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dofe étoit foible, gouverné & facile à prévenir. Théodoret lui-même en rapporte un fait, qui montre un vain fcrupule plutôt qu'une religion folide. Un moine trop hardi lui demanda quelque grace; & ayant été plufieurs fois refusé, il excommunia l'empereur, & fe retira. L'empereur étant retourné au palais, quand l'heure du repas fut venue & la compagnie affemblée, dit qu'il ne mangeroit point qu'il ne fût abfous de cette excommunication; & envoya à l'évêque le prier d'ordonner à ce moine de l'abfoudre. L'évêque lui manda, qu'il ne falloit pas s'arrêter à l'excommunication du premier venu, & qu'il le déclaroit abfous de celle-ci : mais l'empereur ne fut point content, jufques à ce que l'on eût cherché le moine avec bien de la peine, & qu'il ne l'eût rétabli dans fa communion.

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Théodofe avoit vingt ans, quand il époufa Athenaïs, fille d'un philofope Athenien, nommé Leonce ou Heraclide. Il la choifit par le confeil de fa foeur Pulcherie, à caufe de fa beauté & de fon fçavoir: car fon pere l'avoit très-bien élevée; mais il l'avoit déshéritée, & elle étoit venue à C. P. pour faire caffer le teftament, & fe plaindre de fes deux freres qui le foutenoient. Elle étoit païenne; mais avant que l'empereur l'époufât, elle fut baptifée par l'évêque Atticus, qui lui changea fon nom prophane en celui d'Eudoxia: car Áthenaïs venoit d'Athena, qui en grec fignifie Minerve. L'empereur Théodofe l'époufa au mois Défius, le feptiéme des ides de Juin, fous le confulat d'Euftathe & d'Agricola ; c'està-dire, le feptiéme de Juin 421. Il la fit déclarer Auguste deux ans après, le fecond de Janvier 423. Loin d'avoir du reffentiment contre fes freres, elle leur procura de grandes dignités, comme ayant été l'occafion de fon élévation.

AN. 421.

Chron. Pafch. an. 420. &c.

Socr. VII. c. 21.

Marc. Chr.

XXXI.

Jurifdiction 'du

L'empereur Théodofe, peu de tems après fon mariage fit une conftitution contre l'autorité du pape en Illyrie, à cette occafion: Périgène, né & baptifé à Corinthe, ayant pape fur l'Illyrie. paffé par tous les dégrés du clergé, fut ordonné prêtre, & vécut long-tems en cet état avec une grande intégrité. Le fiége de Patras ayant vaqué, l'évêque de Corinthe en ordonna Périgène évêque: mais le peuple ne voulut point le recevoir, & il revint à Corinthe. L'évêque de Corinthe étant mort quelque tems après, les Corinthiens le demandérent pour évêque, par une requête qu'ils envoyérent au pape Boniface. Le pape ne voulut rien décider fur cette affaire, qu'il n'eût reçu les

AN. 421.

V. Thoma. difcipl. part. . liv.

I. c. 9 n. 6.

Sup. liv. XVIII. n.

22.

Colle&t. Holftem. conc. Rom. 1 II. to. 4. conc. p. 1702.

P. 1703. Epift. ad. epifc.

Maced. &c. P. 1707. C.

Soer. VII. c. 36.

L. 45. C. Th. de epif. 1.6.

C. Juft, de facr. ecclej.

To. 4. conc. p. 170.4.

lettres de Rufus, évêque de Theffalonique, qui exerçoit l'au-
torité du faint fiége fur l'Achaïe & la Macédoine. Car
toute l'Illyrie avoit été d'abord de l'empire d'Occident : &
la divifion en Illyrie Orientale & Occidentale, faite fous:
Arcade, n'avoit rien changé au gouvernement eccléfiaftique.
Le pape avoit toujours autorité fur l'Illyrie entiére, & il
en donnoit l'exercice à l'évêque de Theffalonique, comme
il paroît par les lettres de Damase, de Sirice & d'Innocent.
Le Boniface écrivit donc à Rufus, lui envoyant la re-
pape
quête des Corinthiens, & témoignant approuver l'élection
de Périgène. Rufus ayant notifié la lettre du pape, plufieurs
évêques y confentirent, quelques-uns y réfiftérent mais le
pape ne voulut rien décider qu'il n'eût reçu l'avis de Rufus,
& n'écrivit pas même à Périgène. Sa feconde lettre à Rufus
eft du dix-neuviéme Septembre 419. Enfin le pape ayant
reçu la réponse de Rufus, conforme à fes intentions, il con-
firma l'élection; & par fon ordre Périgène fut mis dans
le fiége métropolitain de Corinthe, qu'il conferva toute
fa vie.

:

Les évêques qui avoient réfifté à cette élection, & qui fouffroient avec peine l'autorité du pape, en quelque partie que ce fût de l'empire d'Orient, obtinrent de l'empereur Théodofe une conftitution du quatorziéme de Juillet 421: par laquelle, fous prétexte d'obferver les anciens canons, il ordonne que s'il arrive quelque difficulté dans l'Illyrie, elle feroit réservée à l'affemblée des évêques, non fans la participation de l'évêque de C. P. qui jouit de la prérogative de l'ancienne Rome. Ainfi l'empereur prétendoit transférer à l'évêque de C. P. l'infpection fur les évêques d'Illyrie, dont l'évêque de Theffalonique étoit en poffeffion, comme délégué du faint fiége.

Le pape Boniface averti de cette nouveauté, & que l'évêque de C. P. avoit indiqué un concile à Corinthe pour examiner l'ordination de Périgène, écrivit trois lettres : la premiére à Rufus de Theffalonique, à qui il mande de ne pas céder à ceux qui veulent innover & s'attribuer une dignité qui ne leur eft pas due; marquant l'évêque de C. P. Il mande à Rufus en particulier de prendre connoiffance de l'affaire de Perebius évêque de Pharfale, qui avoit eu recours au faint fiége. La feconde lettre eft adreffée aux évêques de Theffalie, pour les exhorter à reconnoître toujours

Rufus pour leur chef. Dans cette lettre, il excommunie Paufien, Cyriaque & Calliope, permettant toutefois à Rufus d'intercéder pour eux: mais il dépofe abfolument de l'épifcopat Maxime mal ordonné.

AN. 421.

La troifiéme lettre eft aux évêques de Macédoine,'d'Achaïe, p.1706. de Theffalie, d'Epire, de Prevale & de Dacie; c'eft-à-dire V. Baudr. au concile qui devoit s'affembler à Corinthe pour la caufe de Périgène, quoique décidée par le faint fiége. Le pape fe plaint fortement de cette entreprise, & demande quel évêque a pu ordonner après cela de s'affembler? Si vous lifez les canons, dit-il, vous verrez quel eft le fecond fiége après l'églife Romaine, quel eft le troifiéme : ces grandes églifes d'Alexandrie & d'Antioche gardent leur dignité par les canons, dont elles font bien inftruites. Elles ont eu

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recours

à l'église Romaine dans les grandes affaires, comme d'Athanase & de Flavien d'Antioche. C'eft pourquoi je vous défends de vous affembler, pour remettre en queftion l'ordination de Périgène. Mais fi, depuis qu'il a été établi évêque par notre autorité, on prétend qu'il ait commis quelque faute, notre frere Rufus en prendra connoiffance avec les autres qu'il choifira, & nous en fera le rapport. Il leur recommande encore d'obéir en tout à Rufus ; & menace ceux qui voudront foutenir cette entreprise, d'être féparés de la communion du faint fiége. Ces trois lettres font de même date, du cinquième des ides de Mars, fous le treiziéme consulat d'Honorius & le dixiéme de Théodofe, c'est-à-dire de l'onziéme de Mars 422. Elles furent envoyées par Sevére, notaire du faint fiége.

P. 1710:

Le pape Boniface envoya envoya auffi fa députation à l'empereur Honorius, pour le prier de foutenir les anciens priviléges de 7.1709 l'églife Romaine. Honorius en écrivit à Théodose, qui y fatisfit; & fa réponse à Honorius porte: Que fans avoir égard à ce que les évêques d'Illyrie ont obtenu par furprife, les anciens priviléges de l'églife Romaine feront obfervés felon les canons; & qu'il a chargé les préfets du prétoire de les faire exécuter. Cette conftitution de Théodofe s'eft conservée dans les archives de l'églife Romaine, mais non pas dans les codes compilés depuis par ordre de Théodofe, & même de Juftinien au contraire on y a mis la conftitution que celleci avoit révoquée, comme avantageufe à la ville de C. P. où ces compilations ont été faites. On voit au refte, par

AN. 422.

'Bonif. ep. 3. To. 2. conc p. 1585.

XXXII. Mort de Boniface. Celestin pape.

Aug. n. 209.

Socr. VII c. II.

Profp.Chr. an 420.
Marcell.eod.
Sup. n. 7.
Lib. Pont.

toute cette conduite de Boniface, avec quelle vigueur les papes réfistoient dès-lors aux entreprises des évêques de C. P. dont ils prévoyoient les conféquences. Mais Boniface s'oppofant à celle-ci, n'attaque directement que les évêques d'Illyrie, fans nommer celui de C. P. ni fe plaindre de l'empereur d'Orient.

Le pape Boniface réprima cette même année dans les Gaules une entreprise de Patrocle d'Arles, qui avoit ordonné à Lodève hors de fa province un évêque, qui n'étoit demandé ni par le clergé, ni par le peuple de la ville. Ils s'en plaignirent au pape, qui écrivit à Hilaire évêque de Narbonne, métropole de la province, & lui envoya la requête du clergé & du peuple de Lodève; lui ordonnant d'aller fur les lieux, & d'y ordonner un évêque fuivant leur defir, tant par fon droit de métropolitain, que par l'autorité du faint fiége. Tout cela en exécution du fixiéme canon de Nicée, qui conferve les droits des métropolitains en chaque province. La lettre eft datée du neuviéme Février

422.

Le pape Boniface mourut peu de tems après la même année 422, après avoir tenu le faint fiége trois ans & huit V.praf. in epift. mois. Il défendit qu'aucune femme ou religieufe ne touchât ou ne lavât la palle facrée, ou nape d'autel, mais feulement les miniftres de l'églife; ni que l'on ordonnât Iclercs des efclaves, ou des gens attachés aux charges des villes, ou autrement engagés. Il fit une ordination à Rome au mois de Décembre, & ordonna treize prêtres, trois diacres & trentefix évêques pour divers lieux. Il bâtit un oratoire au cimetiére de fainte Félicité, & orna fon fépulcre & celui de faint Silvain, où il mit une patène du poids de vingt livres, un vafe de treize livres, deux petits calices de quatre, livres, trois couronnes ou cercles à porter des lampes de quinze livres : ce font quatre-vingt-quatre marcs d'argent, car ces livres font de douze onces. Il fut enterré au même lieu près le corps. de fainte Félicité le huitiéme des calendes de Novembre, c'est-à-dire le vingt-cinquième d'Octobre, & le faint fiége Ap. Baron, to. Vaqua neuf jours. Un ancien épitaphe marque que le pape Boniface mourut vieux: qu'il avoit fervi le faint fiége dès fes premiéres années; qu'il éteignit le fchifme par fa douceur & fa clémence, & qu'il foulagea Rome dans une année de ftérilité. Quelques clercs & quelques prêtres voulurent rap

5.P. 9.

AN. 422.

Profp. Chr. an 423.

Marcell.Chr. an. init.

423.

Aug. ep. 209.

XXXIII. Mort d'Honorius. Valentinien troi

fiéme empereur.

Socr. VII. c. 22.

Olymp. ap. Phot. p. 196. Profp. an. 424.

peller Eulalius, qui lui avoit difputé le pontificat; mais il ne voulut point revenir à Rome, & demeura dans le lieu de fa retraite en Campanie, où il mourut au bout d'un an. Neuf jours après la mort de Boniface, c'est-à-dire le troifiéme de Novembre; on élut fans conteftation Celestin, Romain de naiffance, fils de Prifcus, qui tint le faint fiége neuf ans & dix mois. On le compte pour le quarante & uniéme pape. L'empereur Honorius mourut d'hydropifie l'année suivante 423, fous le confulat de Marinien & d'Afclepiodote, le dixhuitiéme des calendes de Septembre, c'est-à-dire le quinziéme d'Août : il régna vingt-huit ans depuis la mort de Théodose fon pere, & en vécut trente-neuf. Il avoit chaffé l'année précédente fa fœur Placidie de Ravenne où il tenoit fa cour, Philol. 1x. c. 13. & elle s'étoit réfugiée à C. P. avec fes enfans. Avant que la nouvelle de la mort d'Honorius y fût arrivée, Jean primicier des Notaires, ou premier fecrétaire, fe fit reconnoître à Ravenne, & y régna un an & demi, foutenu par Caftin maître de la milice. Il voulut auffi fe faire reconnoître en Afrique mais le comte Boniface lui résista, soutenant fidellement le parti de la princeffe Placidie & de fes enfans. L'empereur Théodofe les foutint auffi, & déclara Céfar le jeune Valentinien fils de Placidie & de Conftantius. Théodofe envoya des troupes en Italie : Jean fut défait & tué en Juillet 425; & Valentinien III, qui n'avoit pas encore fept ans, fut reconnu empereur d'Occident le dixiéme des calendes de Novembre, fous fon premier confulat & l'onziéme de Théodose, c'est-à-dire le vingt-troifiéme d'Octobre de la même année 415.

le

tyran,

L. 46. C. Th. de

hæret.

e epifc.

Dès cette année, on publia fous fon nom plufieurs loix en faveur de l'églife. La premiére eft du fixiéme de Juillet, epifc.l. 63. ib. de adreffée à Grégoire proconful d'Afrique, qui confirme les priviléges de l'églife, & les peines établies contre les hérétiques. La feconde adreffée à Baffus, pour rétablir les privilé- Z47. de toutes les églifes, que ges c'est-à-dire Jean, avoit ôtés: particuliérement le droit des clercs, de n'être point poursuivis devant les juges féculiers, & d'être jugés par les évêques. La même loi ordonne que tous les hérétiques & les fchifmatiques feront bannis hors des villes. Une autre loi du Th dix-feptiéme de Juillet de la même année, ordonne la même chose pour Rome en particulier, contre ceux qui fe féparent de la communion du pape & en détournent le peu

L. 64. de hæret, C.

L. 62. cod.

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