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s'é

Louis le Peletier leur pere, toit acquis par fon intelligence & sa probité, toute la confiance de M. le Chancelier le Tellier fon parent, & Marie Lefchaffier leur mere,étoit petite-fille, unique & digne refte du fameux Pierre Pithou.

L'attention qu'ils eurent l'un & l'autre à élever leurs enfans dans l'amour des Lettres & de la Vertu, leur réuffit au point, qu'à l'âge de douze à treize ans, ils étoient déjà reçus fur le pied de compagnie choifie chez le grand Jerôme Bignon qui fembloit rajeunir avec eux dans le compte qu'ils lui rendoient du fuccès de leurs études, tandis qu'ils prenoient infenfiblement avec lui les principes des grands fentimens, & le goût de la plus fublime Jurifprudence.

Ils s'y livrérent tous trois avec

que

une ardeur égale, mais avec cette différence, que les deux aînez fuivirent d'abord le cours ordinaire des Charges convenables à leur âge & à leur état, au lieu le cadet, moins touché des honneurs de la Magiftrature, que de l'utilité dont il pouvoit être dans les fimples fonctions d'Avocat, réfolut de s'y confacrer entiérement. Ses freres, après avoir fait d'inutiles efforts pour l'en détourner eurent recours à l'autorité de M. le Tellier,`qui ne put cependant le déterminer à acquérir d'autre Charge que celle d'Avocat du Roi au Châtelet. Il l'exerça feul pendant cinq années , avec tant de fupériorité, & une fatisfaction si générale, que paroissant encore vouloir s'y fixer, il fallut de nouvelles inftances, & en quelque forte de nouveaux ordres pour le

faire paffer à celle de Conseiller au Parlement, où il fut reçû à la fin de l'année 1665. Dans la fuivante, il fut nommé avec M. le Peletier fon second frere, pour l'exécution des Arrêts de la Cour des Grands Jours tenus à Clermont en Auvergne; & la maniére dont il s'acquitta de cette commiffion attira fur lui les premiers regards d'un Prince, au difcernement de qui les talents finguliers n'échapoient guéres. Le feu Roi le choifit au mois de Février 1668. pour aller établir l'Intendance de la Franche-Comté, dont il venoit de faire la premiére conquête. A peine avoit-il eu le loifir de parcourir & de bien connoître cette Province, qu'elle fut rendue à l'Espagne, par le Traité conclu à Aix-la-Chapelle le deuxiéme Mai fuivant ; mais cet intervalle lui fuffit

pour y laiffer une telle idée de fa juftice, & un tel defir du nom François, que lorsqu'en 1674. le Roi entreprit de la reconquérir, toutes les fortifications qu'on avoit ajoûtées à fes Places, fembloient moins faites pour les défendre contre nos

armes, que

des Peuples.

contre le vœu commun

On ne pouvoit plus laiffer oifives une fageffe & une dextérité fi reconnues. M. de Souzy, à fon retour de Franche-Comté, fut nommé Inten dant de Lille, de toutes les conquêtes de Flandres, & des armées que le Roi y entretenoit à cette nomination fuccéda celle de Commiffaire choisi pour le réglement des limites, en exécution des Traités de Paix d'Aix-la-Chapelle & de Nimégue; enfin, fes fervices toujours plus utiles & plus agréables, lui

méritérent en 1683. une place de Confeiller d'Etat.

: Dans cette même année, M. le Peletier l'aîné fut appellé à la Cour, & nommé Contrôleur Général à la place de M. Colbert. Il se défendit longtems de remplir un pofte fi difficile par lui-même, & que la réputation de fon prédéceffeur pouvoit feule rendre plus difficile encore; mais, ce qui aida le plus à vaincre fà répugnance, ce fut la liberté qu'il eut de faire venir auprès de lui M. le Peletier de Souzy son frere, & de l'affocier intimement à fes travaux, en qualité d'Intendant des Finances.

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L'efpérance du Ministre ne fut pas trompée, M. de Souzy porta légérement toute la portion du fardeau dont on voulut le charger; il foutint, ou releva le courage de fon

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