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Il y resta jusqu'à l'âge de treize à quatorze ans, qu'il perdit tout à la fois fes deux protecteurs, ce qui l'obligea à revenir chez fa mere avec un peu de Latin, de Grec, & même d'Hébreu, dont elle ne connoiffoit nullement le mérite, & dont il n'étoit pas non plus en état de faire un grand ufage.

Elle fe détermina auffi-tôt à lui faire apprendre un mêtier; Antoine Galland obéit, & malgré toute så répugnance, il demeura un an entier avec le Maître chez qui on l'avoit mis en apprentiffage. Mais, foit qu'il ne fût pas né pour un art vil & abject, ou que plus vraisemblablement ce fût le goût des Lettres qui lui élevât le courage, il quitta un jour, & prit le chemin de Paris,fans autre fonds que l'adreffe d'une vieille parente qui y étoit en condition, &'

celle d'un bon Eccléfiaftique qu'il avoit vû quelquefois chez fon Chanoine à Noyon.

Cette tentative lui réuffit au-delà de fes efpérances; on le produifit au Sous-Principal du Collège du Pleffis, qui lui fit continuer fes études, & le donna enfuite à M. Petitpied, Docteur de Sorbonne. Là il fe fortifia dans la connoiffance de l'Hébreu & des autres Langues Orientales, par la liberté qu'il avoit d'en aller prendre des leçons au Collége Royal, & par l'envie qu'il eut de faire le catalogue des Manufcrits Orientaux de la Bibliothéque de Sorbonne.

De chez M. Petitpied il passa au Collége Mazarin, qui n'étoit pas encore en plein exercice; mais un Profeffeur nommé M. Godouin y avoit raffemblé un certain nombre d'en

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Fans de trois ou quatre ans feulement, parmi lesquels étoit M. le Duc de la Meilleraye ; & il fe propofoit de leur faire apprendre le Latin fort aifément & fort vîte, en mettant auprès d'eux des gens qui ne leur parleroient jamais d'autre Langue. M. Galland affocié à ce travail n'eut pas le tems de voir quel en feroit le fuccès; M. de Nointel, nommé à l'Ambaffade de Conftantinople l'emmena avec lui, pour tirer des Eglifes Grecques des atteftations en forme fur les articles de leur foi, qui faifoient alors un grand fujet de difpute entre M. Arnaud & le Miniftre Claude. M. Galland arrivé à Conftantinople y acquit bien-tôt l'ufage du Grec vulgaire, par les longues conférences qu'il eut avec un Patriarche déposé, & plusieurs Métropolites, qui perfécutez par les

Bachas, s'étoient réfugiez dans le Palais de France. Il tira d'eux & des autres Chefs de l'Eglife, les attestations qu'on avoit demandées, & il y joignit tout ce qu'il avoit pû recueillir de leurs entretiens,

M. de Nointel de fon côté ayant renouvellé avec la Porte les Capitu lations du Commerce, prit cette occafion d'aller vifiter les Echelles du Levant, d'où il paffa à Jérufalem, & dans tous les autres lieux de la Terre-Sainte qui ont quelque réputation. M. Galland fut du voyage; il alloit à la découverte, il annonçoit enfuite à M. l'Ambaffadeur ce qu'il avoit trouvé de curieux; il copioit les Infcriptions, il deffinoit le mieux qu'il pouvoit les autres mo, numents, fouvent même il les enleyoit, fuivant la facilité qu'il y avoit à les faire tranfporter ; & c'est à de

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pareils foins que nous devons entr'autres,les Marbres finguliers qui font aujourd'hui dans le Cabinet de M. Baudelot, & dont le P. D. Bernard de Montfaucon a publié quelques fragments dans fa Palæographie. M. Galland ne jugea pas à pos de retourner à Conftantinople avec M. de Nointel; il aima mieux revenir à Paris ; il y arriva en 1675. & à l'aide de quelques Médailles qu'il avoit ramaffées, il fit connoiffance avec Mrs Vaillant, Carcavy & Giraud. Ces trois curieux l'engagérent, pour peu de chofe, dans un fecond voyage au Levant, d'où il rapporta l'année fuivante beaucoup de Médaillons qui ont paffé dans le Cabinet du Roi.

En 1679. M. Galland fit un troifiéme voyage, mais fur un autre pied: ce fut aux dépens de la Com

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