nous rendrons un compte d'autant plus exact, que l'Auteur fe propofoit, fur-tout, de porter dans la nuit des premiers tems le flambeau d'une critique élevée, hardie, & propre à fervir un jour de base aux plus grands fyftêmes.

C'eft dans cette vûe qu'il avoit compofé trois petits Poëmes Chronologiques François où,fous le titre de Vers Acromonoftiques, il avoit rangé les différens âges du monde, avec toutes leurs époques effentielles, & les principaux Regnes. Ces Poëmes qu'il avoit résolu de publier fous fon nom, & indépendamment de l'Académie, ne font parvenus dans l'impreffion que jufqu'à la feconde épreuve, heureusement reftée entre les mains d'un de fes Confréres, qu'il avoit prié par écrit de vouloir bien le critiquer, & qui

s'en étoit fagement abftenu. Ils devoient être fuivis de la Traduction qu'il avoit auffi faite en Vers François, de prefque tout l'Evangile. Mais il promettoit depuis environ trente ans, un autre Ouvrage qu'il a laiffé bien plus en état de paroître ; ce font des Notes fur Joféphe, où restituant le texte corrompu, rétabliffant la Chronologie altérée, comi parant fon Auteur, tantôt avec l'E criture Sainte, tantôt avec lui-même, il donne par-tout des preuves d'un fçavoir immenfe. Il a mis ees Notes à la inarge de l'Exemplaire du Jofephe tout Grec imprimé à Bafle en 1544. qu'il prétendoit en être l'Edition la plus ancienne & la plus correcte, & il les a écrites d'un caractére fi menu, que quoiqu'il foit d'ailleurs très-diftinct, on ne fçau roit prefque le lire qu'avec une lou

pe, de forte que ces marges rendroient dans l'impression au moins le double du Texte.

Il mourut le vingt-deuxième du mois d'Avril dernier, pendant le cours des petites vacances que l'Académie a coûtume de prendre depuis la Semaine Sainte jufqu'à la Quafimodo. Il avoit fait fes Pâques trois jours auparavant, & avoit encore été à l'Eglife la veille de fa mort: voilà ce qui regarde le Chrétien. Comme Philosophe, il n'a pas été moins heureux; libre de tout engagement, jouiffant d'une fanté ferme & robufte, & ne connoiffant pas de plus forte paffion que celle d'étudier, & de parler de fes études, il l'a fatisfaite jusqu'au dernier moment de fa vie. En qualité d'Académicien, il a de même fini felon fes defirs; il avoit tant de goût pour

nos exercices, qu'il auroit souhaité les voir renouveller tous les jours, & pouvoir les faire durer du matin au foir; rien n'égaloit la véhémence de fes déclamations contre les vacances les plus autorifées par les Réglemens ou par l'usage. C'étoit, difoit-il, s'il en étoit le maître, le tems qu'il choisiroit le plus volontiers pour mourir, comme n'ayant rien de mieux à faire. Il en a subi le fort à l'âge de foixante & quinze ans un mois & deux jours.

M. Boivin fon frere, qui le fuivoit immédiatement dans l'ordre du Tableau, lui a fuccédé au titre de Penfionnaire qu'il auroit eu dix ans plutôt, fi fa reconnoiffance, fa tendreffe & fon refpect ne l'avoient toujours obftinément écarté des moindres concurrences avec fon

aîné.

A a iij

CATALOGUE DES OUVRAGES

de M. BorvIN L'AISNE',

1°. Sur la Période Julienne. Dans l'Hiftoire de l'Académie des Belles-Lettres.

2o. Sur les diférentes maniéres de compter une même année fuivant Cenforin. Ibidem, page 187.

3°. Hiftoire de Zarine & de Stryangée. Dans les Mémoires, Tome II. page 67. 4. Explication d'un endroit difficile de Denys d'Halicarnaffe. (Touchant la fignification du mot Elwx) Ibidem, page 341.

5. Chronologie de Denys d'Halicarnaffe. Ibidem, page 399.

6. Remarques fur l'Origine des Dieux Dans l'Hiftoire. Tome III. page 1. 7. Sur la Royauté des Ifraelites en Egypte Ibidem, page 23.