95 ELOGE DE M. CUPER. GS d'après la ISBERT CUPER naquit le qua- 1717. torze de Septembre 1 644. à Affemblée Hemmen, petit Bourg fitué dans publique cette partie du Duché de Gueldres, S. Martin. qu'on appelle l'Ower-Betuve, ou fimplement le Betau. Un Miniftre, homme de Lettres, prit soin de fes premiéres études dans la maison de fon pere, qui étoit Greffier & Sécretaire Général de la Province: on l'envoya enfuite à Nimégue fous un Profeffeur de Rhétorique, dont il prit les leçons pendant trois ans ; après quoi il fit dans la même Ville un cours de Philofophie, un autre de Mathématiques & d'Histoire, un troifiéme de Jurifprudence, & un quatriéme de Théologie. C'est l'ufage de quelques Nations, d'ouvrir ainfi à la Jeuneffe dans un intervalle de peu d'années, l'entrée de prefque toutes les fciences, quelque différentes qu'elles foient, dans l'espérance fans doute de former quelquefois des hommes extraordinaires, & de déterminer plus fûrement les autres à l'objet qui leur convient. M. Cuper prit parti pour les Belles-Lettres ; & il en alla faire une étude particuliére à Leyde fous le célébre Gronovius, pere du dernier mort. Il fallut enfuite voyager, car les voyages font encore en certains Pays une partie confidérable de la Littérature, mais il n'alla loin; il vint feulement à Paris; & comme il se disposoit à partir pour l'Italie, pas il il apprit qu'on l'avoit nommé à la Chaire de Profeffeur en Hiftoire du Collége de Deventer que fes premiers Maîtres, Grævius & Gronovius avoient fucceffivement remplie. Le nouveau Profeffeur, qui n'avoit qu'environ vingt-cinq ans, se fit d'abord un nom par les Eléves, M. Co qu'il forma, & par les Ouvrages d'Upial. qu'il publia coup fur coup. Il fit imprimer en 1670. trois livres d'Obfervations fur différens Auteurs Grecs & Latins, dont il avoit expliqué des paffages difficiles, ou rétabli le texte. C'est un volume indouze de moyenne groffeur. lumbus M. Peri- En 1676. il donna un in-4°. dont A Utrecht; la premiére partie intitulée Harpocrate, contient toute la Mythologie de cette Divinité Egyptienne, qu'il croyoit être la même que le Soleil; Tome II. G 7 A Deventer. la feconde eft un Recueil de divers Monumens antiques, qui n'avoient pas encore été publiez ; & la troifiéme est une Differtation qui lui avoit été adreffée fur les Mélanéphores, espéce de Prêtres, dont il n'eft guéres parlé que dans quelques Infcriptions, & que l'on juge avoir tiré leur nom des vêtemens noirs qu'ils portoient apparemment dans certaines Cérémonies. Il publia en 1678. un quatriéme livre d'Obfervations, dans le même goût, & de la même forme que les trois précédens; & il le dédia à Guillaume Cuper fon pere, vénérable Vieillard, qui à l'âge de foixante & quinze ans foutenoit encore de pénibles emplois dans fa République, & qui étoit capable de s'en délaffer dans la lecture des Ouvrages de fon fils. dam. En 1683. parut un nouvel in-4°., Amfter de fa façon. C'eft l'explication du fameux monument de l'Apothéofe d'Homére, qui avoit déja exercé les conjectures du P. Kircher, & fur lequel Mrs Fabretti, Spanheim, & quelques autres Sçavans ont encore écrit. Mais aucun ne l'a expliqué dans un fi grand détail que M. Cuper. Il eft même le premier qui a imaginé, ou qui a ofé écrire que deux Rats que l'on voit fur le mar◄ bre au pied du Thrône d'Homé re, défignent moins la Batrachomyomachie attribuée à ce Poëte, que les infectes du Parnaffe, qui fe font tou jours attachez à sa réputation. Dans le cours de l'Ouvrage, il traite du vrai caractére de la Poëfie, & prétend que la fiction en est tellement l'ame, que qui, fans ce fecours, écriroit en vers une Hiftoire |