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pagnie des Indes Orientales, qui pour faire fa cour à M. Colbert, avoit imaginé de faire chercher dans le Levant par un Connoiffeur, ce qui pourroit enrichir fon Cabinet & fa Bibliothéque. Le changement qui arriva dans cette Compagnie-là, fit ceffer au bout de dix-huit mois la Commiffion de M. Galland; mais M. Colbert qui en fut informé l'employa par lui-même, & après fa mort, M. le Marquis de Louvois l'obligea à continuer encore quelque tems fes Recherches, fous le titre d'Antiquaire du Roi. Pendant ce long féjour, M. Galland apprit à fonds l'Arabe, le Turc, le Perfan, & fit quantité d'observations finguliéres.

Il étoit prêt à s'embarquer à Smyrne, quand il penfa y périr par un prodigieux tremblement de terre.

La grande & premiére secouffe vint fur le midi, tems auquel il y a communément du feu dans toutes les maisons ; & cette circonftance joi gnit au bouleversement général un incendie épouvantable; plus de quinze mille habitans furent enfevelis fous les ruines, ou dévorez par les flammes; M. Galland fut préfervé du feu par un privilége affez ordinaire aux cuisines des Philosophes, & les décombres de fon toît l'enterrérent de maniére, que par des efpéces de petits canaux interrompus il jouiffoit encore de quelque refpiration; c'est ce qui le fauva, car il n'en fut retiré que le lendemain.

Il repaffa en France à la premiére occafion qu'il en eut ; & à fon retour à Paris, M. Thévenot, Garde de la Bibliothéque du Roi,l'employa jufqu'à fa mort, qui arriva quelques années après.

M. d'Herbelot l'engagea enfuite à lui prêter fon fecours pour l'impreffion de fa Bibliothèque Orientale; mais celui-ci mourut encore au bout de quelque temps, laiffant fon Ouvrage à moitié imprimé ; M. Galland le continua tel que nous l'avons, & en fit la Préface.

Il n'eut pas moins de part à l'édition du Ménagiana qui parut alors; on croit même que c'eft lui qui a fourni tous les matériaux du premier volume. Il avoit encore donné im

médiatement auparavant une Relation de la mort de Sultan Ofman, & du couronnement de Sultan Mustapha, traduite du Turc, & un Recueil de Maximes & de bons mots, tirez des Ouvrages des Orientaux.

Après la mort de M. d'Herbelot, il s'attacha à M. Bignon, Premier Président du Grand - Confeil, qui

par un goût héréditaire à fa famille, vouloit toujours avoir auprès de lui quelqu'homme de Lettres. M, Bignon mourut auffi l'année suivante; & il fembloit que ce fût le fort de M. Galland de perdre en moins de rien ces protections utiles que le mérite le plus reconnu eft quelquefois très-long-temps à obtenir; mais celle de ce digne Magiftrat passa les bornes ordinaires, il lui laiffa une petite pension viagére, & par furcroît de bonheur ou de confolation, M. Foucault Confeiller d'Etat, qui étoit alors Intendant en Baffe-Normandie, l'appella auprès de lui.

Dans le doux loifir d'une fitua tion si tranquille, au milieu d'une ample Bibliothéque, & d'un riche amas de Médailles, M. Galland compofa plusieurs petits Ouvrages, dont quelques-uns ont été imprimez

à Caën même, comme un Traité de Porigine du Caffé, traduit de l'Arabe & trois ou quatre Lettres fur différen― tes Médailles du bas Empire ; c'eft encore là qu'il a commencé l'immense traduction de ces Contes Arabes, fi connus fous le nom des Mille & une Nuit, dont les premiers volumes ont paru en 1704. & dont on a vû jusqu'à préfent dix Tomes, qui ne font guéres que le quart de l'Ouvrage.

Quoique M. Galland demeurât encore à Caën en l'année 1701. il ne laiffa pas d'être admis par le Roi dans l'Académie des Infcriptions lors de fon renouvellement, & auffitôt il entreprit pour elle un Diction naire Numifmatique, contenant l'explication des noms de dignitez, des titres d'honneur, & généralement de tous Les termes finguliers qu'on trouve fur

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