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AN. 418.

c. 33.

c. 7. in fin.

LV.

Céfarée de Mau

ritanie.
Ep. 195. init.

Retraft. 11. c. 51.
Baudr. de Geft.

Poffid. c. 14.

cum Emer.

Sup, liv. x111. n.

28.

la loi, & que la grace n'eût été néceffaire que depuis l'avène. ment de J. C.

Enfin S. Auguftin réfute cette objection des Pelagiens contre le péché originel : qu'il s'enfuivroit que le mariage feroit mauvais, & que l'homme qui en eft le fruit ne feroit pas l'ouvrage de Dieu. Il montre que le mariage est bon en foi, & que ce qu'il enferme de honteux, quoique légitime, n'eft que l'effet de la concupifcence, qui eft furvenue depuis le péché du premier homme. Mais il traita depuis plus à fond cette matiére. Avec ces deux livres S. Auguftin envoya à Pinien tous les actes de la condamnation de Pelage & de Celeftius en Afrique & à Rome.

Quelque tems après S. Auguftin fut obligé d'aller en S. Auguftin à Mauritanie, pour quelques affaires eccléfiaftiques dont le pape Zofime l'avoit chargé avec quelques autres évêques. Comme ils étoient à Cefarée, capitale de la province aujourd'hui Tenez dans le royaume d'Alger, ils apprirent qu'Emerit, évêque Donatifte de la ville, y venoit d'arriver. C'étoit un des principaux du parti, qui avoit le plus parlé dans la conférence, où il étoit un de leurs commiffaires. Les évêques catholiques allérent auffi-tôt le chercher ; & l'ayant rencontré, ils fe faluérent réciproquement. S. Auguf tin lui dit: Il n'eft pas honnête que vous demeuriez dans la rue; venez à l'églife. Emerit y confentit fans peine; ce qui fit croire aux évêques catholiques qu'il ne refuferoit pas leur communion: mais ils furent trompés dans leur espérance. S. Serm. ad Cæfar. Auguftin commença à parler au peuple, & fit un fermon que nous avons, fur la charité, la paix & l'unité de l'églife; où il réitére les offres faites par les catholiques dans la conférence, de recevoir les évêques Donatiftes en qualité d'évêques, & il le promet de la part de Deuterius, évêque catholique de Cefarée.

to. 9. p. 617.

Sup. xx11. n. 29.

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Deux jours après les évêques catholiques prefférent encore Emerit d'entrer dans leur communion ; & afin que la preuve en demeurât, on fit dreffer des actes de cette Preuve en demeurât, conférence, qui commencent ainfi : Sous le douzième confulat d'Honorius & le huitiéme de Théodose, le douzième des calendes d'Octobre, c'est-à-dire le vingtiéme de Septembre 418, à Céfarée, dans la grande églife. Deuterius, évêque métropolitain de Cefarée, avec Alypius de Tagafte, Auguftin d'Hippone, Poffidius de Calame, Ruftique de Car

tene, Pallade de Sigabite, & les autres évêques, étant venus dans une falle en préfence des prêtres, des diacres, de tout le clergé & d'un très-grand peuple, en préfence auffi d'Emerit évêque du parti de Donat; Auguftin, évêque de l'églife catholique, a dit: Mes chers freres, vous qui avez toujours été catholiques; & vous qui êtes revenus de l'erreur des Donatiftes, ou qui doutez encore de la vérité: écoutez-nous, nous qui cherchons votre falut par une charité pure. Il raconte enfuite ce qui s'étoit paffé deux jours auparavant, & ajoute:

par

AN. 418.

Puifque Emerit eft présent, il faut que fa préfence foit utile à l'églife: ou par fa converfion, comme nous fouhaitons : ou du moins pour le falut des autres. Je fçais ce qu'on vous a dit, je le à vous qui avez été du parti : on vous a dit que dans la confé- Sup.l.xx11 n. 40. rence nous avons acheté la sentence du commiffaire, qu'il étoit de notre communion, & qu'il n'avoit pas permis aux vôtres de dire tout ce qu'ils vouloient. Puis adreffant la parole à Emerit, il dit: Vous avez affifté à la conférence. Si vous y avez perdu votre caufe, pourquoi êtes-vous venu ici? fi vous ne croyez pas l'avoir perdue, dites-nous par où vous croyez la devoir gagner. Si vous croyez n'avoir été vaincu que par la puisfance, il n'y en a point ici:fi vous fentez que vous avez été vaincu par la vérité, pourquoi rejettez-vous encore l'unité? Emerit répondit: Les actes montrent fi j'ai perdu ou gagné, fi j'ai été vaincu par la vérité ou opprimé par la puiffance. S. Auguftin dit: Pourquoi donc êtes-vous venu? Emerit répondit: Pour dire ce que vous me demandez. S. Auguftin dit: Je demande pourquoi vous êtes venu? Si vous n'étiez pas venu, je ne le demanderois pas. Emerit dit au notaire, qui écrivoit en notes, & qui l'avertiffoit de répondre : Faites ; & ne parla plus.

S. Auguftin, après l'avoir encore invité à parler, & avoir attendu long-tems fans pouvoir en tirer une parole, s'adreffa au peuple & fit remarquer fon filence. Il recommanda à l'évêque Deuterius de faire lire tous les ans dans l'église les actes de la conférence tout au long pendant le carême, comme on faifoit à Carthage, à Tagafte, à Constantine, à Hippone, & dans toutes les églifes les mieux réglées. Enfuite S. Alypius lut la lettre que les évêques catholiques avoient adreffée au tribun Marcellin avant la conférence; & faint Auguftin infia principalement fur l'offre quils avoient faite,

Sup. l. xx11. n. 40.

Sup. l. xx11.n.29.

AN. 418.

de céder leurs chaires aux évêques Donatiftes en faveur de l'union. Puis il expliqua ce qui s'étoit paffé entre les Donatiftes, à l'occafion du fchifme de Maximien : interpellant Emerit de le démentir, s'il avançoit quelque chofe contre la vérité. Car Emerit étoit un des chefs des Primianiftes, & c'étoit lui qui avoit dicté la fentence du concile de Bagaïe conSup. xix. n. 54. tre Maximien. Mais quoi que pût dire S. Auguftin, Emerit demeura toujours opiniâtre dans fon filence, lui qui s'étoit montré fi grand parleur à la conférence de Carthage. Ses parens & fes concitoyens, car il étoit natif de Céfarée, le preffoient auffi de répondre ; & lui promettoient, s'il pouvoit réfuter ce qu'avançoient les catholiques, de retourner à fa communion, même au hafard de perdre leurs biens & leur état temporel mais il demeura toujours muet.

Poffid. c. 14.

IV. Doft.Chr. c.24.

LVI.

Lettres de S. Augustin à Optat & à Mercator.

Aug. ep. 190. al.

157.

Saint Augustin étant à Céfarée de Mauritanie, abolit une mauvaise coutume, établie de tems immémorial. C'étoit un combat, qui fe faifoit tous les ans en un certain tems, pendant plufieurs jours de fuite, nommé en latin Caterva, c'està-dire la Troupe. Tous les citoyens & les plus proches parens, jufques aux peres & aux enfans fe partageoient en deux, & fe battoient jufques à fe tuer quand ils pouvoient. S. Auguftin prêcha contre cet abus avec toute la force de fon éloquence. Le peuple lui fit d'abord des acclamations; mais il ne les regardoit que comme des marques du plaifir que leur donnoit fon difcours; & il ne crut avoir rien fait que quand il les eut touchés jufques aux larmes. Alors il finit, en les excitant tous à rendre graces à Dieu. Il racontoit lui-même ce fuccès plus de huit ans après, & témoi gnoit que ce défordre n'avoit point recommencé.

Tandis qu'il étoit à Céfarée, un moine nommé René, & un évêque nommé Mureffe, lui frrent voir des lettres de l'évêque Optat fur la queftion de l'origine des ames, & le priérent d'en dire fon fentiment. Il en écrivit donc à Optat: & d'abord il lui déclare qu'il n'a jamais ofé décider cette question, tant elle lui paroît difficile; mais que quelque parti que l'on prenne, il faut fur toutes chofes conferver la foi du péché originel contre les Pelagiens, dont l'erreur étoit déja condamnée par tout le monde : il envoie à Optat la lettre que le pape Zofime venoit de publier fur ce fujet. Etant Ep. 193. de retour à Hippone, il répondit à un laïque nommé Mercator, qui lui avoit écrit dès le tems qu'il étoit à Carthage

AN. 418.

Ep. 104. al. 105.

LVII.

Lettre à Sixte.

fur les erreurs des Pelagiens, contre lefquels Mercator étoit fort zèlé, & avoit même compofé un livre qu'il envoyoit à S. Auguftin pour l'examiner. Dans cette lettre S. Auguftin parle ainfi à l'occafion d'une queftion curieufe: Pour moi je 7.13. vous l'avoue, j'aime mieux apprendre qu'enseigner. Car la douceur de la vérité nous invite à apprendre, & la charité doit nous contraindre d'enseigner: mais nous ne devons enfeigner que quand la charité nous y contraint. Il envoya cette Ep. 191. al. 104. lettre à Mercator par Albin acolyte de l'églife Romaine qu'il chargea auffi d'une petite lettre au prêtre Sixte, pour le féliciter de la force avec laquelle il s'étoit déclaré contre les Pelagiens; & quelque tems après, il lui en écrivit une plus ample par le prêtre Firmus, qui lui avoit apporté une lettre de Sixte, & qui retournoit d'Afrique à Rome. Dans cette lettre S. Auguftin exhorte S. Sixte à s'appliquer à l'inftruction de ceux qu'il avoit affez épouvantés, & pour le fortifier contre eux, il répond à leurs objections. Ils croient, dit-il, qu'on leur ôte le libre arbitre, s'ils conviennent que, fans le fecours de Dieu, l'homme n'a pas même la volonté, & ils ne comprennent pas que, loin d'affermir le libre arbitre, ils le mettent en l'air, ne l'appuyant pas fur le Seigneur qui eft la pierre folide. Ils s'imaginent reconnoître en Dieu acception de perfonnes, s'ils croient que, fans aucun mérite précédent, il fait miféricorde à qui il veut; & ils ne confidérent pas que celui qui eft condamné reçoit la peine qui lui eft due, & celui qui eft délivré reçoit la grace qui ne lui eft pas due enforte que l'un n'a point de fujet de fe plaindre, ni l'autre de fe glorifier. C'est plutôt - là le cas où il n'y a point d'acception de personnes, quand tous font enveloppés dans la même maffe de

condamnation.

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n.3.

n. 4.

́n.

Mais, difent-ils, il eft injufte dans une même mauvaife 5 caufe de délivrer l'un & de punir l'autre. Il eft donc juste, répond S. Auguftin, de punir l'un & l'autre : nous devons donc rendre graces au Sauveur, de ne nous avoir pas traités comme nos femblables. Car fi tous les hommes étoient délivrés on ne verroit pas ce que la justice doit au péché: fi perfonne ne l'étoit, on ne connoîtroit pas le bienfait de la grace, dont il ne faut chercher la caufe, ni dans la diftinction du mérite, ni dans la néceffité du deftin, ni dans le caprice de la fortune; mais dans la profondeur des tréfors de

AN. 418.
Rom. 11. 33.

n. 6.

Rom. 111. 24

1.7.

7. 8.

R. 9. 12. 13.

n. 10.

n 14.

la fageffe de Dieu, que l'apôtre admire fans les ouvrir. Et enfuite: Les juftes n'ont-ils donc aucun mérite? Ils en ont fans doute, puifqu'ils font juftes; mais ils n'en ont point eu pour devenir juftes: & comme dit l'apôtre, ils ont été justifiés gratuitement par la grace.

Pelage avoit femblé condamner cette erreur dans le concile de Palestine, en reconnoiffant que la grace n'eft point donnée felon nos mérites: mais fes difciples répondoient que cette grace étoit la nature humaine, dans laquelle nous avons été créés fans l'avoir mérité. S. Auguftin répond: Dieu garde tous chrétiens de cette illufion. La grace que l'apôtre recommande, n'eft point celle par laquelle nous avons été créés pour être hommes; mais celle par laquelle nous avons été juftifiés étant de méchans hommes. Il n'eft pas mort pour la création de ceux qui n'étoient point, mais pour la justification de ceux qui étoient impies.

Cette grace n'eft pas même la rémiffion des péchés: car on l'obtient par la foi; & la foi, qui eft la fource de la prière & de toute juftice, eft auffi donnée. De fçavoir maintenant pourquoi, de deux perfonnes qui entendent la même doctrine ou qui voient le même miracle, l'un croit & l'autre ne croit pas; c'est la profondeur de la fageffe de Dieu, dont les jugemens font impénétrables, & ne font pas moins justes pour être cachés. Il fait miféricorde à qui il veut, & il endurcit qui il veut : mais il n'endurcit pas en donnant la malice; c'est feulement en ne faisant pas miféricorde. Et enfuite: 7. 18. L'efprit fouffle où il veut ; mais il faut avouer qu'il aide différemment, & ceux où il habite, & ceux où il n'habite ́pas encore : il aide ces derniers, afin qu'ils foient fidèles; il aide les premiers, comme étant déja fidèles. Et encore Quand Dieu couronne nos mérites, il ne couronne que fes dons. C'est pourquoi S. Paul dit: La mort eft le falaire du péché, la vie éternelle eft une grace de Dieu. Il femble qu'il dût dire: La vie éternelle eft le falaire de la juftice, comme elle l'eft en effet, mais de peur que l'homme ne s'enfle de fon mérite, il a mieux aimé rapporter la vie éternelle à la vient notre juftice.

n.19.

7. 20, 21.

77. 22.

grace, d'où

Mais, dit le Pelagien, les hommes s'excuferont, en difant: Quel tort avons-nous de vivre mal, puifque nous n'avons pas reçu la grace pour bien vivre? S. Auguftin répond: Ceux qui vivent mal, ne peuvent dire véritablement qu'ils n'ont point

de

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