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n'avoit pû lui faire accepter la dédi cace d'une Théfe, d'un Livre, & on l'embarraffoit par le feul début d'un remerciment. Il ne fe rendit aux empreffements de l'Académie, que par la crainte d'être le premier de fon nom qui eût refufé quelque chofe aux Lettres.

Quoiqu'il parût jouir d'une très bonne fanté, elle étoit cependant comme enveloppée dans un embonpoint fourd qui l'apefantiffoit, & qui faifoit tout craindre. On lui avoit confeillé les eaux, dès le Printems de l'année derniére, & il les avoit remises d'une faifon à l'autre, par un fentiment trop naturel à la plupart des hommes, qui croyent que fe livrer méthodiquement aux précautions d'ufage contre certains maux, c'eft s'en déclarer foi-même dûement atteint & convaincu. Un

exemple plus fort
que toutes les rai-
sons, la mort subite d'un de ses plus
anciens amis, le détermina enfin;
il s'arrangea pour le voyage de
Bourbon, il alla à Pontchartrain
prendre congé de M. le Chancelier
fon oncle, & il étoit avec lui dans
fon cabinet, quand une partie du
prognoftic s'accomplit. Il lui prit
une foibleffe, fon bras gauche resta
fans mouvement, & ce qu'on gagna
par les remédes donnez le plus
promptement, ce fut d'empêcher
les progrès de la paralyfie, & de
conferver à la tête une pleine liber-
té. Dans cet état, il n'attendit pas
qu'on l'avertît du danger. De lui-
même, il ne penfa plus qu'à mettre
à profit pour le tems & pour l'éter-
nité, tous les momens qui lui ref
toient.

Il ne nous fiéroit pas d'étaler ici
Bb iiij

les dignes & parfaits fentimens de religion qu'il fit paroître, foit au premier inftant, foit pendant les trois semaines que M. le Chancelier de Pontchartrain voulut le retenir auprès de lui, foit depuis fon retour à Paris; il faut laiffer à l'Eglife, à fa famille & à ses amis de fi grands exemples de Chriftianisme, & de fi juftes fujets de confolation. Il n'envifageoit que fa fin prochaine, & l'événement ne juftifia que trop fa prévoyance. A la fin des trois mois qu'il a furvécu à fa premiére attaque, il en eut deux autres, dont l'une lui ôta presque la vûe, & dont la derniére nous le ravit le cinquiéme de Décembre, à l'âge de foixante- fept ans & quelques

mois.

Il joignoit à la plus exacte probité, un abord facile, des mœurs

douces quoiqu'auftéres, une politeffe quelquefois exceffive, mais jamais fauffe, une fidélité inviolable dans le commerce, & un tel amour du bien public & particulier, que c'étoit encore un homme que notre fiécle pouvoit férieusement opposer au récit suspect des plus heureux tems.

ELOGE

DE M. LE PELETIER

DE SOUZY.

ICHEL LE PELETIER DE

1726. M'SOUZY, Confeiller au ConMICH

publique

Aflemblée feil Royal, & Doyen du Confeil après På d'Etat, naquit à Paris fous le Régne

ques.

de Louis XIII. le douziéme de Juillet 1640. & fut le dernier de trois freres, dont le fecond nommé Jerôme, mourut en 1 696. Confeiller d'Etat ordinaire. L'aîné Claude le Peletier, eft celui qui après avoir été Miniftre d'Etat & Contrôleur Général des Finances, s'eft rendu encore plus célébre par la dignité de fa vie privée, que par l'éclat de fes emplois.

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