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AN. 405.

VII.

C. 5.

The 6.

Violences des
Donatiftes.

Sup. l. xxI. n. 53.
Aug. ad Bonif. ep.

185. al. 50. c. 7.

pule de bonnes femmes. Il juftific enfuite la pratique con-
fervée depuis le tems des apôtres, parmi les chrétiens, Ez
même parmi les Juifs, d'envoyer des aumônes à leurs freres
de Paleftine. Enfin il défend la profefion monaftique, en di-
fant qu'il ne faut point craindre que l'églife manque de mi-
niftres, quoiqu'il y ait des folitaires; comme on ne craint
point que le genre humain périffe, quoiqu'il y ait des vier-
ges. Le devoir du moine, dit-il, n'eft pas d'enfeigner, mais
de pleurer pour
foi ou pour le monde, & d'attendre en crain-
te Pavénement du Seigneur. Il fuit les occafions, parce qu'il
fe défie de fa foibleffe, & n'efpére de vaincre que par la
fuite. Tel eft l'écrit de S. Jerome contre Vigilance, dont on
ne voit point que l'héréfie ait cu de fuite, ni qu'on ait eu
befoin d'aucun concile pour la condamner, tant elle étoit
contraire à la tradition de l'église univerfelle.

Les députés du concile de Carthage, tenu le vingt-fixićme de Juin 404, arrivérent à la cour de l'empereur Honorius, pour demander fa protection contre les Donatiftes: mais ils trouvérent qu'il leur avoit déja accordé par avance plus même qu'ils ne demandoient. Car il avoit fait publier une loi, qui condamnoit tous les Donatiftes à des amendes pécuniaires, & leurs évêques & leurs miniftres à l'exil. L'occafion de cette loi fut les violences qu'ils avoient exerAug. 111. cont. cées contre les catholiques. Servus, évêque de Tuburfique

Crefc. c. 43.

poursuivoit la reftitution d'un lieu qu'ils avoient ufurpé; & les procureurs des parties attendoient le jugement du proconful, quand les Donatiftes vinrent tout d'un coup en armes dans fa ville, & à peine put-il fauver fa vie par la fuite: mais ils prirent fon pere qui étoit un prêtre fort âgé & le maltraitérent de telle forte qu'il en mourut peu de jours après. Ils avoient auffi ufurp l'églife d'une terre nommée Calvienne, & Maximien évêque catholique de Bagaïe en avoit obtenu en juftice la reftitution. Ils vinrent l'attaquer dans cette même églife, comme il étoit à l'autel, fous lequel il fe réfugia pour éviter leur fureur: mais ils le brifé rent, car il n'étoit que de bois, & des morceaux de cet autel avec des bâtons & d'autres armes

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ils lui donnérent

tant de coups, que le lieu fut tout rempli de fon fang; la plaie par où il en perdoit le plus, étoit un coup de poiguard qu'il avoit reçu dans l'aîne. Mais comme ils le trainoient fur le ventre demi-nud & demi-mort, la pouffiére s'y

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attacha & arrêta le fang. Ils le laifférent enfin, & les catholiques l'emportérent comme mort, en chantant des pfeaumes mais les Donatiftes revinrent plus furieux, l'enlevérent aux catholiques qu'ils maltraitérent, & les mirent aifément en fuite, étant en plus grand nombre. Ayant ainfi repris Maximien, ils lui donnérent encore plufieurs coups; & croyant l'avoir achevé, ils le précipitérent la nuit du haut d'une tour. Il tomba fur un tas de fumier réduit en pouffiére, où il demeura couché fans connoiffance & prêt à rendre l'ame: un pauvre homme, qui en paffant s'étoit arrêté là pour quelque néceffité naturelle, fut épouvanté de ce corps. Il appella fa femme qui portoit une lampe, &. s'étoit écartée par bienféance. Il reconnut l'évêque, & avec le fecours de fa femme l'emporta à fa maifon, foit par piété, foit par l'efpérance de quelque petit profit, à deffein de le rendre aux catholiques vif ou mort.

Maximien ainfi fauvé fut fi bien panfé, qu'il guérit; & vint en Italie à la cour de l'empereur Honorius, où il trouva Servus de Tuburfique, & quelques autres, qui avoient fouffert de pareilles violences des Donatiftes, & ne voyoient pas de fureté à retourner chez eux. On fut particuliérement touché de l'aventure de Maximien, car on l'avoit cru mort; & les cicatrices dont il étoit tout couvert montroient que ce n'étoit pas fans fondement. La nouvelle de cette cruauté avoit paffé la mer, & tous les efprits en étoient faifis d'horreur & d'indignation contre les Circoncellions & contre tous les

Donatiftes.

L'empereur Honorius fit donc publier un édit donné à Ravenne, lieu ordinaire de fa réfidence, la veille des ides de Février, fous le confulat de Stilicon & d'Anthemius, c'eftà-dire, le douziéme de Février l'an 405. Il eft conçu en ces termes : Que l'on ne parle plus des Manichéens ni des Donatiftes, qui ne ceffent point d'exercer leur fureur, comme nous en fommes informés: Qu'il n'y ait qu'une religion fçavoir la catholique: Que fi quelqu'un ofe pratiquer des cérémonics défendues, il n'évitera pas les peines de tant de conftitutions paffées, ni de la loi que nous avons publiée depuis peu; & fi l'on s'affemble en troupe, l'auteur de la fédition fera puni plus févérement. On appella cet édit l'édit d'union, parce qu'il tendoit à réunir tous les peuples à la religion catholique. Le même jour fut publiée une grande

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AN. 405.

loi adreffée à Adrien préfet du prétoire d'Italie, dont la ju rifdiction s'étendoit en Afrique, portant défenfe de rebaptifer, fous peine de confifcation de tous les biens, & du lieu où ce facrilege auroit été commis, & de vingt livres d'or d'a L.1. C. Th. de relig, mende, contre les juges qui négligeroient l'exécution de cette loi. Peu de tems après, c'est-à-dire le cinquiéme de Mars de la même année, il fut ordonné par un refcrit particulier à Diotime, proconful d'Afrique, de faire publier dans fa province l'édit d'union du douziéme de Février.

Aug. ad Bonif. ep.

n. 25.

Les députés du concile de Carthage, arrivant à la cour de 185. al. 50. c. 7. l'empereur Honorius, trouvérent les chofes en cet état, & Epift. 93. ad Vin- n'eurent plus rien à demander. Ces loix, étant portées en cent. al. 48. c. 5. Afrique, plufieurs Donatiftes fe réunirent, principalement 2. 18. 6. 13.2.13. ceux qui vouloient depuis long-tems être catholiques, & ne cherchoient que l'occafion de fe mettre à couvert de la fureur des plus emportés, ou de l'indignation de leurs parens : d'autres étoient détournés d'entrer dans l'églife par les calomnies qu'ils avoient toujours ouï dire, & qu'ils n'auroient jamais approfondies, s'ils n'y avoient été contraints. Plufieurs n'étoient retenus dans l'erreur, que par la coutume de leurs & n'avoient jamais examiné l'origine de leur héréfie : peres, mais fitôt qu'ils commencérent à y penfer férieufement, n'y trouvant rien qui méritât de fouffrir de fi grandes pertes, ils fe firent catholiques fans aucune difficulté. L'autorité de ceuxci entraîna plufieurs autres, qui n'étoient pas capables d'entendre par eux-mêmes la différence de l'erreur des Donan. 30. tiftes & de la vérité catholique. Ainfi les peuples revenant à grandes troupes dans le fein de l'églife, qui les recevoit avec joie, il ne demeura que les plus endurcis, dont quelques-uns entrérent par diffimulation dans la communion ca& fe convertirent enfuite par l'habitude & les tholique, bonnes inftructions.

Cependant la même année 405, & le dixième des calendes de Septembre, c'eft-à-dire le vingt-troifiéme d'Août Cod. Can. n. 94. il y eut un concile à Carthage, où il fut ordonné : que l'on écriroit aux juges de toutes les provinces d'Afrique , pour tenir la main à l'exécution de l'édit d'union, qui n'avoit encore été exécuté qu'à Carthage; & que deux clercs de l'églife de Carthage feroient envoyés à la cour au nom de toute l'Afrique, avec des lettres des évêques, pour rendre graces à l'empereur de l'extinction des Donatiftes. On lut auffi

dans ce concile des lettres du pape faint Innocent, qui de-
mandoit que les évêques ne paffaffent pas la mer légérement.
Ce qui fut ordonné par le concile fur la fin de la même an-
née 405,
c'est-à-dire, le huitiéme de Décembre. Il y eut
encore un refcrit de l'empereur, adreffé à Diotime proconful
d'Afrique, pour l'exécution des peines portées contre les
Donatiftes; & ce fut apparemment l'effet de la députation
du concile de cette année.

Peu de tems après, faint Auguftin écrivit contre un gram-
mairien Donatifte laïque nommé Crefconius, qui ayant trou-
vé l'écrit de S. Augustin contre le commencement de la lettre
de Petilien, y avoit fait une réplique, adreffée à S. Augustin
même. S. Auguftin lui répondit en trois livres: puis voyant
que le feul argument de leur fchifme entre Maximien &
Primien fuffifoit pour répondre à tout, il en fit un quatriéme
livre. Il commence par juftifier l'éloquence & la dialectique
contre les calomnies de Crefconius, qui prétendoit que les
chrétiens n'en devoient point user. S. Auguftin montre qu'elles
ne font point à craindre à ceux qui défendent la vérité,
& qu'il eft permis de reprendre ceux qui fe trompent, mê-
me de les attaquer, & d'ufer de véhémence, felon
felon que
la
charité le demande. Il confirme tout cela par les exemples
des apôtres & de J. C. même.

Le vieil Arface ne tint que feize mois le fiége à C. P. & mourut âgé de quatre-vingt-un an, l'onziéme de Novembre, fous le confulat de Stilicon & d'Anthemius; c'eft-à-dire, en 405. Sa place demeura quelque tems vacante par l'ambition de ceux qui la briguoient. Enfin l'année fuivante 406, fous le fixiéme confulat d'Arcade avec Anicius Probus, on élut évêque de C. P. le prêtre Atticus, quatre mois après la mort d'Arface, c'est-à-dire vers le dixiéme de Mars. Atticus étoit de Sebafte en Armenie. Il avoit en fa jeuneffe pratiqué la vie monaftique, fous la conduite des difciples d'Euftate de Sebaste, qui étoient de l'héréfie des Macédoniens : mais étant en âge d'homme, il revint à l'églife catholique. Il avoit plus de bon fens naturel que d'étude. Il étoit habile dans la conduite des affaires, foit pour engager une intrigue, foit pour s'en démêler. Il s'acquit beaucoup d'amis par fes maniéres infinuantes; car il étoit d'agréable conversation, & fçavoit s'accommoder à tout le monde. Şes fermons étoient médiocres, enforte que l'on ne se sou

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AN. 405.

Pall. p. 95.

X.

cioit pas de les écrire. Quoiqu'il paffàt pour ignorant, il ne laiffoit pas, quand il avoit le loifir, d'étudier les meilleurs auteurs prophanes, & d'en parler fi à propos qu'il étonnoit les fçavans.

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Atticus avoit été le principal auteur de la conspiration contre S. Jean Chryfoftome. Comme il vit que ni les évêques d'Orient, ni le peuple de C. P. ne vouloit communiquer avec lui, il obtint pour les y contraindre des refcrits de l'empereur. Celui qui étoit contre les évêques, portoit : Si quelqu'un des évêques ne communique pas avec Theophile, Porphyre & Atticus qu'il foit chaffe de l'églife & dépouillé de fes biens. Ceux qui étoient riches & attachés à leurs biens, communiquérent malgré eux avec Atticus: ceux qui étoient pauvres & foibles dans la foi, fe laifférent gagner par préfens. Mais il y en eut qui mépriférent généreufement leurs biens & leur pays & tous les avantages temporels, & s'enfuirent pour éviter la perfécution. Les uns allérent à p.96. Rome, les autres fe retirérent dans les montagnes ou dans les monaftéres. L'édit contre les laïques portoit: Que ceux qui étoient conftitués en dignité, la perdroient, les officiers & les gens de guerre feroient chaffés; le refte du peuple & les artifans feroient condamnés à une groffe amende, & bannis. Nonobftant ces menaces, le peuple fidèle à S. Jean Chryfoftome, plutôt que de communiquer avec Atticus, faifoit fes prires en campagne à découvert, avec beaucoup d'incommodité.

Violences contre

cident.

Sup. n. 3.

Pall. p. 31.
Ep. 26. al. 162.ad.
Anyf.

Cependant les députés du pape & des évêques d'Italie étoient les députés d'Oc en chemin, pour venir à C. P. Ils vouloient aller à Theffalonique, & ils avoient des lettres à rendre à l'évêque Anyfius, qui s'intéreffoit avec zèle pour la bonne caufe avec les autres évêques de Macédoine, comme il paroît par les lettres de S. Chryfoftome. Mais comme ils paffoient le long des côtes de la Grèce, pour aborder à Athènes, ils furent arrêtés par P.32. un tribun militaire, qui les mit entre les mains d'un centurion, les empêcha d'approcher de Theffalonique, & les fit embarquer dans deux vaiffeaux. Un grand vent de midi qui s'éleva, leur fit paffer en trois jours la mer Egée & les détroits de l'Hellefpont, fans manger. Le troifiéme jour, à la douzième heure, c'eft-à-dire au commencement de la nuit, ils arrivérent à la vue de C. P. près la maifon de campagne de Victor: ils y furent arrêtés par les gardes du port,

&

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