Les Médailles antiques, Grecques &
Romaines.

Il revint enfin à Paris en 1706.&
depuis ce tems là jufqu'à fa mort,
a toujours été d'une affiduité exem-
plaire à nos Affemblées ; il y a lû un
très-grand nombre de Differtations,
les unes tirées de fon Dictionnaire
Numismatique, ou de l'explication
qu'il avoit faite de la plupart des
Médailles choifies du Cabinet de
M. Foucault; les autres du com-
merce de Lettres qu'il entretenoit
avec plufieurs Sçavants Etrangers,
Mrs Cuper, Barry, Rhenferd, Ré-
land; d'autres fur différents points
de Littérature agitez dans la Compa-
gnie; d'autres enfin fur des Monu-
ments Orientaux, au fujet defquels
on le confultoit fouvent, fur-tout
depuis l'année 1709. qu'il avoit été
nommé Profeffeur en Langue Ara-
be au Collège Royal.

Tome II.

1

Mais ce ne font pas là les feuls Ouvrages qu'ait laiffez M. Galland; on en a trouvé un plus grand nombre encore dans fes papiers, & les plus confidérables font :

Une Relation de fes Voyages, en deux porte-feuilles in-4°.

Une Defcription particulière de la ville de Conftantinople.

Des Additions à la Bibliothèque Orientale de M. d'Herbelot, dont on feroit un volume in-folio auffi gros que celui qui eft imprimé.

Un Catalogue raisonné des Hiftoriens Turcs, Arabes & Perfans.

Une Hiftoire générale des Empereurs

Turcs.

Une Traduction de l'Alcoran, avee des Remarques hiftoriques - critiques fort amples, & des notes Grammaticales fur le texte.

Une fuite de la traduction des Mille

&une Nuit, pour la valeur d'environ deux volumes.

Tant d'Ouvrages qui femblent marquer une extrême facilité, étoient le fruit d'un travail dur & fuivi, qui pour le nombre des productions furpaffe ordinairement la facilité même.

M. Galland travailloit fans ceffe en quelque fituation qu'il fe trouvât, ayant très-peu d'attention sur ses befoins, n'en ayant aucune fur fes commodités, remplaçant quand il le fal

loit

par fes feules lectures ce qui lui manquoit du côté des livres, n'ayant pour objet que l'exactitude, & allant toujours à fa fin fans aucun égard pour les ornements qui auroient pû

l'arrêter.

Simple dans fes mœurs & dans fes maniéres comme dans fes Ouvrages, il auroit toute fa vie enseigné à

des enfans les premiers élémens dé la Grammaire, avec le même plai fir qu'il a eû à exercer fon érudition fur différentes matiéres.

Homme vrai jufques dans les moindres chofes ; fa droiture & fa probité alloient au point, que rendant compte à fes Affociez de fa dépense dans le Levant, il leur comptoit feulement un fol ou deux, quelquefois rien du tout pour les jour nées, qui par des conjonctures favorables, ou même par des abftinences involontaires, ne lui avoient pas coûté davantage.

Il mourut le 17. Février dernier 'd'un redoublement d'afthme, auquel fe joignit fur la fin une fluxion de poitrine; il avoit 69. ans.

L'amour des Lettres eft la derniére chose qui s'est éteinte en lui. Il penfa peu de jours avant sa mort

que

que fes Ouvrages, le feul, l'unique bien qu'il laiffoit, pourroient être diffipez s'il n'y mettoit ordre; il le fit, & de la façon la plus fimple & la plus militaire, fe contentant de le dire publiquement à un neveu qui étoit venu de Noyon pour l'affifter dans fa maladie; & fuivant cette difposition qui a été fidélement exécu→ tée, fes Manufcrits Orientaux ont paffé dans la Bibliothéque du Roi : fon Dictionnaire Numifmatique est revenu à l'Académie, & fa Traduction de l'Alcoran a été portée à M. l'Abbé Bignon, comme un gage de fon eftime & de fa reconnoiffance.

C'est avec une fortune si médio◄ cre que M. Galland a eû la gloire de faire les plus illuftres héritiers.