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AN. 415.

XXVII.

C. 2.

Chryfoftome rétablie.

Epift. ap. Cyr. to.

5. P. 202. D. Innoc. ep. 10.

Theodor. v. hift.

que parce que c'eft le premier fiége du premier des apôtres : & elle ne céderoit point à Rome, n'étoit qu'elle n'a eu qu'en paffant celui que Rome a poffédé jufques à la fin. Donc comme vous ordonnez les métropolitains par une autorité finguliére, j'eftime que vous ne devez point laiffer ordonner les évêques fans votre permiffion. Vous enverrez vos lettres pour autorifer l'ordination de ceux qui font éloignés ; & pour ceux qui font proches, vous les ferez venir fi vous jugez à propos, pour recevoir l'impofition de vos mains. Les évêques de Chipre, qui, pour éviter la tyrannie des Ariens, se font mis en poffeffion de faire leurs ordinations, fans confulter perfonne, doivent revenir à l'observation des canons, c'est-à-dire, dans la dépendance de l'évêque d'Antioche. L'églife ne fuit pas tous les changemens du gouvernement temporel. Ainfi une province divifée en deux ne doit pas avoir deux métropoles: mais il faut fuivre l'ancien usage. Les clercs des Ariens ou des autres hérétiques, qui reviennent à l'égli fe, ne doivent être admis à aucune fonction du facerdoce ou du ministére eccléfiaftique. Car encore que leur baptême foit valable, il ne leur confére point la grace. C'eft pourquoi leurs laïques ne font reçus qu'avec l'impofition des mains, pour leur donner le S. Efprit. Le pape S. Innocent ordonne à Alexandre d'Antioche de faire part de ces décifions aux autres évêques, en leur faifant lire fa lettre, & s'il fe peut dans un concile.

S. Alexandre d'Antioche étant venu à C. P. parla hardiMémoire de S. ment pour la mémoire de S. Jean Chryfoftome, & excita le peuple à contraindre l'évêque Atticus de mettre fon nom dans les diptyques: mais il n'y réuffit pas. Atticus le refusa long-tems; & le pape S. Innocent lui refufoit auffi la communion, nonobftant les inftances de Maximien évêque de Macédoine, qui avoit été ami de faint Jean Chryfoftome. S. Alexandre ne tint pas long-tems le fiége d'Antioche, & eut pour fucceffeur Théodote, homme d'une vie très-réglée & d'une douceur merveilleufe. Il fe laiffa fléchir pour réunir à l'églife ce qui reftoit d'Apollinaristes, dont toutefois plufieurs confervoient affez ouvertement leurs erreurs. Le peuple l'obligea encore à mettre dans les diptyques le nom de S. Jean Chryfoftome: mais Théodote craignant qu'Atticus de C. P. ne le trouvât mauvais, lui en fit écrire par Acace de Berée; le priant de lui pardonner ce qu'il avoit fait par

c. 38.

néceffité. Acace écrivit auffi à S. Cyrille, que l'évêque d'Antioche avoit été contraint à recevoir le nom de Jean, qu'il avoit du fcrupule, & cherchoit à fe fortifier contre la violence. Le prêtre qui apporta la lettre de Théodote à C. P. répandit dans le peuple le fujet de fon voyage & le contenu de la lettre ce qui penfa caufer un grand trouble. Atticus en fut allarmé, & alla trouver l'empereur pour chercher les moyens d'appaifer le peuple & de procurer la paix. L'empereur répondit que, pour un auffi grand bien que la concorde, il n'y avoit point d'inconvénient d'écrire le nom d'un homme mort. Atticus céda à cette autorité & à l'inclination du peuple, & fit écrire le nom de S. Jean Chryfoftome dans les tables eccléfiaftiques.

AN. 415

Cyrill. ep. ad Attic. to. 5. par. 2.p. 207. C.

Il en écrivit auffi-tôt à S. Cyrille d'Alexandrie, pour juftifier fa conduite & l'exhorter à la fuivre. Il y a des occafions', dit-il, où il faut préférer le bien de la paix à l'exactitude des règles quoique nous ne devions pas accoutumer le peuple à gouverner, comme dans une démocratie. Au refte, je ne crois point avoir péché contre les canons: car on nomme le bienheureux Jean, non feulement avec les évêques défunts, mais avec les laïques & les femmes. Et il y a grande différence entre les morts & les vivans, puifqu'on les écrit même en différens livres. La fépulture honorable de Saül n'a 2. Reg. 11. 5. point fait de tort à David : l'Arien Eudoxe ne nuit point aux apôtres, quoique mis fous le même autel: Paulin & Evagre, auteurs du fchifme d'Antioche, ont été reçus après leur mort dans les facrés diptyques il y a long-tems. Nous avons la réponse de S. Cyrille, où il blâme Atticus d'avoir mis le nom de Jean au rang des évêques, comme d'une entreprise contre les canons. Et il devoit parler ainsi tenant pour légitime le concile qui avoit dépofé Jean. Il y a fi long-tems, dit-il, que vous êtes fur le fiége de C. P. perfonne n'a re- P. 205. fufé de s'affembler avec vous. Qui font donc ceux dont la réunion vous oblige à mettre hors de l'églife l'Egypte, la Libye & la Pentapole? C'étoit les trois provinces qui dépendoient de l'Egypte, & où S. Jean Chryfoftome étoit tenu pour condamné juridiquement. Laiffons donc, concludil, Arface au fecond rang après Nectaire d'heureuse mémoi

Cyr. epift. ad Att. 10. 5. part. 2. P.

204.

re. S. Ifidore de Pelufe écrivit auffi à S. Cyrille avec force Lib. 1. epift. 370. & autorité fur ce fujet : l'exhortant à ne pas fuivre la paffion de fon oncle, & ne pas entretenir dans l'église une divi

AN. 415.
XXVII.

Théodore de
Mopfuefte Pela-

gien.

Mercat. comm.

Theod, Aut.

fion éternelle fous prétexte de piété. S. Cyrille se rendit enfin, & l'églife d'Alexandrie étoit dès l'an 419 en communion avec l'églife Romaine.

Pelage étoit toujours en Orient, & y avoit de puiffans protecteurs entre autres Théodore de Mopfuefte, que quelPhot. cod. 177. ques-uns ont même regardé comme l'auteur de fon héréfie. Théodore pour la foutenir compofa cinq livres, contre ceux qui difoient que les hommes pèchent par nature & non par volonté, c'est-à-dire, contre la créance catholique du péché originel. Il dit que l'auteur de cette héréfie eft venu d'Occident & demeure en Orient. Il le nomme Haram mais il paroît que c'eft S. Jerôme: car outre la doctrine dont il s'agit, il l'accufe d'avoir fabriqué un cinquième évangile difant l'avoir trouvé dans la bibliothèque d'Eufèbe de Palestine; c'eft l'évangile de faint Matthieu, fuivant les Nazaréens, que faint Jerôme cite fouvent, & même dans fes dialogues contre les Pelagiens. Théodore l'accufe encore d'avoir rejetté la verfion des Septante & les autres anciennes, pour en fubftituer une nouvelle, quoiqu'il n'eût appris l'hébreu que tard, & des plus méprifables d'entre les Juifs.

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Il dit que cet homme ayant compofé des difcours de la nouvelle héréfie qu'il avoit inventée, les avoit envoyés au pays de fa naissance, c'est-à-dire en Occident, où il avoit féduit plufieurs perfonnes & des églifes entiéres. Voici les erreurs qu'il lui attribue. Premiérement, que les hommes pèchent par nature: non par celle en laquelle Adam fut créé d'abord, car elle étoit bonne & l'ouvrage de Dieu ; mais par celle qu'il eut en partage après fon péché, qui est mauvaise & mortelle. Qu'ainfi les hommes font devenus mauvais, & ont le péché dans leur nature & non dans leur choix. II. Que les enfans mêmes nouveaux nés ne font pas exempts de péché parce que depuis la chute d'Adam la nature eft foumife au péché, qui s'étend à toute fa race; P. 50.7. dont on apporte pour preuve, dit Théodore : J'ai été conçu en iniquité, & les paffages femblables; le baptême & la communion du corps de N. S. pour la rémiffion des péchés, puifqu'on les donne même aux enfans. III. Qu'il n'y a aucun jufte entre les hommes. IV. Que Jefus-Chrift même notre Dieu n'a pas été pur de péché, puifqu'il a pris la nazure qui en étoit infectée : quoique d'ailleurs ils difent que

AN. 416.

XXIX.

Ap. Aug. ep. 1721 al. 30.

Ep. 180. al. 260. n. 5. Ep. 175. al. 98.

l'incarnation ne s'eft pas faite réellement, mais feulement en apparence. V. Que le mariage & tout ce qui fert à la propagation du genre humain, font les ceuvres de la mauvaise nature où Adam eft tombé par fon péché. Voilà les erreurs que Théodore de Mopfuefte attribuoit aux nouveaux hérétiques d'Occident: mais elles ne font en effet que la doctrine de l'églife catholique, felon que les Pelagiens la défiguroient pour la rendre odieufe. Orofe revint de Palestine vers le printems de l'année 416, Ecrits de Pelage, apportant des reliques de S. Etienne. Il étoit auffi chargé de la réponse de S. Jerôme à S. Auguftin, fur les questions de l'origine des ames & de l'égalité des péchés. S. Jerôme témoigne beaucoup d'eftime & d'affection pour S. Augustin; mais il s'excufe de répondre pour lors à fes queftions, à caufe de la difficulté des tems, & de peur que, s'ils n'étoient pas de même avis, les hérétiques n'en priffent occafion de les calomnier. Il y a apparence qu'avec cette lettre Orofe apporta les dialogues de S. Jerôme, puifque S. Auguftin les cite, écrivant à Oceanus peu de tems après. Il apporta encore des lettres d'Heros & de Lazare contre Pelage & Celeftius. Elles témoignoient que Pelage étoit à Jérufalem, & y trompoit encore quelques perfonnes: quoique ceux qui pénétroient mieux fes fentimens lui réfiftaffent fortement, & fur-tout S. Jérôme. En effet, Pelage étoit devenu plus fier après le concile de Diofpolis; & il fit beaucoup valoir l'abfolution qu'il y avoit reçue. Il n'ofa toutefois en montrer les actes, parce qu'on y auroit vu qu'il avoit été obligé de défavouer fes erreurs au contraire il retarda autant qu'il put la publication de ces actes, & fe contenta de répandre par-tout une lettre à un prêtre de fes amis, où il difoit que quatorze évêques, c'eft-à-dire le concile de Diofpolis, avoient approuvé ce qu'il foutenoit: Que l'homme peut être fans péché, & garder facilement les commandemens de Dieu, s'il veut. Mais il ne difoit pas que dans le concile il avoit ajouté: Avec la grace de Dieu ; & il ajouta dans fa lettre le mot de facilement, qu'il n'avoit ofé dire dans le concile: au contraire il avoit dit qu'il falloit travailler & combattre.

Il écrivit même une petite apologie, où il fe défendoit par l'autorité de ce concile, difant qu'il y avoit répondu aux objections des évêques Gaulois, & avoit été pleinement justifié; & il envoya cette apologie à faint Auguftin par un diacre

init.

Ep. 176.7. 4.

Innoc. ep. 183. ap.
Aug. al. 96. n. 3.
DeGest. Pel. c.30.

De Geft.
Ep. 197. n. 7. al.

252.

AN. 416.
6. 32. de Geft,

Ep. 186. al. 106.

c. 19. n. 34.

De pecc. Orig. c.14.

Aug. de grat.Chr.

C. 4.

XXX.

Concile de Carthage & de Mi

leve.

Aug. ep. 175. n. I.

Sup. n. 2.

Ep. 177. n. 3.

Ep. 175. n. 2.

nommé Carus. S. Auguftin fe douta bien de la vérité, & que Pelage n'avoit été abfous qu'en fe montrant catholique: mais n'ayant point alors de quoi l'en convaincre, il n'écrivit point fur ce fujet. Pelage compofa dans ce même tems fes quatre livres du libre arbitre contre faint Jerôme, où il se vantoit de ce concile. Dans le troifiéme livre il expliquoit tout le fond de fon dogme, en diftinguant le pouvoir, le vouloir & l'être, c'eft-à-dire l'action; & par-là on voyoit ce que vouloit dire Pelage toutes les fois qu'il parloit de la grace ou du fecours de Dieu.

Orofe présenta les lettres d'Heros & de Lazare au concile que tenoient à Carthage, felon la coutume, les évêques de la province proconfulaire en 416, au nombre de foixante & huit: les principaux étoient Aurelius de Carthage qui y préfidoit, Vincent de Clufe, Theafius de Membrese. Les lettres d'Heros & de Lazare ayant été lues dans ce concile on y lut auffi les actes du concile de Carthage, où Celeftius avoit été condamné environ cinq ans auparavant. Après cette lecture, les évêques furent d'avis que les auteurs de cette erreur, c'est-à-dire Pelage & Celestius, devoient être anathématifés, s'ils n'anathématifoient très-clairement leurs erreurs; afin que la fentence prononcée contre eux étant connue, fît du meins revenir ceux qu'ils avoient trompés ou qu'ils pourroient tromper à l'avenir, fi elle ne les pouvoit ramener eux-mêmes; car tout étoit plein de gens qui, à force de parler & de difputer, entraînoient les foibles & fatiguoient les plus fermes dans la foi.

Le concile jugea auffi à propos de donner part de fon jugement au pape S. Innocent: afin d'y joindre l'autorité dù Ep.177.2.2. fiége apoftolique. D'autant plus que les évêques d'Afrique avoient oui dire que Pelage avoit des partifans à Rome, où il avoit vécu long-tems; les uns étoient perfuadés de fa doctrine, & la plupart ne croyoient pas qu'elle fût telle que l'on difoit principalement à caufe du concile de Diofpolis, où l'on prétendoit qu'il avoit été abfous. Les évêques du concile de Carthage écrivirent donc au pape une lettre fynodale, à laquelle ils joignirent les lettres d'Heros & de Lazare, & les actes de ce dernier concile qui contenoient celui de 412. Dans ces lettres, ils marquent les principales erreurs . 6. de Pelage, qu'ils réfutent fommairement par les autorités de l'écriture, & concluent ainfi : Encore que Pelage & Celeftius

défavouent

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