

BOIVIN L'AISN E’.

Lo

OUIS BOIVIN, Avocat au Parlement & Pensionnaire de après la l'Académie des Belles-Lettres, naquit le vingtiéme de Mars 1649. à Montreuil l'Argilé, petite Ville de la haute Normandie dans le Diocèse de Lizieux. Ses parens, malgré la modicité de leur fortune, s'étoient rendus refpectables dans tout le canton par un grand fonds de probité, de Religion, & même de Littéra

ture.

Louis Boivin fon pere, & François Boivin fon ayeul, étoient les

E

meilleurs Avocats du pays ; & Marie Vattier fa mere étoit foeur du fameux Pierre Vattier, Profeffeur Royal en Langue Arabique, un des plus fçavans hommes du dernier fiécle.

L'Académicien dont nous parlons, eut d'abord à Montreuil le même Maître que fon pere, un bon Prêtre, qui avoit plus de goût que d'érudition, & qui eut la bonne foi de prendre congé de fon disciple dés qu'il s'apperçut qu'il n'avoit plus rien à lui apprendre. Ce fut de très bonne heure, car il n'avoit qu'environ quinze ans quand on l'envoya à Rouen, où il fit fa Seconde & fa Rhétorique au Collége des Jéfuites.

Une envie démefurée de devenir Sçavant, & Sçavant de profeffion, l'éleva fans peine au-deffus de fes compagnons d'Etude. Il étoit tou

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